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Uber risque d'être banni des rues de Londres après la perte de sa licence

40.000 chauffeurs sont concernés par la décision de l'autorité des transports de Londres qui met un frein majeur aux activités de l'entreprise au Royaume-Uni. Uber va faire appel.

Les «black cabs» londoniens vont se réjouir. L'entreprise de VTC Uber vient de perdre la licence qui lui permettait d'opérer à Londres. La régie des transports en commun Transports for London (TfL) a décidé de ne pas renouveler cette autorisation pourtant octroyée à Uber depuis 5 ans. Le coup est dur pour l'entreprise, puisque Londres est son principal marché au Royaume Uni, avec près de 40.000 chauffeurs et 3,5 millions de passagers cette année, selon la BBC. Elle y a également réalisé près de 2 millions d'euros de bénéfices en 2015, selon les derniers chiffres d'Uber. La décision prendra effet au 30 septembre, date à laquelle expire la licence temporaire que TfL avait accordé à Uber en mai dernier, le temps de rendre sa décision finale. Mais le groupe a 21 jours pour faire appel de cette décision et ses chauffeurs pourront continuer a assurer des courses jusqu'à la fin de ce processus.

Le maire de Londres, Sadiq Khan s'est félicité de cette décision: «Je soutiens pleinement la décision de TfL - ce serait une erreur de la part de TfL de continuer de fournir une licence à Uber si elle pose une quelconque menace à la sûreté et à la sécurité des Londoniens». Uber est en effet accusé par TfL de manquer de réactivité dans la dénonciation de crimes dont ses chauffeurs seraient témoins et de ne pas contrôler leurs casiers judiciaires. L'autorité reproche aussi à Uber d'utiliser un logiciel permettant aux chauffeurs d'éviter de se faire repérer par les autorités dans les zones où ils n'ont pas le droit d'opérer.

Plus virulent encore, le secrétaire général de l'Association des conducteurs de taxis sous licence Steve McNamara a déclaré à la BBC: «Cette entreprise immorale n'a pas sa place dans les rues de Londres». Uber a d'ores et déjà fait savoir qu'il ferait appel de cette décision devant la justice. «En voulant interdire notre application dans la capitale, Transport for London et le maire ont cédé aux appels d'un petit nombre de personnes qui veulent limiter le choix des clients. Si cette décision est maintenue, plus de 40 000 conducteurs seront au chômage et les Londoniens seront privés d'un moyen de transport pratique et abordable», a dénoncé le patron londonien d'Uber Tom Elvidge.

Concurrence déloyale

Uber s'est fait de très sérieux ennemis au Royaume-Uni ces derniers mois. Les syndicats des taxis traditionnels londoniens, les «black cabs», se sont beaucoup mobilisés pour dénoncer la concurrence déloyale de l'entreprise sur leur marché. Entre le lancement d'Uber en 2012 et 2016, le nombre de VTC a augmenté de 64%, représentant plus de 80.000 véhicules, tandis que le nombre de taxis - 22.500 - est resté stable. Dans le même temps, les taxis accusent l'entreprise de ne payer autant d'impôts et de charges au Royaume-Uni qu'eux, grâce à des stratégies d'optimisation fiscale. Les scandales à répétition d'Uber ont aussi permis à ses opposants d'invoquer la culture d'entreprise toxique d'Uber, faite de pressions exercées sur les salariés mais aussi les chauffeurs et la concurrence. «Uber exploite ses chauffeurs en utilisant le statut d'auto-entrepreneur pour leur soutirer un maximum d'argent, ce qui les oblige à travailler de longues heures», fustigeait en février dernier Jim Kelly, responsable du syndicat Unite, s'inquiétant des conséquences de ces pratiques sur la «sécurité des passagers».

Dès son élection en mai dernier, le maire travailliste Sadiq Khan a engagé une véritable guerre contre l'entreprise. Il a ainsi présenté un plan d'aide de 76 millions d'euros pour accompagner la transition des taxis traditionnels vers des véhicules propres, appliquant dans le même temps un durcissement des règles s'appliquant aux chauffeurs de VTC. Ces derniers doivent désormais passer un examen de conduite plus poussé, ainsi qu'un test écrit d'anglais. Ils doivent également souscrire à des assurances pour le transport de passagers. La régie de transports londonien TfL s'est pour partie alignée avec cette politique de durcissement en ajustant de nouveaux tarifs pour l'octroi de licences. Alors que la licence coûtait précisément 2826 livres il y a cinq ans, elle s'élève aujourd'hui à 2,9 millions de livres (3,2 millions d'euros) désormais. TfL fait valoir que l'explosion du marché des VTC lui a ajouté une charge considérable de travail, sur le plan administratif mais aussi répressif -puisque ses agents doivent désormais contrôler près de 116.000 chauffeurs privés.

L'octroi d'une nouvelle licence n'est pas le seul défi juridique auquel Uber est confronté au Royaume-uni. L'entreprise doit faire appel le 27 septembre d'une décision de justice rendue en octobre 2016, qui estime que les chauffeurs Uber britanniques sont des «salariés» et non des sous-traitants indépendants. Uber leur doit donc un salaire minimum et des congés. Une telle décision bouleverse le modèle économique de l'entreprise, qui joue sur son statut de plateforme pour se soustraire des règles auxquelles sont soumis ses concurrents et dégager un bénéfice supplémentaire.

Avec AFP

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