Le FMI s'est montré très optimiste mardi sur les perspectives de croissance mondiale. Après une hausse de 3,2% en 2016, le produit intérieur mondial (PIB) devrait progresser de 3,6% cette année, et 3,7% l'an prochain, soit une légère amélioration de 0,1 point par rapport aux précédentes prévisions de juillet, indique l'institut de Washington dans son rapport semestriel sur la conjoncture mondiale. Les pays de la zone euro, la Chine, le Japon, le Canada et les Etats-Unis ont notamment contribué au regain d'optimisme du FMI. Pour 2017, leurs prévisions sont ainsi relevées respectivement à +2,1%, +6,8%, +1,5%, +3% et +2,2%. Christophe Barraud, chef économiste chez Market Securities, lauréat du classement Bloomberg des meilleurs prévisionnistes pour les statistiques américaines de 2012 à 2016, analyse pour Challenges ces estimations.
Comment jugez-vous ces prévisions annoncées par le FMI?
Ces chiffres sont meilleurs que ceux qui étaient attendus. Une croissance à 3,6%, c'est du jamais vu depuis 2014. La Chine a montré en 2017 que sa vieille économie a été particulièrement résiliente, notamment à travers de gros investissements dans les infrastructures. L'Europe est également la bonne surprise de l'année. La consommation et les investissements sont nettement plus soutenus qu'en 2016. La zone euro est moins vulnérable qu'un an plus tôt. Quant aux États-Unis, le pays se maintient au-dessus des 2%, ce qui reste solide alors que le pays a connu une alternance politique houleuse et que le secteur pétrolier souffre même s'il repart peu à peu. Le Japon aussi a accéléré en 2017. Ces chiffres sont d'autant plus appréciables que 2017 a été marquée par une vague d'incertitudes politiques importante avec notamment l'arrivée au pouvoir de Donald Trump et de fortes tensions au Brésil ou en Afrique du Sud. Malgré cela, le commerce mondial a augmenté de 5 à 7% en une année (l'Insee a indiqué la semaine dernière qu'elle attendait une croissance des échanges mondiaux de 5,4 % en 2017, Ndlr). Les pays développés ont importé beaucoup plus de marchandises qu'en 2016.
Qu'en est-il des pays émergents?
Pour eux aussi la situation s'améliore. Beaucoup d'entre eux ont été très durement frappés par la chute des cours du pétrole. Avec la remontée progressive du prix du baril, leurs revenus ont crû d'environ 10-15%. C'est une réelle bouffée d'air frais. Au rang des déceptions on peut toutefois citer l'Inde où la croissance décline fortement.
Le FMI a avancé ce mardi que la hausse des dépenses publiques mondiales expliquait aussi ces bons chiffres.
Tout à fait. Ces dépenses ont crû, particulièrement au Japon, en Corée du Sud et en Chine où les dépenses d'infrastructures devraient dépasser cette année les deux trillions de dollars. Cela est aussi vrai en Europe. La dépense publique a été très bénéfique à la croissance mondiale.
Quelles sont les principales menaces pour les années qui viennent?
La réforme de la fiscalité de Donald Trump va être scrutée avec attention par les marchés. Il va aussi falloir être attentif à la Chine où l'indice des prix progresse moins qu'en début d'année, notamment pour ce qui touche la vieille économie. L'immobilier chinois croît notamment plus faiblement qu'avant. Le FMI s'inquiète en particulier de la possibilité que les autorités chinoises ne parviennent pas à maîtriser l'expansion du crédit. L'envolée de l'endettement public et privé a certes conforté la croissance chinoise mais elle a diminué la stabilité financière. Il y a enfin les risques liés aux tensions géopolitiques avec la Corée du Nord ou s'agissant du nucléaire iranien. Cela pourrait entraîner un choc négatif sur les marchés.
https://www.challenges.fr/economie/chine-etats-unis-europe-pourquoi-l-economie-mondiale-se-porte-bien_505319Bagikan Berita Ini
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