Malgré des sursauts provoqués par les déclarations et promesses de Patrick Drahi, l'action Altice continue à sérieusement dévisser. Ce mercredi, elle perdait encore près de 8% à la mi-journée passant sous la barre des 8 euros, la valorisation du groupe a fondu de 50% depuis le début du mois. Un cauchemar pour les actionnaires, surtout les plus petits.
Le cours d'Altice sur un an
Evidemment, une telle chute suscite des idées judiciaires. Des actionnaires annoncent leur intention de déposer plainte à Paris, selon leur conseil Me Frédérik-Karel Canoy "une cinquantaine d'actionnaires" l'ont sollicité. La plainte vise le chef de "diffusion d'informations fausses ou trompeuses", les actionnaires estiment par ailleurs qu'Altice a "minoré sa dette" et affirmé à tort "avoir un contrôle absolu sur cette dernière".
Un opportunisme qui ulcère quelque peu le groupe qui n'a pas tardé à réagir avec force. Altice publie ses informations financières "dans la plus grande transparence", a indiqué à l'AFP le porte-parole du groupe, Arthur Dreyfuss. "Altice est une entreprise cotée (...) qui publie, sous le contrôle des régulateurs et des autorités compétentes, tous les trois mois, toutes ses informations financières dans la plus grande transparence", poursuit-il.
"Nous invitons donc à la plus grande prudence sur ce qui s'apparente être surtout une manipulation, une manoeuvre malveillante de communication et une tentative de déstabilisation médiatique", a-t-il ajouté.
Le niveau de la dette et ses origines, les acquisitions multiples du groupe, n'ont en effet jamais été un secret et ce n'est pas comme si Altice avait perdu brutalement 30% d'Ebitda en un trimestre. Surtout, les actifs existent et ils ne sont pas anecdotiques, en France mais aussi et surtout aux Etats-Unis. Peut-on y voir une manoeuvre de déstabilisation voire de spéculation à la baisse ?
Toujours est-il que la séquence dans sa globalité rappelle furieusement l'épopée Vivendi de Jean-Marie Messier ou quand la grenouille veut avaler le boeuf. Comme Altice, Vivendi est au départ un câblo-opérateur de la Compagnie générale des eaux, qui multiplie à grande vitesse les acquisitions en plein essor du Web à la fin des années 1990 et qui change de nom afin de mieux coller à son nouveau profil.
Vivendi s'offre des pépites : Canal+, SFR et surtout le géant américain Universal avec un plan simple : celui de la convergence des contenus et des tuyaux. Déjà. Mais à cette époque, les tuyaux ne sont pas dimensionnés pour cette ambition, le haut débit est balbutiant et le doute s'installe.
Les résultats tardent à venir et alors que la bulle Internet éclate et que la dette reste colossale : plus de 30 milliards d'euros. Comme Altice, le cours de Vivendi s'effondre à grande vitesse : 120 euros en 2000, 9 euros en 2002... Jean-Marie Messier doit faire face à la fronde des actionnaires qui formulent à peu près les mêmes accusations tenues aujourd'hui contre Drahi : la réalité financière a été dissimulée, la stratégie n'est pas la bonne, on nous a menti. Après plusieurs démissions au sein du conseil d’administration, "J6M" finit par quitter le groupe...
La comparaison doit s'arrêter là car si Vivendi avait raison trop tôt (la convergence est la seule stratégie à adopter par les opérateurs afin que leurs tuyaux ne soient pas des simples commodités), Altice a aujourd'hui théoriquement toutes les cartes en main pour réussir : le très haut débit fixe et mobile, les contenus. Mais peut-être pas les bons contenus.
"C'est la seule stratégie qui peut réussir mais selon moi, Altice a peut-être payé trop cher des contenus qui n'intéressent pas suffisamment les clients français. La Ligue 1 intéresse bien plus que le championnat anglais. C'est ce type de contenu qui permet une rentabilité directe (facturation du service) mais aussi indirecte comme levier de recrutement et pour faire baisser le churn", nous glisse un expert du marché.
Mais ce dernier épingle également les graves erreurs stratégiques d'Altice : "Les augmentations de tarifs imposées ont très mal été perçues. Ils se sont tirés une balle dans le pied. Si on y ajoute la mauvaise image qui reste accrochée au groupe suite à ses déboires de qualité de service, la reconquête sera difficile".
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