Marine Le Pen, affaiblie par son échec à la présidentielle, a tenté samedi de remobiliser son parti, miné par les divisions.
Quand ça veut pas, ça veut pas... Samedi, même les éléments semblaient s'être ligués pour gâcher la rentrée de Marine Le Pen à Brachay, un village de Haute-Marne, symbole de cette «France des oubliés» qu'elle promet de défendre. A peine la patronne du FN monte-t-elle sur l'estrade pour prononcer son discours qu'une pluie fine s'abat sur les quelque 500 personnes venues l'écouter.
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L'année dernière, c'était sous un soleil radieux, et devant une place de la mairie pleine à craquer, qu'elle lançait sa course à la présidentielle, en décochant des flèches contre son meilleur ennemi Nicolas Sarkozy. Un an plus tard, l'ambiance a bien changé et les rangs se font plus clairsemés. «La météo a découragé de nombreux militants», peste un cadre. Mais le ciel nuageux n'explique pas tout. «Il y a une démobilisation générale des troupes, quelque chose s'est cassé depuis le débat d'entre-deux-tours», se désole un élu de l'est de la France. L'entourage de Le Pen relativise : «C'est normal, ce n'est pas une année présidentielle.»
Un changement de nom du parti en projet
Les cadres, eux, sont nombreux à avoir fait le déplacement. Alors que depuis une semaine, pro et anti-Philippot se déchirent au grand jour, ils se montrent côte à côte pour écouter leur présidente. Même Sophie Montel, une très proche du vice-président du parti, éjectée jeudi de la présidence du Front en région Bourgogne - Franche-Comté, est de la grand-messe frontiste. De quoi énerver Marine Le Pen qui l'avait invitée à «raser les murs». Les deux femmes se sont soigneusement évitées. Tout comme Florian Philippot et Gilbert Collard qui se sont écharpés à distance par médias interposés cette semaine.
C'est donc dans ce climat de division que Marine Le Pen a repris la parole devant ses fidèles. Derrière elle, le nouveau slogan — «En avant pour un nouveau Front» — et la nouvelle affiche, dotée d'une... boussole, un bien étrange symbole pour un parti qui, à l'heure actuelle, peine à se fixer un cap. Affirmant sa «grande détermination», Marine Le Pen cogne fort, notamment sur l'exécutif coupable de n'avoir rien « anticipé » à Saint-Barthélemy et Saint-Martin, dévastés par l'ouragan Irma. Elle fustige «le macronisme, triomphe de la classe dominante», mais plus encore Jean-Luc Mélenchon, qui lui vole la vedette depuis quatre mois (lire ci-contre).
Devant ses militants, Marine Le Pen a pris également soin de détailler «la grande entreprise de refondation» du parti, le chantier le plus brûlant pour un FN en ébullition. Confirmant au passage que la formation allait changer de nom et invitant ses adhérents, mais aussi «tous les Français», à participer à cette rénovation. «Dans les grands combats, les carrières personnelles ne comptent pas », a souligné la chef frontiste, comme pour rappeler à l'ordre ses lieutenants. De quoi toutefois laisser certains cadres sur leur faim : «Ce discours n'est pas à la hauteur de l'enjeu, elle aurait pu prononcer le même il y a six mois. On a compris qu'il ne va rien se passer», tacle l'un d'eux, avant de rejoindre le déjeuner champêtre avec les militants. Tout sourire, comme si de rien n'était.
Haro sur Mélenchon !
Qu'il semble loin le temps de l'entre-deux-tours de la présidentielle, quand Marine Le Pen faisait des appels du pied aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon ! Samedi, c'est sur le leadeur de la France insoumise qu'elle a concentré ses attaques les plus féroces. Qualifiant les Insoumis «d'islamo-trotskistes», puis raillant leur «bouillie idéologique entre Nuit debout et la révolution bolivarienne»... Si Marine Le Pen est aussi virulente, c'est parce qu'elle est exaspérée de voir Mélenchon, de l'autre côté de l'échiquier populiste, confirmer son rôle d'opposant en chef à Macron. «Dans une élection présidentielle, les Français choisissent le président et le meilleur opposant. En l'occurrence, ils ont choisi le Front national pour être présent au second tour», veut-elle encore croire.
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