Le chef de l'État aurait annoncé à des employés de la compagnie ferroviaire, début juillet, à l'occasion du lancement des nouvelles lignes à grande vitesse, vouloir une "loi-cadre" pour lancer cette réforme, selon Le Monde.
Emmanuel Macron inaugurait, samedi 1er juillet, la nouvelle ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Rennes. À cette occasion, il s'était entretenu, à bord du TGV, avec dix salariés de la SNCF. Un entretien de trois quarts d'heure au cours duquel il aurait notamment défendu la fin du régime spécial des retraites des cheminots dès 2018, révèle Le Monde mercredi 6 septembre, citant le magazine interne de la SNCF, "Les Infos Le Mag", qui a retranscrit l'échange.
Le président aurait commencé par appeler les cheminots à se "réinventer". "Pour être franc, je pense que le modèle sur lequel on a vécu, le mythe de la SNCF, n'est pas celui sur lequel on construira la SNCF du XXIe siècle", a-t-il répondu à un salarié du Technicentre Atlantique de Châtillon (Hauts-de-Seine). "Votre défi sera de ne pas rester sur la protection du passé (...). Le vrai défi sera de dire : si vous voulez défendre votre entreprise, il faut la réinventer", indique Le Monde.
"CE SONT VOS ENFANTS QUI PAIERONT, C'EST INJUSTE"
Autrement dit, il faut selon lui réformer le statut et donc le régime spécial de retraite des cheminots : "Vous protéger ce n'est pas protéger votre statut ou le job d'hier, c'est vous protéger en tant qu'individu, pour aller vers le job de demain", a-t-il lancé. Comme le rappelle le quotidien, le régime de retraite de la SNCF permet à un cheminot agent de conduite de toucher sa pension à 52 ans, et à un sédentaire à 57 ans, le tout calculé sur la base du dernier salaire touché. "Soyons clairs, si nous ne réglons pas ce problème, ce sont vos enfants qui paieront. C'est injuste", aurait expliqué Emmanuel Macron à un cadre rennais.
Selon le mensuel interne, le président aurait détaillé le calendrier et les modalités de cette réforme. "Je souhaite que l'on puisse avoir au premier semestre 2018 une loi-cadre qui donne le top départ de cette réforme, par exemple au 1er juillet 2018 ou début 2019. (...) Ceux qui étaient à cinq ans de la retraite ne sont pas touchés, les autres ont des droits acquis dans un régime et à partir de ce jour-là basculent vers un régime unique où un euro cotisé donne lieu aux mêmes droits", aurait-il précisé.
LA SNCF PEUT DEVENIR "LE CHAMPION DE LA CONCURRENCE"
Emmanuel Macron est également revenu sur l'ouverture à la concurrence, prévue par l'UE dès décembre 2019 pour les TER et Intercités, et à partir de décembre 2020 pour les TGV (et obligatoire en 2023). "Je pense que si SNCF, avec toute la force que vous représentez, sait s'adapter, elle sera le champion de la concurrence, aurait-il plaidé. La concurrence va aider les évolutions qui sont déjà en cours. (...) Est-ce que ça veut dire qu'il n'y aura plus de SNCF, que les agents n'auront plus leur place ? Pas du tout. Mais SNCF sera un acteur des mobilités plurielles, beaucoup plus numérisées où les agents auront des missions plus variées".
Emmanuel Macron souhaiterait même transformer la SNCF en "une entreprise d'agrégation de mobilités". "Demain, j'attends de SNCF qu'il soit un opérateur intégré qui dira : je sais vous emmener en train puis en car, puis vous louer un taxi ou une solution de covoiturage ou de vélo en ville, etc. Beaucoup ont encore le sentiment, parce que c'est notre imaginaire collectif, que la fierté de SNCF, c'est d'avoir de beaux trains, de belles gares et des infrastructures. Ce n'est pas vrai. Ce sont les voyageurs, les chargeurs, les données les concernant qui ont de la valeur dans cette entreprise", a-t-il encore expliqué.
SUPPRESSION DU RÉGIME SOCIAL CONTRE REPRISE DE LA DETTE
En contrepartie, le président propose que l'État reprenne une partie de la dette liée au financement des infrastructures (46 milliards d'euros au 1er semestre). Quels seraient les termes de ce "grand deal" ? "Parlons-nous franchement : si on reprend la dette, quel nouveau pacte social la SNCF est-elle prête à avoir ? (...) Nous demandons à SNCF d'aller plus loin sur les réformes, le statut, la mobilité, le régime de retraite. SNCF, elle, a besoin que nous allégions sa structure financière, que nous accompagnions la rénovation du réseau existant."
"CES PROPOS SONT INQUIÉTANTS"
Des propos qui inquiètent les syndicats, interrogés par Le Monde. "Nous ne laisserons pas passer une suppression pure et simple du régime spécial qui aboutirait à une baisse des pensions, prévient Rémi Aufrere, secrétaire général adjoint de la CFDT-Cheminots. Et encore moins en échange d'une reprise de la dette. Il serait inqualifiable de faire payer aux cheminots la dette de l'infrastructure qui résulte de décisions politiques avec lesquelles nous n'avons rien à voir." Pour Bruno Poncet, de SUD-Rail, "notre statut n'a rien à voir avec les difficultés actuelles du ferroviaire. Cela dit, si ces propos sont inquiétants, ils ne sont pas surprenants. Ils sont en ligne avec la politique mise en œuvre par M. Macron dès cet été."
Emmanuel Macron avait annoncé, en lançant la LGV bretonne, mettre la priorité sur "les transports du quotidien" plutôt que sur de nouveaux "grands projets" et vouloir parvenir "dès le 1er semestre 2018 à une loi d'orientation des mobilités qui apportera enfin des réponses concrètes".
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