
C'était une promesse d'Henri Proglio, que son successeur à la tête d'EDF, Jean-Bernard Lévy, avait reprise à son compte : dégager en 2018 un cash-flow positif. Autrement dit, faire entrer plus d'argent dans l'entreprise qu'il n'en sort chaque année, afin de rassurer des marchés financiers inquiets de voir les dépenses opérationnelles et les investissements dépasser chaque année les ventes d'électricité et de gaz.
Alors que l'objectif était réaffirmé chaque année, EDF a annoncé ce lundi qu'il n'était plus à même de le garantir, prévoyant désormais un cash-flow « légèrement positif ou proche de l'équilibre » l'an prochain. Le cours du titre a accusé le coup, avec une chute de 12 % en fin de matinée, à 10,32 euros (ce qui pourrait constituer sa plus forte chute en une seule séance depuis plus de dix ans).
Alors qu' EDF a déjà révisé il y a dix jours sa prévision d'Ebitda pour 2017 (désormais prévu entre 13,4 et 14 milliards d'euros), il a également revu à la baisse son objectif pour l'an prochain, entre 14,6 et 15,3 milliards d'euros, contre au moins 15,2 milliards d'euros anticipé précédemment. L'objectif de ratio d'endettement sur Ebitda sera lui aussi dégradé, à 2,7 au lieu de 2,5.
« Moindre disponibilité » du nucléaire
Plusieurs facteurs viennent justifier cet abaissement des prévisions. La production nucléaire, en nette baisse depuis l'an dernier, devrait à nouveau souffrir d'une « moindre disponibilité de certaines tranches nucléaires au début de 2018 », a indiqué EDF dans un communiqué. La semaine dernière, le directeur du parc nucléaire a pointé, lors d'une audition à l'Assemblée nationale, des difficultés de recrutements chez ses sous-traitants pour mener dans les délais les travaux lors des arrêts de tranches nucléaires.
Vingt réacteurs sur 58 sont encore à l'arrêt en ce début de saison froide. Alors que la grande majorité d'entre eux doit, selon le site de RTE, redémarrer d'ici la fin du mois, cela laisse augurer de nouveaux retards. Deux tranches sont en outre à l'arrêt pour encore plusieurs mois en raison d'avaries (Paluel 2) ou de falsifications de dossiers de la part d'Areva sur des composants critiques (Fessenheim 2).
« Erosion de la consommation »
Pour justifier la révision de sa prévision d'Ebitda l'an prochain, EDF évoque par ailleurs « l'érosion attendue de la consommation d'électricité en France ». Une tendance pourtant déjà à l'oeuvre depuis plusieurs années. Les pertes de parts de marché d'EDF se sont en revanche accélérées ces derniers mois. S'il fournit encore 84 % des sites résidentiels, EDF a perdu un demi-million de sites clients au premier semestre. Et il avait déjà perdu entre un quart et 30 % de ses volumes dans les entreprises et les collectivités avec la fin des tarifs réglementés.
En réponse, EDF, qui publie son chiffre d'affaires au troisième trimestre ce mardi, promet une (légère) accélération de son plan d'économies, à 800 millions d'euros au lieu de 700 millions l'an prochain (par rapport aux dépenses de 2015). De même, le plan de cession de 10 milliards d'euros sera totalement réalisé d'ici fin 2018, soit avec deux ans d'avance sur les prévisions.
Cessions d'actifs
Le groupe a notamment cédé 49,9 % de RTE pour plus de 4 milliards d'euros, et s'apprête à finaliser la cession de ses grands actifs au charbon en Pologne, pour environ 1 milliard d'euros. Il lui reste à céder sa participation dans plusieurs centrales nucléaires américaines (CENG), dont la valeur s'est toutefois dépréciée ces dernières années.
EDF, qui avait réduit ses investissements (nets, hors Linky, nouveaux développements et cessions d'actifs) pour améliorer son cash-flow a en revanche annoncé ce lundi lâcher un peu la bride, avec une prévision de 11 milliards l'an prochain, contre 10,5 milliards prévus.
VIDEO - EDF : le court-circuit
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