
Pour l'instant ce ne sont que des fiançailles mais l'union a beaucoup de chances d'aboutir. En dégainant dimanche une offre surprise à 4,8 milliards d'euros sur Gemalto, Thales frappe un grand coup . A 51 euros par action Gemalto, contre 46 euros pour l'offre d'Atos, elle offre une prime de 57 % par rapport au prix de clôture du 8 décembre.
Dotée d'un prix attractif, l'offre apparaît également plus amicale que celle formulée par Atos, rejetée par l'ancien roi de la carte à puce . Elle a reçu l'avis 100 % favorable des conseils d'administration des deux probables futurs mariés.
Une contre-offre d'Atos reste théoriquement possible. Mais elle semble difficile, car cela signifierait de renchérir sur un prix déjà élevé... Atos doit réunir dimanche soir son conseil d'administration pour décider, ou pas, de poursuivre la partie.
Discussions informelles
Cela fait plusieurs mois déjà que les discussions informelles ont été engagées entre Thales et Gemalto en vue d'un rapprochement. Pour Thales, cette acquisition, qui serait la plus importante de son histoire, va dans le sens de son investissement de plus en plus fort dans les quatre grandes technologies du digital : connectivité des plates-formes, big data, intelligence artificielle et cybersécurité.
Contrairement à Atos déjà très présent dans les activités de paiement électronique, Thales n'opère guère dans les mêmes métiers que Gemalto. Environ 70 % des activités de ce dernier sont complètement en dehors du champ de Thales, notamment le paiement via les cartes à puces. Les deux groupes estiment néanmoins pouvoir s'apporter des compétences mutuelles pour former un leader mondial de la sécurité numérique.
Ensemble, ils font la promesse d'être capable de sécuriser tout type de plates-formes (trains connectés, drones, avions de chasse, soldats connectés...) de bout en bout. Et en maîtrisant toute la chaîne : des puces électroniques à la communication de données, en passant par la gestion de ces flots de données, l'intelligence artificielle (déclenchement de tirs automatiques, trajectoires automatiques, sécurité des trains...). Le nouvel ensemble entend aussi marquer des points dans le volet cybersécurité.
En cas de succès de cette OPA, Gemalto deviendrait une nouvelle « business unit » de Thales, lui apportant 3 milliards de chiffre d'affaires supplémentaire (portant le total à18 milliards), ce qui offrirait la garantie de ne pas être démantelé. Philippe Vallée, le patron de Gemalto resterait en poste et entrerait au comité exécutif de Thales.
Quid des cartes à puce ?
Pour autant, l'opération présentée dimanche ne permettra pas à Gemalto de régler tous les problèmes auxquels le groupe est actuellement confronté. D'abord, rien n'est dit sur l'activité déclinante des cartes à puces de Gemalto qui représente 66 % de son chiffre d'affaires. Atos avait, lui, précisé qu'il l'adosserait à un partenaire. Le silence de Thales sur cette question ouvre la porte à toutes les hypothèses sur ce que cette activité pourrait devenir à terme.
Une autre question se pose dans la mesure où l'Etat est l'un des principaux actionnaires de Thales (aux côtés de Dassault, environ un quart du capital chacun). Cela pourrait freiner certains clients, en particulier américains. « Il existe des clauses dans certaines entités américaines qui interdisent de faire appel à un prestataire qui est en partie contrôlé par l'Etat », explique un connaisseur.
Dans cette affaire, l'Etat s'est manifestement efforcé de faire preuve d'une forme de neutralité bienveillante. Il n'avait pas fermé la porte à l'offre d'Atos sur Gemalto qui aurait permis d'ancrer le leader de la carte à puce en France. Il est aujourd'hui prêt à soutenir l'offre de Thales qui permet également de conforter l'un des rares champions français de l'industrie numérique.
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