
Avec le nouveau plan à horizon 2020, " l'idée consiste à mettre la Société Générale dans une position forte, grâce à une croissance supérieure à nos pairs, rentable et durable ", a expliqué Frédéric Oudéa ce 28 novembre. Pour y parvenir, le programme ne présente pas de rupture stratégique majeure. Mais il promet des réalisations opérationnelles ambitieuses. Plus d'un milliard d'euros d'économies sont prévues sous quatre ans, notamment grâce à une restructuration en profondeur de la banque de détail, qui pèse un tiers de l'activité. En France, pour s'adapter à la digitalisation accélérée de la relation client, 300 agences vont fermer d'ici à 2020 et 900 suppressions de postes s'ajouteront aux 2.500 annoncées début 2016.
Paradoxalement, ce plan risque de réveiller le spectre qui suit depuis de nombreuses années la banque rouge et noir : l'hypothèse que l'établissement passe, dans les prochaines années, sous pavillons étranger.
De nombreux attraits pour un repreneur
Frédéric Oudéa en a convenu lors de la présentation de son programme intitulé " transform to grow " : d'ici dix ans, " il y aura moins de banques " en Europe. A coup de fusions transfrontalières, il imagine in fine un marché à l'Américaine, avec quatre ou cinq établissements globaux, présent dans toutes les activités bancaires (détail, marché, etc.). A leurs côtés subsisteraient des établissements à vocation purement nationale.
Problème, dans ce schéma, la Société Générale n'apparaît pas du bon côté de la barrière. " La banque n'a pas les moyens de racheter plus qu'une banque nationale, en aucun cas un grand acteur européen ou international ", relève un consultant du secteur. Elle ne se trouve donc pas parmi les chasseurs mais se présente comme une proie idéale. La banque offre en effet de nombreux attraits pour un repreneur potentiel. Frédéric Oudéa les a inventoriés devant les investisseurs. Boursorama, qui compte 1,2 millions de clients, est bien installé parmi les établissements purement en ligne. Le nouveau plan promet de propulser cette entité à 2 millions de clients sous quatre ans, suivant " une stratégie à la Amazon : conquête, conquête, conquête ! ", a martelé Frédéric Oudéa. Autre point fort : la banque reste mondialement reconnue dans son activité de marché sur les produits dérivés. Et elle bénéficie d'implantations prometteuses, à commencer par l'Afrique et la Russie.
Capitalisation boursière insuffisante
Pour autant, malgré ces atouts, l'établissement reste de taille limitée – et donc à la merci d'un voisin ambitieux. La capitalisation boursière de la banque s'affiche à moins de 35 milliards d'euros, bien loin de son compatriote, BNP-Paribas, à près de 80 milliards d'euros. Et la comparaison est encore plus douloureuse avec HSBC, qui approche les 200 milliards d'euros.
" La question n'est pas de savoir si la Société Générale sera adossé à un plus grand acteur, mais quand ", tranche un consultant. Cette problématique ressurgit de manière aigue et récurrente depuis près de 20 ans : c'est d'ailleurs pour sortir de sa solitude que la banque alors dirigée par Daniel Bouton avait tenté un rapprochement avec Paribas en 1999 – qui lui sera finalement soufflé par BNP.
La Banque de France pousse aux fusions
Un responsable de la Société Générale se veut toutefois rassurant : une fusion ne pourrait se produire dans le cadre d'une bataille homérique, comme celle de BNP Paribas. Les régulateurs se montrent particulièrement soucieux que les opérations de grande ampleur se fassent sur une base " amicale ".
Autre élément à prendre en compte : le coût de l'acquisition d'un acteur comme la Société Générale serait très élevé. Les pouvoirs publics ont sensiblement relevé les curseurs des ratios prudentiels depuis la crise de 2008, en particulier pour les groupes les plus importants. Ce qui n'empêche pas les régulateurs de promouvoir activement l'idée d'une consolidation bancaire européenne. Ce 22 novembre, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a lui-même milité pour " des consolidations transfrontières saines et solides [qui] permettraient aux banques de mieux diversifier leurs risques dans l'ensemble de la zone euro et d'orienter plus efficacement l'épargne vers l'investissement productif ".
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