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Bio: le boom de la production menacé par l'imbroglio des aides

Le 19 septembre, le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert ira à la rencontre des conseils régionaux. A l'ordre du jour, les aides au bio. Car l'argent manque dans les caisses des régions pour encourager ce mode de production. L'offre peine à répondre à une demande sans cesse croissante.

Et pourtant les conversions au bio se sont envolées depuis deux ans après la décision de Stéphane le Foll, l'ancien  ministre de l'Agriculture, d'augmenter les aides à la conversion au bio à l'hectare (de 200 à 300 euros pour les céréales) et d'allonger de trois à cinq ans la période sur laquelle elles sont versées.

Des conversions à la chaîne

Tentés par les montants ainsi gonflés et confrontés à une crise sans précédent, de nombreux agriculteurs se sont « convertis ». Parfois « par opportunisme », ou pour échapper à de graves problèmes financiers, parfois même « pour se constituer un matelas avant un départ à la retraite », estime Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles). L'agence Bio relève une accélération de 8,5% des vocations en 2015, puis 10% en 2016 avec le passage au bio de 10.600 agriculteurs de plus. Depuis le début de l'année, le bio compte 3.000 nouvelles exploitations, soit une hausse de 9,2% par rapport à la fin 2016, précise Florent Guhl, directeur de l'Agence Bio. 

Quel avenir ? 

Manque de chance, l'afflux de demandes n'a pas été anticipée. Les enveloppes européennes prévues sur sept ans, de 2013 à 2020 ont du coup été consommées beaucoup plus vite que prévu, en cinq ans. La question se pose donc de l'avenir des aides au bio. Comment boucler l'exercice 2013-2020, quand l'essentiel a déjà été consommé ? Faut-il concentrer l'effort sur le soutien aux conversions et laisser tomber les primes au maintien ? Comment structurer les filières pour ajuster offre et demande ? 

Toutes ces questions doivent être résolues alors que le transfert de la gestion des aides européennes du pilier 2 (qui comprend les aides bio) aux conseils régionaux a créé un certain désordre car ceux-ci manquaient d'expérience en la matière. Résultat, l'arrivée des précieux subsides tardent. Le ministère de l'Agriculture a confirmé qu'ils arriveront chez les agriculteurs fin novembre 2017 avec deux ans de retard. Un délai qui jette le doute sur l'intérêt de la conversion. Les ONG ont été nombreuses à protester, certains agriculteurs se retrouvant en grande difficulté de ce fait alors que la demande de bio explose. Le passage du conventionnel au bio provoque en effet une chute de 30 à 40% des rendements.

La technicité du bio

Très différente de l'exploitation conventionnelle, l'exploitation bio requiert une technicité très particulière. Une culture agronomique poussée aussi. La conversion se fait sur trois ans. Mais un agriculteur converti ne peut pas prétendre au label, ni au prix de vente bio la première année. La plupart du temps il faut attendre la deuxième année, parfois la troisième. D'où les aides à la conversion. Au-delà de cinq ans, elles sont remplacées par des aides au maintien en bio pendant encore cinq ans. Mais celles-ci diminuent d'un tiers. 

Des montants très différents

Les aides à la conversion sont en moyenne de 250 euros à l'hectare, mais varient selon les productions. Les exploitations légumières touchent 450 euros à l'hectare, les céréales 300 euros. En viticulture, l'aide est de 350 euros. Pour les prairies, elle tombe à 130 euros. Dans les céréales, les plus grandes exploitations peuvent atteindre 500 hectares en France et donc prétendre percevoir jusqu'à 150.000 euros en cas de conversion. Compte tenu des montants en jeu et du nombre croissant de demandes, certaines régions ont décidé d'instaurer des plafonds de 30.000 à 50.000 euros par exploitation. 

Les ventes de produits bio ont encore progressé d'un demi-milliard d'euros au premier semestre en France, a indiqué l'agence Bio. Ce qui porte le marché à 7,5 milliards d'euros. La croissance est toujours tirée par les fruits et légumes et l'épicerie. Elle est plus forte en grande distribution(+18%). La demande en magasins spécialisés a augmenté de 12%. 

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https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/030569546705-bio-le-boom-de-la-production-menace-par-limbroglio-des-aides-2114710.php

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