Elles sont accusées d'avoir manipulé le marché du Libor, qui sert de taux de référence à des centaines de milliards de prêts bancaires et de produits dérivés, en 2010 et 2011. La banque française a déjà été condamnée à une lourde amende dans ce scandale.
De notre correspondant à Washington
Le scandale de la manipulation du Libor continue de faire des victimes. Y compris dans les rangs de banques comme la Société Générale qui ont pourtant déjà payé des amendes substantielles pour se faire pardonner. Le Département de la justice américaine a ainsi inculpé hier soir, à Washington, deux cadres de la direction de la banque française: Danielle Sindzingre, âgée de 54 ans, qui selon le site internet de la banque est aujourd'hui co-directrice du trading obligataire, crédit et devises, ainsi que Muriel Bescond, âgée de 49 ans, aujourd'hui à la tête de ses activités de produits dérivés à court terme.
Selon les procureurs fédéraux qui s'appuient sur des mois d'enquêtes d'agents spécialisés du FBI, ces deux femmes ont demandé à leurs subordonnés entre mai 2010 et octobre 2011, de mentir pour faire croire que la Société Générale pouvait emprunter sur le marché à des conditions plus favorables qu'en réalité. La banque française n'a pas réagi hier soir dès l'annonce de cette nouvelle procédure pénale qui fait courir de sérieux risques de peine aux cadres visés. L'identité des avocats des accusés et leur position n'ont pas non plus été rendues publiques.
Des informations probablement inventées
Kenneth Blanco, Assistant en exercice du Secrétaire à la justice (Attorney General) précise dans son communiqué que les deux banquières sont innocentes tant qu'un tribunal américain ne les aura pas déclarées «coupables au-delà d'un doute raisonnable». Il évalue néanmoins à plus de 170 millions de dollars l'impact négatif sur le marché des manipulations qu'elles auraient organisées. En 2008, en pleine crise financière, lorsque les circuits du crédit interbancaire se sont gelés, il devenait impossible même aux plus grandes banques de trouver des liquidités. C'est à ce moment-là que l'on s'est aperçu que les informations qu'elles communiquaient pour faire calculer à Londres le Libor, étaient probablement inventées de toutes pièces, dans l'espoir de faire croire qu'elles étaient en meilleure posture qu'il y paraissait.
Le Libor (London Interbank Offered Rate) sert de taux de référence à des centaines de milliards de prêts bancaires et de produits dérivés. Il est calculé à Londres sur la base d'indications quotidiennes données par un pool de grandes banques qui sont censées refléter la réalité de leur crédit en temps réel. En période de crise, la tentation de mentir s'est révélée trop forte. D'autant que bien souvent, les banques fraudeuses ont aussi laissé leurs traders spéculer à partir de ces informations biaisées.
9 milliards d'euros d'amendes au total
En 2012 la banque britannique Barclays a été la première à admettre sa culpabilité et à payer une amende de 450 millions de dollars pour tourner la page sur ses infractions. Une dizaine d'autres dont l'UBS, Royal Bank of Scotland, Rabobank, Citigroup, JP Morgan Chase, Deutsche Bank et la Société Générale ont suivi. Au total quelque 9 milliards de dollars d'amendes ont été versés aux régulateurs et autorités européennes et américaines.
La «Générale» en mars 2016 a obtenu en appel une réduction de son amende, initialement fixée à 445, 9 millions d'euros, après avoir contesté la méthode de calcul de sa fraude employée par la Commission européenne.
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