Les pourboires bientôt obligatoires en France ?

Face à la "nette régression" des pourboires en France, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) envisage de "les rendre obligatoires" comme aux États-Unis, où il faut souvent verser au moins 15% de l'addition pour payer le salaire des serveurs.

"Les pourboires se font rares. Et les Français donnent des sommes moins conséquentes", selon l'Umih. ( AFP / FRED DUFOUR )

"On travaille sur le sujet. On fera une proposition au législateur", avait annoncé la semaine dernière au Parisien le vice-président de l'Umih, Hervé Becam. "On travaille sur la manière d'initier un cercle vertueux pour nos salariés", précise-t-il ce lundi 21 août sur Europe 1. Le représentant assure ne pas forcément vouloir passer par la contrainte : le système des pourboires pourrait s'élargir à de nouveaux acteurs, comme les réceptionnistes ou les cuisiniers.

"LA TRANSMISSION DE CE GESTE SE PERD"

Années après années, la tradition du pourboire semble se perdre chez les Français même si aucun chiffre officiel n'est connu sur le sujet et qu'une forte différence existe entre les métiers. Une étude commandée par Tripadvisor en 2014 indiquait que seuls 15% des Français laissaient systématiquement des pourboires au café, au restaurant ou à l'hôtel. 16% n'en laissant, à l'inverse, jamais. 35% affirmaient également en donner de moins en moins.

"Les clients en donnent un peu mais pas beaucoup", explique au Parisien, Geoffrey (37 ans), un gérant de brasserie du quartier des Halles à Paris. À ses débuts, les pourboires représentaient "15 à 20% de l'addition" contre "à peine 2 à 3% aujourd'hui". À l'époque, il pouvait glaner jusqu'à 1.500 euros et doubler sa paye. Aujourd'hui, ses collègues "plafonnent à 400 euros".

Mauvais service, crise économique, baisse du pouvoir d'achat, nouveaux mode de consommation et de paiement... De nombreuses raisons sont avancées pour expliquer cette baisse. "Avec la crise, on se restreint de plus en plus avec le sentiment de devoir uniquement consommer pour la nécessité", expliquait à l'annonce de ce sondage l'économiste Pascale Hébel, spécialiste des question de consommation.

"La nouvelle génération est habituée au système virtuel, où elle achète davantage sur internet et ne dispose pas de l'opportunité de laisser un pourboire. La transmission de ce geste se perd", expliquait-elle également. "Lorsque les consommateurs sont satisfaits du service rendu, ils préfèrent laisser des commentaires positifs sur des sites comme TripAdvisor plutôt que de laisser un pourboire", abonde Hervé Becam ce lundi sur Europe 1.

Dans l'Union européenne, il est obligatoire de laisser un pourboire en Angleterre et en Autriche. En France, le service est déjà inclus dans l'addition.

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