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Le gouvernement défend un budget 2018 de «transformation économique»

«Un budget de transformation et de pouvoir d'achat. » C'est avec cette ambition empruntant au «en même temps » macronien que les ministres de Bercy, Bruno Le Maire (Finances) et Gérald Darmanin (Action et Comptes publics) ont présenté ce mercredi matin en Conseil des ministres,  le budget 2018 et la loi de programmation des finances publiques, qui fixe la trajectoire pour l'ensemble du quinquennat.

« Avant de redistribuer la richesse, il faut la créer »

Sachant qu'il sera vivement attaqué sur la création d'une taxe à taux unique de 30% sur les revenus du capital et sur la réforme de l'ISF, transformé en impôt sur la fortune immobilière (IFI), le gouvernement assume cette rupture : «Sans financement, nos entreprises ne peuvent pas se développer : pas de capital, pas de croissance, pas de nouveaux emplois », écrivent les deux ministres, dans une lettre commune d'introduction, où ils défendent aussi le retour du taux d'impôt sur les sociétés à la moyenne européenne (33% aujourd'hui à 25% en 2022). « Avant de redistribuer la richesse, il faut la créer », ajoutent-ils.

Selon Bercy, 120.000 à 150.000 contribuables paieront le nouvel impôt sur la fortune immobilière, contre 340.000 pour l'ISF. L'IFI ne rapporterait que 850 millions d'euros, contre plus de 5 milliards pour l'ISF 

Mais ils insistent : le budget n'est pas à sens unique, il « s'adresse à tous », y compris aux plus fagiles, et «redonne du pouvoir d'achat aux ménages et de la valeur au travail ». Une brochure de 11 pages intitulée « Le livret du pouvoir d'achat » est ainsi éditée (voir document ci-dessous) qui détaille l'exonération de la taxe d'habitation pour 80% des Français, qui sera appliquée progressivement d'ici à 2020, la revalorisation de la prime d'activité et des minima sociaux (minimum vieillesse, allocation pour adulte handicapé), la baisse des cotisations des salariés, etc.

Au total, les prélèvements obligatoires baisseront de 6,6 milliards d'euros l'année prochaine , sous l'effet cumulé des mesures prises sous François Hollande (crédit d'impôt pour l'emploi à domicile, par exemple) et des décisions gouvernementales. L'exécutif, lui, continue d'afficher un repli des impôts de 10,3 milliards, mais qui ne tient pas compte du décalage au 1er octobre 2018 d'une partie des baisses de cotisations des salariés, alors que la hausse de 1,7 point de CSG sera intégrale au 1er janvier. Cela accroîtra temporairement les recettes de l'Etat de 3,7 milliards d'euros l'année prochaine.

Autre mesure coûteuse pour le porte-monnaie des Français : la taxation des carburants,  et en particulier du diesel , sera accrue de 3,7 milliards d'euros en 2018. 

15 milliards d'économies

Côté dépenses publiques, la hausse devra être contenue en volume à +0,5% en 2018. Cela passera par 15 milliards d'économies, affiche désormais l'exécutif (contre 20 milliards évoqués en juillet). Une forte décélération est aussi programmée au-delà, avec, à compter de 2020, une réduction de 1% par an en volume de ce que Bercy qualifie de «dépenses pilotables » au sein de l'Etat (une base de 253 milliards d'euros en 2017).

A court terme, les budgets de la plupart des ministères vont augmenter, parfois fortement (Défense, Enseignement supérieur, Justice). Des choix clairs sont ainsi faits : le budget de l'Emploi baissera de 1,5 milliard en 2018 (moins de contrats aidés) et de plus de 4 milliards d'ici à 2020 ; celui du Logement chutera de 3 milliards en deux ans, avec la réduction des aides personnalisées au logement (APL). A l'inverse, la Défense verra par exemple ses crédits atteindre 37,6 milliards d'euros en 2020, contre 32,4 milliards aujourd'hui.

Les effectifs de l'Etat quasi stables

Des choix qui se reflètent aussi dans l'évolution des effectifs de l'Etat, quasi stable globalement - la baisse de 1.600 postes en 2018 est imputée presque entièrement sur les opérateurs (-1.276) - mais avec des créations à l'Intérieur (1.420 postes), la Justice (1.000) ou les Armées (518) et des suppressions à Bercy (-1.650) et à l'Ecologie (-828). On reste loin des 50.000 suppressions de postes au sein de l'Etat évoquées par Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle.

Pour mener la réforme de l'Etat et réaliser des économies sur l'ensemble des dépenses publiques (3 points de PIB d'ici à 2022), l'exécutif lance son processus «Action publique 2022 » (après la «Révision générale des politiques publiques » de Nicolas Sarkozy et la «Modernisation de l'action publique » de François Hollande), qui «sera placé sous l'autorité du Premier ministre », Edouard Philippe.

Si la charge de la dette sera en légère baisse en 2018 (à 41,2 milliards), en dépit d'une hausse attendue des taux d'intérêt, l'Etat devra en revanche assumer une nette hausse de la contribution au budget européen (+1,5 milliard en 2018, + 5,4 milliards d'ici à 2020). 

Tensions en vue avec Bruxelles

Au final, le gouvernement table sur un déficit public ramené de 2,9% de PIB en 2017 à 2,6% en 2018, grâce à une croissance de 1,7% cette année et l'année prochaine. Une prévision de croissance jugée « raisonnable » par le Haut Conseil des finances publiques,  dans son avis sur le budget 2018 , qui qualifie aussi de «prudentes » les estimations de recettes fiscales. En revanche, le Haut Conseil critique la faiblesse du redressement structurel (0,1 point de PIB seulement en 2018), contraire aux règles européennes, et  qui risque de tendre les discussions avec la Commission .

La dette publique devrait, quant à elle, se stabiliser à 96,8% de PIB en 2018, mais ne refluerait qu'à compter de 2020.

POUR EN SAVOIR PLUS :

DOCUMENT : « Le livret du pouvoir d'achat » diffusé par le gouvernement

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https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/030623891615-le-gouvernement-defend-un-budget-2018-de-transformation-economique-2117567.php

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