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Renault-Nissan: coup d'accélérateur sur l'intégration

Il n'y a toujours pas de fusion en vue, mais l'Alliance Renault-Nissan, désormais élargie à Mitsubishi, devrait enfin démontrer toute sa puissance. Son PDG, Carlos Ghosn, a annoncé vendredi matin, à Paris, une série de nouveaux objectifs d'ici à 2022: 10 milliards d'euros de synergies (5 milliards en 2016), 14 millions de véhicules vendus (10,5 prévus pour cette année), 240 milliards de dollars de chiffre d'affaires (+30% par rapport à l'an dernier). « L'Alliance franchit aujourd'hui une nouvelle étape » , a insisté le PDG. 

Le modèle original de l'Alliance a longtemps été considéré avec scepticisme. Fondé sur des participations croisées de groupes indépendants, il a mis du temps à produire de véritables synergies. « Nous avons commencé par mettre en commun ce qui ne se voit pas, les moteurs, les achats... Il faut du temps pour bâtir une vraie confiance », explique un dirigeant de Renault. « Mais il y a eu une nette accélération ces dernières années ! ». La mise en place de plateformes de production communes en 2013, la mutualisation de certaines grandes fonctions (R&D, RH, production, logistique) en 2014, ont permis d'accélérer les synergies liées à cet attelage : il a fallu attendre dix ans pour qu'elles atteignent 1,5 milliard d'euros, en 2009, quatre ans supplémentaires pour qu'elles passent à 3 milliards, en 2013, jusqu'à atteindre 5 milliards l'an dernier. 

Une centrale d'achats de 10 millions d'autos

L'objectif annoncé, passer à 10 milliards d'euros en 2022, ne veut en lui-même pas dire grand-chose. « C'est un chiffre un peu virtuel, qui recouvre à la fois des investissements évités et des économies de coûts par rapport à un schéma où chacun des deux groupes serait seul », relève Georges Dieng, analyste chez Natixis. « C'est compliqué à vérifier pour un observateur externe, mais on comprend aisément les gains réalisés grâce à la mutualisation des ressources ou une meilleure division du travail... ». De fait l'arrivée de Mitsubishi fin 2016, ainsi que la croissance des ventes, permettra d'accélérer les économies d'échelle au sein de l'Alliance . « Renault, qui devrait vendre 3,5 millions de véhicules cette année, a accès à une centrale d'achats de 10 millions de véhicules : c'est extrêmement puissant », souligne Gaétan Toulemonde, chez Deutsche Bank. 

Un cran plus loin

Surtout, Carlos Ghosn a annoncé que les trois groupes iraient un cran plus loin dans leur coopération. Deux nouvelles plateformes de production vont être lancées : l'une sur le segment B (Renault Clio, Nissan Micra...), où les volumes sont els plus importants, l'autre sur le véhicule électrique. « Au total, 9 millions de véhicules sur 14 seront produits sur ces plateformes », a indiqué le PDG. En 2022, les trois partenaires partageront en outre 22 moteurs sur 31, contre 14 sur 38 en 2016. « 75% des véhicules vendus seront pourvus de moteurs communs, contre 30% aujourd'hui », a insisté Carlos Ghosn. Une véritable accélération. Il a fallu attendre 2013 pour voir naître la première plateforme commune de production (baptisée CMF C-D, elle regroupe la production des Megane, Scenic, Espace, Talisman, et Kadjar de Renault, et des Trail, Rogue et Qashqai de Nissan), et deux ans de plus pour la suivante (la CMF-A, utilisée par la Kwid de Renault et la Datsun redi-gO de Nissan). 

Enfin, « sur toutes les nouvelles technologies, comme l'électrique, la voiture connectée, le véhicule autonome, il y aura une seule technologie, qui sera déclinée par chaque marque », a poursuivi Carlos Ghosn. Après avoir perdu beaucoup d'argent pour être parti en ordre dispersé dans l'électrique, Renault et Nissan semblent avoir retenu la leçon. 

La question récurrente de la fuusion

Une fois ce cadre posé, chacun des trois partenaires va maintenant détailler son propre plan stratégique à cinq ans : le 6 octobre pour Renault, le 16 pour Nissan, et le 18 pour Mitsubishi. Quant à la question récurrente d'une intégration plus poussée via une fusion, ou même d'une modification actuelle des participations croisées, Carlos Ghosn l'a à nouveau écartée d'un revers de main. « On n'en a pas besoin ! Tant que la façon dont nous sommes organisés aujourd'hui soutient nos objectifs, nous continuerons ainsi. » Sans toutefois fermer totalement la porte à une évolution. « Le jour où elle devient un obstacle ou une limite, nous la changerons », a-t-il poursuivi.

Alors que la question de sa succession est dans  l'air, Carlos Ghosn, 63 ans, a indiqué avoir « l'intention d'exécuter le plan tant que cela aura du sens ».

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