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GM&S : la justice se prononce lundi sur l'unique offre de reprise

Après huit mois d'incertitudes et de tensions, les salariés de GM&S vont enfin savoir. Le tribunal de commerce de Poitiers se prononce ce lundi sur l'unique offre de reprise de l'équipementier automobile creusois, placé en liquidation judiciaire depuis le 30 juin. L'offre de GMD - «numéro un» français de l'emboutissage - ne prévoit le maintien que de 120 salariés sur 277. Concrètement, deux solutions s'offrent au tribunal: soit il valide l'offre de reprise partielle à partir du 1er septembre faite par GMD, soit c'est la liquidation définitive.

Le 24 juillet, la justice commerciale avait accordé un sursis supplémentaire d'une semaine à GM&S, deuxième employeur privé de la Creuse. L'unique repreneur GMD avait demandé au tribunal un «court délai» pour s'assurer que l'ultime «condition suspensive» à sa reprise serait bien levée, à savoir «l'adhésion des salariés» à son projet. Après une rencontre avec les salariés le 27 juillet, sur le site de La Souterraine, le PDG de GMD - Alain Martineau - s'était dit prêt «a priori» à lever cette dernière condition.

Les autres exigences du repreneur, après des semaines de négociations périlleuses sous la supervision de Bercy, avaient finalement trouvé réponse: des garanties de commandes de PSA et Renault - les principaux clients de GM&S - à hauteur de 22 millions annuels sur cinq ans, 15 millions d'investissements partagés entre l'État et les deux constructeurs automobiles, et enfin, une solution pour le foncier-immobilier, Alain Martineau proposant de racheter les locaux de l'usine pour un million d'euros.

Les salariés seront en nombre au tribunal

De leur côté, les syndicats affirment que l'usine ne peut pas tourner avec seulement 120 emplois, comme le propose le repreneur. «Est-ce que M. Martineau est poussé par l'État à le faire, parce que l'Etat sait très bien que ce serait le premier gros flop de M. Macron? Et aujourd'hui si Macron commence son mandat avec 277 salariés au tas, ça risque un peu de faire tache. Je sais pas. En tout cas, c'est toujours aussi tendu», avait réagi le 27 juillet Yann Augras, délégué syndical CGT, à la sortie d'une rencontre avec le repreneur. «Si les salariés refusent violemment l'offre, évidemment, là, je ne sais pas ce qui peut se passer. S'ils disent au tribunal «on n'en veut vraiment pas», il n'y en aura pas», avait mis en garde de son côté Alain Martineau.

Déterminés à maintenir la pression pour garder davantage d'emplois, les salariés ont annoncé qu'ils iraient en nombre à Poitiers ce lundi. Deux autocars ont été affrétés, bien que le personnel soit en vacances depuis ce week-end, l'usine GM&S étant traditionnellement fermée en août.

GMD (Groupe Mécanique Découpage), spécialisé dans l'emboutissage, la plasturgie, la fonderie, l'étanchéité, compte 3750 collaborateurs, répartis sur 29 sites en France, Europe de l'Est, Maghreb et Asie. Son chiffre d'affaires 2016 s'établissait à 750 millions d'euros, selon son PDG. Quant au groupe GM&S et ses 277 emplois, il génère environ 800 emplois indirects dans la Creuse, selon les élus locaux de ce département parmi les plus désindustralisés de France. L'entreprise était à l'origine en 1963 un atelier familial de fabrication de jouets en métal, dont des trottinettes. L'usine de sous-traitance mécanique a même compté jusqu'à 600 salariés en 1990.

Le cas GM&S - véritable casse-tête social, industriel et territorial - est un test majeur pour Emmanuel Macron. Le président de la République a rencontré les salariés du groupe mi-juillet et le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a de son côté multiplié les réunions et les visites de terrain.

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