
Le monde agricole et agroalimentaire attendait beaucoup du discours du chef de l'Etat, Emmanuel Macron, après les premiers travaux des Etats généraux de l'alimentation. Il a eu des réponses point par point, un engagement du gouvernement à les accompagner, assorti de l'exigence d'une profonde réorganisation des filières au profit d'une plus grande efficacité économique. Une forme de donnant-donnant.
« Il n'est plus possible qu'un tiers des agriculteurs vivent avec moins de 350 euros par mois. Ils doivent pouvoir vivre dignement de leur travail. Cela nous conduit à revisiter les équilibres actuels », a déclaré le président lors d'un déplacement sur le marché de Rungis. Aucun échelon, qu'il s'agisse des producteurs, des entreprises agroalimentaires ou des distributeurs ne va pouvoir continuer comme si de rien n'était. « Il en va de la souveraineté alimentaire de la France ».
La course au prix le plus bas doit cesser, ainsi que les promotions permanentes. Le seuil de revente à perte (SRP) en deçà duquel les enseignes n'ont pas le droit de vendre sera remonté. Une loi sera proposée dès le début 2018, sous forme d'ordonnances pour aller vite, qui inverse la construction des prix. A l'avenir ils seront calculés à partir du coût de production agricole au lieu d'être imposés par les distributeurs. « Je souhaite un engagement de toutes les parties et que les négociations commerciales qui démarrent reflètent d'ores et déjà cette nouvelle logique ».
Un plan filière par filière
C'est toute une organisation collective nouvelle qu'attend le chef de l'Etat en échange. Elle aura pour objectif que les agriculteurs puissent vivre du prix qui leur est payé et que l'alimentation gagne en qualité. En France cela devrait contribuer à regagner la confiance des consommateurs et les convaincre de payer un peu plus cher.
Le président attend d'ici la fin de l'année « des plans filière par filière ». Il demande ainsi aux agriculteurs de se grouper en vraies organisations commerciales dotées d'objectifs de production adaptés à des débouchés, en France, comme sur le marché mondial. Chaque filière doit être capable d'évaluer ses coûts de production, de définir des prix justes et de s'engager sur des volumes et des qualités (bio, label, AOC etc...) respectueuses de l'environnement. A charge pour chacune d'entre elles de définir les termes des contrats avec les entreprises. Ces contrats seront pluriannuels sur trois à cinq ans pour plus de visibilité.
L'Autorité de la Concurrence qui « a donné l'impression à certains de les poursuivre » devra fournir un cadre clair aux filières pour faciliter le regroupement de l'offre et la fixation des prix.
Tous ces changements obligeront à des restructurations et des investissements qui devront déboucher sur « des modèles plus productifs et capables d'affronter la concurrence internationale ». L'Etat accompagnera la transition grâce aux 5 milliards d'euros pris sur le plan d'investissement général promis par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. S'agissant des grands accords internationaux en cours (CETA et Mercosur), le président a précisé qu'« il n'y a pas matière à se précipiter avant d'en avoir bien évalué toutes les conséquences ».
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