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Les curieuses fiançailles de Gemalto avec Thales

Gemalto n’avait pas mis toutes les cartes sur la table. Pendant que le géant de la carte à puces rejetait les avances du groupe français Atos, il se laissait courtiser par un autre Français, le groupe Thalès qui, ce dimanche matin, a annoncé les fiançailles entre les deux entreprises de sécurité numérique.

Jeudi matin, dans les colonnes des Echos, le directeur général de Gemalto, Philippe Vallée, avait rejeté sans hésiter l’offre publique d’achat (APA) « amicale » du groupe Atos. L’entreprise française de cybersécurité dirigée par Thierry Breton avait proposé le 30 novembre de racheter chaque action à 46€, soit une valorisation de Gemalto à 4,3 milliards d’euros. « Une offre juste. Nous offrons même un bonus de 42% par rapport au cours de vendredi dernier (32,46€), malgré le parcours chaotique de Gemalto ces derniers mois », insistait vendredi dans nos colonnes Thierry Breton en refusant de revoir son offre à la hausse.

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Coup de théâtre donc ce dimanche matin. « Thales et Gemalto créent le leader mondial de la sécurité digitale », clame haut et fort Gemalto sur son site internet, en annonçant la signature d’un « accord de rapprochement » avec le géant de la sécurité, de la défense et du spatial qui réalise 18 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, soit 15 de plus que Gemalto. Les deux experts en sécurité se sont entendus sur un prix d’achat par action de 51€, soit une valorisation de Gemalto à 4,8 milliards d’euros. Thalès ne s’engage pas formellement sur l’emploi, contrairement à Atos, mais indique qu’il reprend les 15 000 salariés de Gemalto, société de droit hollandais, créée en 1988 à Marseille.

Fiançailles sous conditions !

Mais autre élément étonnant de ce deal hors norme, cette annonce est assortie d’une condition suspensive : « l’absence de toute offre supérieure », avec cette précision encore plus surprenante, si une nouvelle offre était déposée, elle devrait être au moins égale à 109% de celle de Thales, comprenez : de 9% supérieure à celle de Thales.

Dans les années 1980, on appelait cette pratique, lors d’une tentative d’acquisition, le « chevalier blanc ». Une entreprise cherchant à se faire racheter trouvait une « complice » pour faire une offre de bon niveau, obligeant tout autre prétendant à surenchérir sur une base élevée.

Gemalto et Thales sont-ils dans ce cas de figure ? En tout cas, le communiqué qui s’évertue à démontrer tout l’intérêt, pour les deux entreprises, de s’associer pour créer un leader mondial, se trouve pour le moins mis à mal par cette condition suspensive. Imagine-t-on un ou une fiancée, aller à la mairie pour se marier en disant à son conjoint : « si en chemin je trouve mieux que toi, ce mariage ne se fera pas » ?

Interrogé, le groupe Atos, sans doute un peu sonné par cette annonce, se refuse à tout commentaire. Lorsque nous l’avions interrogé jeudi dernier, Thierry Breton s’affichait sûr de lui, assurant qu’il avait regardé de près le secteur et que son offre était « la meilleure au monde »... L’ex-ministre de l’Economie et des Finances, n’avait manifestement pas vu venir le coup de Thales. Il faudra maintenant observer la réaction des marchés dès l’ouverture de la bourse ce lundi matin.

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