L'un de salariés du géant de l'Internet a cru bon justifier la très faible présence des femmes dans la «tech» par des «différences biologiques».
La réputation de sexisme du milieu de la «tech», dominé par les hommes, n'est pas près de s'atténuer. Dans une note interne publiée la semaine dernière selon le site américain Mashable, un ingénieur non identifié de Google a déclenché une vaste polémique aux Etats-Unis. Et pour cause, l'homme y affirme que «les choix et les capacités des hommes et des femmes divergent, en grande partie, en raison de causes biologiques et (donc) ces différences peuvent expliquer pourquoi on n'a pas une représentation égale des femmes dans la "tech" et (dans les fonctions de) leadership».
Les aptitudes naturelles des hommes les conduiraient selon lui à devenir programmateurs en informatique, alors que les femmes seraient plus enclines... «aux sentiments et l'esthétique plutôt que vers les idées», ce qui fait qu'elles optent pour des carrières «dans le social ou l'artistique».
Liberté d'expression
Des propos qui ont choqué outre-Atlantique. «Ce sont des fadaises sexistes, habillées dans un discours sur la protection non méritée de la liberté d'expression», a fustigé la journaliste Kara Swisher, du site spécialisé Recode.net.
De son côté, Google se défend de tout sexisme. «Ce n'est pas un point de vue que moi et l'entreprise soutenons, promouvons ou encourageons», a fermement rejeté dans un courriel aux salariés Danielle Brown, la responsable diversité du géant de l'Internet, recrutée il y a quelques mois de chez Intel et en fonction seulement depuis un mois. Jugeant «incorrectes les hypothèses avancées sur le genre», elle affirme que «la diversité et l'inclusion sont une part fondamentale de nos valeurs et de la culture que nous cultivons».
Danielle Brown ajoute néanmoins que Google a toujours voulu défendre «une culture dans laquelle ceux qui ont des points de vue différents, y compris politiques, se sentent en sécurité pour les exprimer».
69% des salariés de Google sont des hommes
Il était difficile de savoir dimanche soir si le géant de l'Internet prévoyait de prendre des mesures disciplinaires contre l'ingénieur en question. Ari Balogh, le patron des ingénieurs, a pour sa part dénoncé des «stéréotypes nuisibles». «Un des aspects du message qui m'a le plus profondément troublé est son parti pris sous-jacent qui veut que des hommes ou des femmes ressentent ou agissent d'une certaine façon. Ce sont des stéréotypes et c'est nocif», écrit-il dans un courriel interne.
Actuellement, 69% des salariés de Google sont des hommes, une proportion qui monte à 80% dans les emplois technologiques, selon les derniers chiffres du groupe. Chez Facebook, les femmes n'étaient que 27% parmi les cadres supérieurs en 2016. Quant à Apple, il compte 37% de femmes au total.
Cascade de scandales sexistes dans la Silicon Valley
La controverse Google vient s'ajouter à une cascade de scandales et démissions liés au manque de diversité dans la Silicon Valley. Travis Kalanick, le co-fondateur d'Uber, a démissionné le 21 juin, après des accusations de sexisme et de harcèlement à l'encontre de cadres dirigeants du géant de la location de voitures avec chauffeur. Connu pour ses blagues sur ses conquêtes féminines, il était accusé d'avoir lui-même encouragé une culture d'entreprise propice aux dérapages.
Fin juin, c'est l'investisseur («venture capitalist», VC) Justin Caldbeck, qui a quitté son fond d'investissement, Binary Capital, six femmes avaient affirmé avoir reçu des avances alors qu'elles cherchaient à lever des fonds. Quelques jours plus tard, c'est un autre investisseur du secteur, Dave McClure, qui a avoué avoir «fait des avances à de nombreuses femmes dans des situations professionnelles». Il avait intitulé son texte de mea culpa : «Je suis un tordu».
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