Ce ne sont plus deux mais cinq entreprises françaises qui ont reçu des œufs contaminés au fipronil, importés des Pays-Bas et de Belgique.
A-t-on consomméen France des oeufs contaminés au fipronil, cet insecticide qui n'a rien à faire dans nos assiettes ? Le ministère de l'Agriculture a révélé mardi que cinq établissements de transformation d'oeufs situés dans la Vienne, le Maine-et-Loire, le Pas-de-Calais, le Nord et le Morbihan ont reçu des œufs contaminés en provenance des Pays-Bas et de Belgique. Mais difficile pour l'heure de savoir si cette molécule « modérément toxique » selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est retrouvée en rayon. Le député belge Jean-Marc Nollet craint que des produits frelatés ne circulent en Europe depuis plusieurs mois. Alors que l'Allemagne, fortement touchée par le scandale, a dénoncé mardi une fraude criminelle, en France l'enquête ne fait que commencer.
La France a-t-elle tardé à réagir ?
Non... Officiellement
Selon le ministère de l'Agriculture, les autorités belges ont informé la Commission européenne par le Réseau d'alerte européen (RASFF) le 20 juillet. Mais la « première alerte officielle concernant la France est émise le samedi 5 août », précise le ministère de l'Agriculture. Deux autres alertes concernant des établissements de l'Hexagone sont reçues les 6 et 8 août. Les deux premiers concernés, dans la Vienne et le Maine-et-Loire, ont reçu des lots contaminés entre le 11 et le 26 juillet.
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Cependant, la France, dès le 28 juillet, ne pouvait ignorer qu'une menace sanitaire couvait à ses frontières. Ce jour-là, un élevage du Pas-de-Calais a été placé sous surveillance après le signalement par l'éleveur de l'utilisation de fipronil par son fournisseur belge. Soit une semaine avant la mise en garde européenne. Les analyses menées dans cet élevage se sont d'ailleurs révélées positives. « Aucun oeuf issu de cet élevage n'a été mis sur le marché », rassure le ministère.
Des produits fabriqués avec des oeufs contaminés ont-ils pu être commercialisés en France ?
Oui, dans des mayonnaises, des gâteaux, des sauces...
D'après le ministère de l'Agriculture, une fois l'alerte lancée, les treize premiers lots contaminés ont été bloqués à des fins d'analyse le 7 août... soit près d'un mois après leur livraison. Or, dans ces casseries, ils peuvent être conservés entre une semaine et deux mois en chambre froide. Ils ont donc eu le temps d'être transformés en liquide et vendus sous forme de bidons à des entreprises agroalimentaires pour en faire des sauces, des mayonnaises, des gâteaux. « La durée moyenne de stockage est de deux semaines, reconnaît Christian Marinov, de la Confédération française de l'aviculture (CFA), liée à la FNSEA. S'ils ont été utilisés, c'est en petite quantité dans des produits transformés. »
Le système d'alerte européen a-t-il failli ?
Pour l'UFC-Que choisir, c'est oui.
« Nous n'avons pas tiré les leçons des précédents scandales alimentaires. Les autorités de contrôle, quels que soient les pays, sont dans le chacun pour soi. La position de la Belgique, qui a tu le risque au nom du secret de l'instruction, est inentendable », déplore Cédric Musso, directeur de l'action politique au sein de l'association de défense de consommateurs UFC-Que choisir. D'autant que l'Europe vient de lancer des mesures pour multiplier les contrôles sanitaires. « Mais pour faire davantage de contrôles inopinés, il faut des effectifs, relève Cédric Musso. Or, la France les a baissés de 16 % en cinq ans. »
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Les éleveurs français ont-ils pu se servir du produit incriminé ?
Oui, mais ce serait des cas isolés.
Pour l'instant, seuls les oeufs d'une ferme du Pas-de-Calais se sont révélés contaminés suite à l'utilisation d'un antiparasitaire dans lequel se trouvait illégalement du fipronil vendu par son fournisseur belge. « Les contrôles vétérinaires très réguliers sur les exploitations limitent les risques dans l'Hexagone », rassure Jean-Michel Schaeffer, de la Confédération française de l'aviculture (CFA). Le CNPO, l'interprofession de l'œuf, qui réunit toute la filière, se fait plus affirmatif : « A ce stade, aucune production d'oeufs dans des élevages français n'est concernée par cette fraude et aucun oeuf français commercialisé à destination du grand public n'est contaminé. » Les investigations sont pourtant en cours pour le savoir.
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