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Ce qu'il faut retenir des manifestations en Iran

Manifestation prorégime, le 30 décembre 2017.

L’essentiel

  • Deux personnes ont été tuées dans la nuit de samedi à dimanche, lors de heurts dans la ville de Doroud, selon le vice-gouverneur de la province de Lorestan, qui affirme que des « agents étrangers », et non la police</a>, sont responsables de leurs décès.
  • Samedi 30 décembre, à Téhéran, des centaines de personnes ont manifesté à l’intérieur de l’université de Téhéran et dans les rues avoisinantes, avant d’être dispersées par la police antiémeute. Plus tôt dans la matinée, des rassemblements prorégime se sont également tenus partout dans le pays, commémorant l’anniversaire de la fin de « sédition », le mouvement né à la suite de la réélection controversée de l’ancien président, l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, en juin 2009.
  • Jeudi et vendredi, des manifestations avaient déjà été organisées dans plusieurs villes</a> de province.

Le contexte

Dans les rassemblements qui rythment la vie du pays depuis jeudi, les manifestants chantent des slogans contre tout le pouvoir</a>. Les manifestations ont commencé d’abord à Machhad (Est), avec des slogans contre la corruption et la situation économique du pays, étranglée par les sanctions internationales qui restent en place malgré l’accord sur le dossier nucléaire</a> de l’Iran, et contre le président Hassan Rohani. Très rapidement, les manifestations ont pris une tournure politique</a>, visant tout le système et même la diplomatie</a> régionale de Téhéran, notamment son engagement financier et militaire en Syrie</a>, aux côtés du président Bachar Al-Assad.

La promesse de relancer</a> l’économie, affaiblie par les sanctions, a été au cœur des campagnes présidentielles de M. Rohani, un religieux modéré réélu en mai dernier pour un deuxième mandat. Le président a obtenu la levée de certaines sanctions économiques après l’accord international</a> sur le nucléaire iranien</a> de 2015 et il a réussi à maîtriser</a> l’inflation à environ 10 %. Mais le taux de chômage demeure élevé (12 %), selon des chiffres officiels.

C’est la première fois qu’autant de villes sont touchées depuis l’élection présidentielle de 2009 et le mouvement contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Le pouvoir a d’ailleurs mobilisé samedi des dizaines de milliers de personnes dans le pays pour marquer</a> l’anniversaire du grand rassemblement prorégime qui avait sonné en 2009 la fin de ce mouvement.

Le régime tente de réprimer</a> le mouvement

Le ministre de l’intérieur iranien, Abdolreza Rahmani Fazli, a mis en garde dimanche matin ceux qui « utilisent la violence et créent du désordre » après une nouvelle nuit de violence à travers le pays. Des dizaines de personnes ont été arrêtées depuis jeudi, la plupart ont été libérées selon la télévision d’Etat.

Selon l’agence Ilna, proche des réformateurs, « 80 personnes ont été arrêtées à Arak (centre</a>) alors que trois ou quatre personnes ont été blessées » dans les violences qui ont touché la ville samedi soir. « Des individus ont tenté d’attaquer des bâtiments publics mais n’ont pas réussi (…) la situation de la ville est sous contrôle », a déclaré un responsable local cité par Ilna, qui n’a pas donné son identité.

Des vidéos</a> diffusées sur la messagerie cryptée Telegram montrent des milliers de manifestants criant notamment « mort au dictateur », présentant ces rassemblements comme ayant eu lieu dans les villes de Khorramabad, Zanjan ou Ahvaz, dans l’ouest du pays. Ces images étaient cependant invérifiables dans l’immédiat. Sur Twitter</a>, le ministre des télécommunications, Mohammad-Javad Jahormi, a accusé la messagerie cryptée Telegram, très suivie en Iran</a>, d’encourager le « soulèvement arm</a>é ». L’Internet sur les réseaux de téléphonie mobile</a> a été coupé samedi soir puis rétabli dans la nuit.

Samedi soir, lors d’une intervention télévisée, le porte-parole du gouvernement Mohammad Bagher Nobakht a nié la hausse du prix de l’essence de 50 %, jadis annoncée pour la nouvelle année iranienne, qui commence le 21 mars 2018. Une manière pour le président Rohani de répondre</a> aux revendications économiques des manifestants. Pour l’heure, ni le guide suprême Ali Khamenei, la plus haute autorité iranienne, ni le président Rohani ne se sont exprimés sur les événements.

La citation

« Le monde</a> entier comprend que le bon peuple d’Iran veut un changement, et qu’à part le vaste pouvoir militaire des Etats-Unis, le peuple iranien est ce que ses dirigeants craignent le plus », atweeté le président des Etats-Unis, Donald Trump</a>, reprenant des extraits de son discours du 19 septembre à l’Assemblée générale des Nations unies.

M. Trump avait déjà fermement dénoncé les arrestations en Iran, vendredi. Les relations entre les Etats-Unis et l’Iran sont au plus mal depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui promet de retirer les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 à Vienne, accusant son prédécesseur de laxisme envers Téhéran.

L’image

Des centaines d’étudiants se sont rassemblés samedi devant l’université de Téhéran, où ils ont été dispersés après une confrontation avec la police antiémeute, qui a fait usage de gaz lacrymogène.

Des étudiants iraniens font face à la police antiémeute, devant l’université de Téhéran, le 30 décembre 2017.

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http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/12/31/ce-qu-il-faut-retenir-des-manifestations-en-iran_5236261_3218.html

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