Mise au point au sommet en Allemagne, entre l'industrie automobile et les pouvoirs publics. La réunion de ce mercredi, qui mêlait grands patrons et membres du gouvernement, avait pour objectif de rétablir la confiance entre une industrie marquée par de nombreux scandales, et un État suspicieux mais conscient de l'importance économique de l'automobile pour le pays. Tous se sont penché sur le sort des voitures diesel, et au terme du sommet, le ministre des Transports, Alexander Dobrindt, a confirmé un accord des constructeurs pour revoir les moteurs de 5,3 millions de voitures diesel, ainsi que le rapporte Reuters. Il a également indiqué que les constructeurs financeraient des primes destinées à encourager les automobilistes à changer leur véhicules diesel, vieux de dix ans et plus, pour des modèles plus récents.
Plus tôt dans l'après-midi, la Verband der Automobilindustrie (VDA) a indiqué le chiffre de cinq millions de véhicules diesel. Dans les faits, ce chiffre intègre les 2,5 millions de véhicules déjà rappelés ces derniers mois par le groupe Volkswagen, précise la VDA, alors que les autres groupes automobiles allemands ont aussi procédé de leur côté au rappel de centaines de milliers de voitures diesel. Interrogé par l'AFP, un porte-parole de la VDA n'a pas pu indiquer à combien de nouveaux rappels correspond la promesse faite mercredi.
Mettre à jour les logiciels, un sujet de discorde
Dans le détail, les mises à jour de logiciels sont censées réduire les émissions d'oxyde d'azote des moteurs diesel de 25 à 30%, a précisé la VDA. Toujours selon cette dernière, les groupes automobiles ont tous accepté de procéder à ces changements sans coût pour les clients. Cette solution devrait, en théorie, permettre d'éviter des interdictions totales de voitures diesel comme envisagé par plusieurs villes allemandes. Une perspective cauchemardesque pour les 13 millions de détenteurs de véhicules diesel en Allemagne mais aussi pour les constructeurs. Outre-Rhin, près d'un tiers du parc automobile est constitué de véhicules au gazole. Les mises à jour de logiciels sont cependant loin de faire l'unanimité. Elles sont considérées comme une solution a minima par ceux qui prônent plutôt une modification de l'équipement de la voiture, par exemple. Le rappel «est une mesure bienvenue, mais pas une solution à long terme à la pollution de l'air», a ainsi déploré mercredi Greg Archer, de l'ONG Transport et Environnement
«L'industrie automobile s'est mise dans une situation vraiment difficile» et elle a «à présent une sacrée responsabilité à prendre pour regagner la confiance», avait prévenu le ministre des Transports, Alexander Dobrindt, membre des conservateurs bavarois du CSU alliés au parti d'Angela Merkel. «Je ne suis pas disposé aux copinages», avait-il ajouté lors d'un entretien lundi soir à la télévision publique ARD, alors que le pouvoir est accusé de bienveillance envers cette industrie.
Une industrie qui emploie 800.000 personnes et assure 20% des exportations
Tous les fabricants de voitures en Allemagne - Volkswagen et ses marques Audi et Porsche; Daimler (Mercedes-Benz), mais aussi Opel et l'Américain Ford - participent à Berlin à ce «forum national» sous l'égide du gouvernement, qui se tient deux ans après le début du scandale du diesel chez Volkswagen.
Le numéro un mondial de l'automobile avait reconnu avoir équipé 11 millions de véhicules d'un logiciel truqueur qui enclenchait un mécanisme interne de limitation des gaz polluants pendant les contrôles. Puis les soupçons s'étaient ensuite étendus sur l'ensemble des grands noms de l'industrie, soumis à différentes enquêtes judiciaires. Le contexte a encore été alourdi par la révélation de soupçons de cartel entre constructeurs allemands, qui aurait selon l'hebdomadaire Spiegel jeté les bases de la manipulation des émissions polluantes.
Si le gouvernement veut faire preuve de fermeté face aux constructeurs, il fait aussi face à un dilemme. Berlin est en effet partagé entre sa volonté de mettre enfin un terme aux scandales interminables tout en soutenant un secteur qui assure environ 20% des exportations du pays et fournit le plus gros contingent d'emplois, avec quelque 800.000 postes. «Il s'agit de critiquer ce qui doit être critiqué, tout en gardant à l'esprit qu'il s'agit d'une industrie stratégiquement importante en Allemagne», a expliqué Ulrike Demer, une porte-parole d'Angela Merkel.
Un sujet de rivalité avant les élections
Les fabricants allemands ont lourdement investi ces dernières années dans les moteurs diesel car ils émettent moins de dioxyde de carbone nocif pour l'environnement que les versions essence. La chancelière Angela Merkel avait d'ailleurs appelé pour cette raison à ne pas «diaboliser le diesel». Mais le revers de cette technologie est qu'elle émet davantage d'oxydes d'azote (NOx) qui contribuent à la formation d'une brume épaisse - responsable de maladies respiratoires et cardiaques - dans les villes.
Longtemps à la traîne sur l'électrique, les constructeurs allemands comptent sur les ventes de voitures équipées de moteurs diesel modernes - dits «dépollués» - pour parvenir à respecter la réglementation européenne en matière de réduction d'émissions de CO2. Et ils ont déjà proposé ou annoncé l'amélioration à leur frais de certains de leurs véhicules en circulation, via la mise à jour du logiciel gérant la filtration des émissions d'oxydes d'azote (NOx). La ministre de l'Environnement, la social-démocrate Barbara Hendricks, qui co-dirige le sommet, a toutefois déjà dit que cela ne suffirait pas.
À l'approche des élections du 24 septembre, la question est aussi devenue un sujet de rivalité entre sociaux-démocrates et conservateurs. Le candidat social-démocrate Martin Schulz a notamment jugé «insupportable» l'absence au sommet d'Angela Merkel, actuellement en vacances.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2017/08/02/20002-20170802ARTFIG00114-l-allemagne-se-penche-sur-le-sort-des-voitures-diesel.phpBagikan Berita Ini
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