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Trois questions sur la possible nationalisation temporaire des chantiers navals STX de Saint-Nazaire

C'est la première grande décision industrielle du quinquennat d'Emmanuel Macron. Selon les informations du Monde, l'Etat a décidé de faire valoir son droit de préemption sur le capital du constructeur naval STX. Le président de la République "a choisi de nationaliser cette entreprise plutôt que d’en confier les clés à un actionnaire italien jugé problématique", écrit le quotidien, tout en précisant qu'il s'agirait d'une nationalisation temporaire. Le ministre de l'Economie a annoncé une conférence de presse dans la journée, jeudi 27 juillet.

De quoi mécontenter Fincantieri, grand rival des Chantiers de l'Atlantique et "repreneur exclusif" de la filiale française du groupe coréen STX, en redressement judiciaire. Franceinfo revient sur son bras de fer avec l'Etat français.

Que contient le précédent accord ?

La justice coréenne a retenu l'offre de Fincantieri comme "repreneur exclusif" pour les 66,66% de STX France détenus par le groupe coréen. Mais le gouvernement de François Hollande a négocié avec Fincantieri pour que le constructeur italien reste minoritaire pendant sept ans, avec 48% du capital, au côté de la Fondazione CR Trieste, avec 7%. L'Etat lui, conserverait un tiers du capital et un droit de veto, et le français DCNS détiendrait 12 à 13%.

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Emmanuel Macron prononce un discours à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le 31 mai 2017, lors de l'inauguration du "Meraviglia" dans les chantiers de STX. (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

L'accord pour la reprise de la participation est signé le 19 mai. Mais le 31, lors de l'inauguration du Meraviglia à Saint-Nazaire, Emmanuel Macron annonce son intention de revoir l'accord. Selon lui, en effet, le texte ne permettrait pas de maintenir "la possibilité pour les actionnaires français de garder la main sur l'emploi".Sans surprise, ces propos ont été mal accueillis à Rome, où l'on estime que "le gouvernement français a changé les cartes".

Pourquoi cet accord pose-t-il problème ?

L'Etat français détient actuellement 33,34% de STX France. Mais les syndicats et les élus locaux ne sont pas satisfaits par l'accord, car ils estiment que Fincantieri a des liens étroits avec l'autre actionnaire italien, et qu'il serait donc majoritaire de facto. "Il ne s'agit pas d'un problème de nationalité, il s'agit d'un problème de concurrence. Or, le plus gros concurrent c'est l'Italien", a notamment réagi Bruno Retailleau, président de la région Pays de la Loire, sur RTL. En cas de mauvais temps sur le carnet de commandes, l'élu redoute que Fincantieri fasse travailler les Italiens plutôt que les Français.

Au-delà de l'emploi, le maire PS de Saint-Nazaire, David Samzun, invoque également le savoir-faire français, sur France Bleu Loire Océan. "S'il n'y a pas d'accord avec l'Etat italien qui protège l'emploi, nos brevets, notre site industriel, alors il faut nationaliser". Au mois d'avril, les syndicats s'interrogeaient également sur les alliances de Fincantieri, partenaire de la China State Shipbuilding Corporation. "Les Italiens veulent développer les compétences des Chinois à fabriquer des paquebots, expliquait l'élu CFDT Johan Jardin. Mais quel est l'intérêt pour nous de leur donner un coup de main pour qu'ils apprennent ce savoir-faire ?"

Que réclame la France ? Et Fincantieri ?

Après l'élection d'Emmanuel Macron, Paris a proposé à Fincantieri de maintenir le contrôle des chantiers à "50/50", sans succès. "Fincantieri aurait néanmoins nommé le président et le directeur général, donc dirigé l’entreprise", selon un proche des négociations, cité par Le Monde. La situation étant bloquée, la France a finalement adressé un ultimatum."Si jamais nos amis italiens refusent la proposition honnête qui leur est faite, l'Etat exercera son droit de préemption", a menacé Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, sur franceinfo. L'Etat français rachèterait donc les "parts" que Fincantieri devait acquérir.

Pour les Italiens, pas question de reculer. Rome insiste pour obtenir au moins 51% du capital et le contrôle du conseil d'administration du constructeur naval français. "Il n'y a aucune raison pour que Fincantieri renonce à la majorité et au contrôle" de STX, a notamment justifié le ministre des Finances Pier Carlo Padoan. "L'Italie n'a aucune intention d'aller de l'avant si ces conditions ne sont pas là", estime son collègue du Développement économique, Carlo Calenda. Chaque partie campant sur ses positions, l'Etat a finalement mis sa menace à exécution.

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