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Pourquoi il ne faut pas trop s'inquiéter de la hausse du nombre de chômeurs

C'est un chiffre qui fait tâche après les bonnes nouvelles économiques qui se sont succédées tout au long de l'été. Selon les données publiées par Pôle Emploi jeudi soir, la France compte 34.900 demandeurs d'emploi de plus fin juillet, après avoir enregistré une baisse de 10.900 en juin. On peut y voir un impact de la fin de la prime à l'embauche dans les PME, le 30 juin, ou du retour à Pôle Emploi d'une partie des chômeurs qui bénéficiaient du grand de plan de formation de François Hollande. Mais, comme le précise le ministère du Travail, il convient de se méfier des évolutions de mois en mois, de prendre un peu de recul et de regarder la tendance globale.

De ce point de vue, l'heure est plutôt à l'optimisme. Le secteur privé a ainsi créé 292.000 postes en un an, du jamais vu depuis 2011. Et le taux de chômage ne cesse de baisser. "Au regard des révisions statistiques, la courbe du chômage se serait inversée après avoir atteint un pic de 10,6% en mai 2015 selon Eurostat", note Véronique Janod, de Natixis. Il est tombé au deuxième trimestre à 9,5%, selon les données de l'Insee, publiées le 17 août. Même l'emploi industriel se porte mieux, comme le montre l'exemple de Peugeot, qui a embauché dans l'urgence 3.000 intérimaires à Sochaux et 1.000 à Rennes pour assurer la production des SUV 3008 et 5008. "En ajoutant l'intérim lié au secteur, l'industrie s'est remise à créer des postes, souligne Denis Ferrand, de l'institut COE-Rexe-code. C'est presque inédit en quarante ans."

Redémarrage de la croissance

Cette reprise de l'emploi est bien entendu la conséquence la plus visible du redémarrage de la croissance: le PIB a ainsi progressé de 0,5% pour le troisième trimestre consécutif et devrait, au final, grimper d'au moins 1,6% cette année. Le moral des patrons a atteint son plus haut niveau depuis le printemps 2011, huit points au-dessus de sa moyenne de longue période. "La politique de l'offre a permis de remettre les flèches dans le bon sens et la France a fini par profiter de l'alignement des planètes (bas niveau de l'euro, des taux d'intérêt et du cours du pétrole)", se félicite François Asselin, président de la Confédération des PME. Le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et les baisses de prélèvements liées au pacte de responsabilité ont permis de baisser le coût du travail et d'enrayer la spirale négative des profits. Le taux de marge atteint désormais 31,6%, son plus haut niveau depuis 2010.

Autre facteur crucial: la fin de la politique d'austérité initiée en Europe en 2011-2012, qui s'était traduite en France par des hausses massives d'impôts. "Ceci a favorisé le redémarrage de la demande intérieure partout en Europe, explique Gilles Moëc, de Bank of America-Merrill Lynch. La politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne a aussi permis une reprise précoce du crédit aux entreprises et aux ménages."

Pas de progression des salaires

Pour autant, cette embellie sur le front de l’emploi n’est pas la panacée. Malgré la baisse du chômage, les salaires ne progressent presque pas car la qualité des emplois n'est pas encore au rendez-vous. "36% des créations de postes se font dans l'intérim et la France compte désormais plus de 700.000 intérimaires, un record", précise Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. Une situation qui pèse sur le pouvoir d’achat des consommateurs, déjà plombé par l’accélération de l’inflation.

La réforme attendue du marché du travail, qui sera détaillée le 31 août, risque d'accentuer cette tendance. "La décentralisation des négociations sociales au niveau des entreprises est souhaitable mais devrait peser sur les salaires à court terme, prévient Gilles Moëc. Pour 2018, le gouvernement doit donc faire attention à ne pas étouffer la demande intérieure en menant une politique budgétaire trop restrictive."

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