
Un long face-à-face a opposé mardi 3 octobre, sans animosité, à l'usine Whirlpool d'Amiens Emmanuel Macron au député LFI François Ruffin sur la question des intérimaires, le chef de l'Etat affirmant qu'il ne "toucherait pas au plan social et au plan de reprise". Cinq mois après sa visite houleuse sur le site de Whirlpool dans la Somme, où le finaliste de la présidentielle avait déjà été interpellé par François Ruffin, alors candidat aux législatives, le désormais président de la République a eu un long échange avec le député.
"Moi, je n'ai pas envie de faire capoter le plan social et le projet actuel", a-t-il répondu, interpellé par François Ruffin sur le cas particulier des intérimaires. François Ruffin plaidait pour "un engagement des pouvoirs publics pour pouvoir mettre au clair la question des intérimaires et éviter que des gens se retrouvent à poil, sans rien". "C'est votre responsabilité", a lancé au chef de l'Etat le réalisateur de "Merci, patron!".
"Je suis très sensible au sujet des intérimaires, mais moi je ne toucherai pas au plan social et au plan de reprise", a martelé Emmanuel Macron, qui portait un gilet jaune comme les autres visiteurs, dont le repreneur. "Aller faire du contentieux aujourd'hui, alors que la priorité est de créer de l'emploi et de l'activité (...), non, je ne vais pas vous faire de la pipe, j'ai toujours dit la vérité. Donc, ça c'est une mauvaise idée", a-t-il encore souligné.
Le sort incertain de 250 intérimaires
Le site d'Amiens emploie 300 CDI, 250 intérimaires en quasi-temps plein et une centaine chez le sous-traitant pour les plastiques Prima. Devant plusieurs salariés, le chef de l'Etat a salué chez Whirlpool "un dialogue social qui fonctionne" et s'est félicité de cette "première étape franchie". "Donc, c'est une dynamique" même si "je ne dis pas qu'on va tout réparer en six mois", a-t-il ajouté.
Communiqué : nous demandons une enquête sur les oubliés de #Whirlpool#Amiens : les intérimaires. #Macronpic.twitter.com/ihFHd4hgMh
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) 3 octobre 2017
"Moi, je suis pour qu'il y ait plus de dialogue social dans l'entreprise. La réforme (du code du travail ndlr), qui peut être contestée, elle évite, je pense, d'avoir le marché du travail tel qu'il est aujourd'hui: vous avez les gens dans l'entreprise qui ont la protection" et ceux qui n'ont pas d'emploi. "Ici, c'est un bon exemple. Si vous êtes là, c'est grâce à vous! Ici, il n'y a pas eu la politique du pire qui a été tenue par les salariés comme par les organisations syndicales. Ca paie !", a-t-il insisté.
Le dossier Whirlpool Amiens a connu le 12 septembre un dénouement heureux mais restant à concrétiser avec la signature d'un accord entre le groupe d'électroménager et l'industriel picard Nicolas Decayeux pour "réindustrialiser" le site, promis à la fermeture en juin 2018. Emmanuel Macron avait promis aux salariés Whirlpool qu'il reviendrait. Aujourd'hui le président de la République savoure son plaisir en s'offrant cette tribune médiatique qui lui permet de masquer d'autres sujets industriels beaucoup moins favorables comme l'équipementier automobile GM&S. Le dossier Whirlpool s'était invité à la Une lors de la présidentielle, avec la venue concomitante et très médiatisée, dans l'entre-deux tours, des deux finalistes Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
(avec AFP)
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