
Les produits bio sont chers. Souvent deux fois plus que l'alimentation conventionnelle. Mais ce n'est pas une fatalité, souligne l'UFC -Que Choisir. L'association a pointé du doigt, mardi, les marges « exorbitantes » de la distribution sur les fruits et légumes bio, qui empêchent de les rendre accessibles à un plus grand nombre de consommateurs.
Selon une étude menée de juin 2016 à juin 2017 sur les 24 produits les plus vendus, 46 % du surcoût des fruits et légumes bio proviendrait des marges appliquées par les enseignes. Et non pas, contrairement à ce que pensent les consommateurs, des conditions de production plus compliquées pour les agriculteurs bio, a souligné Alain Bazot, le président d'UFC-Que Choisir. Un sujet que l'association compte mettre sur la table lors des états généraux de l'alimentation qui démarrent actuellement. L'étude s'appuie sur les prix à l'expédition et en rayon fournis par le Réseau des nouvelles des marchés (RNM), une structure qui dépend de l'institut FranceAgriMer.
Selon les calculs d'UFC-Que Choisir, la marge brute de la distribution serait de 96 % sur les fruits et légumes bio, ce qui double la dépense annuelle des ménages à 660 euros contre 368 euros pour des fruits et légumes conventionnels. Dans le cas des pommes et des tomates, les marges s'envoleraient respectivement de 163 % et 145 %. Les surcoûts d'une variété à l'autre peuvent varier considérablement. C'est le cas du chou-fleur bio plus cher de 27 % que le chou-fleur classique, tandis que la pêche bio est plus chère de 151 %. UFC-Que Choisir, qui s'est aussi intéressé à l'offre, déplore que les cartons bio soient souvent vides et que le nombre de variétés proposées pour un même fruit se limite souvent à 2 contre 8 pour le conventionnel.
La distribution réfute en bloc les chiffres avancés par l'association de consommateurs. La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a dénoncé hier le caractère « partial » de l'étude et affirme que contrairement à ses conclusions, « le taux de marge brute sur les fruits et légumes bio est en moyenne équivalent à celui pratiqué sur les fruits et légumes conventionnels ». L'UFC-Que Choisir « ne prend pas en compte dans ses calculs l'ensemble de la chaîne, le transport, le conditionnement, les intermédiaires, les coûts de distribution en magasin... », martèle la FCD.
La production du bio a du mal à suivre la demande
Celle-ci pointe et regrette la pénurie de produits bio en France. « C'est un enjeu majeur pour toute la chaîne alimentaire » et notamment un gage de « meilleure rémunération des agriculteurs ». De fait, si le marché du bio a bondi de près de 21 % en 2016 pour atteindre plus de 7 milliards d'euros, la production a du mal à suivre la demande. Elle ne représente que 5 % des surfaces agricoles, toutes productions confondues. Une forte proportion des fruits et légumes proposés sont importés. C'est vrai pour une petite moitié des fruits (43 %), selon l'agence Bio. Cela l'est moins pour les légumes, à 75 % d'origine française.
Le bio est un choix difficile pour les agriculteurs. Ce mode de production génère aujourd'hui une très forte baisse de revenu, du fait de l'interdiction d'utiliser pesticides et engrais chimiques, et en raison de la fragilité des produits. Les aides européennes, qui doivent compenser le manque à gagner, accusent des retards de deux ans depuis que leur gestion a été confiée aux régions. On le voit, les obstacles à surmonter sont importants.
https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/030513624672-polemique-autour-des-marges-sur-les-fruits-et-legumes-bio-2110448.phpBagikan Berita Ini
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