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Lactalis : l'État envisage des sanctions

Le chef de l'État s'exprimé ce matin sur l'affaire du lait contaminé produit par le géant laitier, tandis que le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a évoqué ce matin une «affaire grave» et «des comportements inacceptables qui seront sanctionnés». La direction de Lactalis et les distributeurs sont convoqués à Bercy.

L'affaire du lait contaminé produit par Lactalis a fait réagir au plus haut sommet de l'État. «Si des sanctions doivent être prises, elles seront prises», a indiqué ce jeudi Emmanuel Macron, en déplacement à Rome, avant de rappeler que «l'Etat français est en mesure d'assurer la sécurité alimentaire». Le président de la République s'est exprimé lui-même sur l'affaire du lait contaminé produit par Lactalis après que deux de ses ministres ont eu des mots très durs vis à vis les acteurs de cette affaire.

Ce jeudi matin, les ministres de l'Économie Bruno Le Maire et de l'agriculture Stéphane Travert ont défendu l'action publique dans le dossier du lait contaminé produit par Lactalis. Agnès Buzyn, ministre de la Santé et accompagnante du voyage présidentiel en Chine ne s'est pas jointe à l'opération de pédagogie, qui a avant tout consisté en une attaque en règle de Lactalis et de la grande distribution, accusés de «comportements inacceptables» dans cette crise sanitaire de grande ampleur.

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Une «affaire grave»

C'est Stéphane Travert qui est monté au créneau le premier pour présenter la riposte gouvernementale, ce jeudi matin. En marge d'une conférence de presse sur le salon de l'agriculture prévu fin février, le ministre de l'Agriculture a rejeté la faute sur les acteurs privés, évoquant un «dysfonctionnement majeur» dans le rappel des boîtes de lait infantile. Après que les distributeurs ont admis des ventes de produits illicites dans leurs magasins, le ministre a appelé les acteurs à «faire toute la lumière» sur les défaillances constatées avant de reprendre les productions. Ce matin, 250 des 327 salariés de l'usine Lactalis de Craon ont en effet été mis en chômage partiel après l'arrêt de la production sur le site.

Mais la véritable réponse politique est venue de Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, qui a donné dans la foulée une conférence de presse dédiée à l'affaire. Accompagné de Virginie Beaumeunier, directrice générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), le locataire de Bercy a d'abord tenu à rappeler la chronologie des faits, et salué la réactivité des organismes sanitaires publics, ces derniers ayant rapidement demandé à Lactalis des retraits importants de marchandise à risque.

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Et c'est un euphémisme de dire que l'entreprise mayennaise n'a pas été épargnée par le ministre. Lactalis n'ayant pas «donné suite à la demande de retrait immédiat», l'État s'est «substitué à une entreprise défaillante» et a ordonné la suspension de la commercialisation de tous les produits suspects, poursuivait le ministre dans un réquisitoire particulièrement ferme. La direction de Lactalis s'est vue «convoquer» dès demain vendredi dans le bureau du ministre, après les enseignes de la grande distribution qui doivent y défiler dès ce jeudi soir. Le ministre a fermement martelé qu'il s'agissait de «comportements inacceptables qui seront sanctionnés».

Ne manquait pas d'être rappelée également l'enquête préliminaire ouverte le 22 décembre par le parquet de Paris, suite au travail de la DGCCRF et à des plaintes de consommateurs. Concernant les grandes enseignes de distribution, qui ont échoué à isoler les produits contaminés dans leurs rayons, le ministre a demandé aux équipes de Bercy d' «établir des procès-verbaux dans les magasins qui n'ont pas tout enlevé» ou, qui ont été pris en défaut. Les procès-verbaux seront ensuite transmis à la justice, car «les distributeurs sont responsables des produits qu'ils commercialisent».

«Que chacun exerce ses responsabilités, les choses iront beaucoup mieux»

Alors que l'État et sa gestion de la crise ont été critiqués par les associations de consommateurs et les victimes mais aussi par l'opposition, le ministre s'est a contrario montré particulièrement passionné dans la défense du travail public effectué. Pour répondre aux accusations de manque de moyens de la DGCCRF (une «mauvaise polémique»), Bruno Le Maire a d'abord cité la stabilité de ses effectifs, puis souligné qu'«outre les contrôles lors de l'alerte, l'administration a procédé à 2500 contrôles dans les points de vente de produits infantiles depuis le 26 décembre», le travail ayant permis d'isoler des boîtes de lait dangereuses dans 91 d'entre eux (grandes surfaces, hôpitaux, pharmacies, crèches...).

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Voulant également montrer la prise de conscience du gouvernement dans son ensemble, le ministre a annoncé avoir ordonné 2500 nouveaux contrôles par la DGCCRF «dès la semaine prochaine». Esquissant enfin les leçons à tirer de la crise, Bruno Le Maire a prévu d'«engager une réflexion sur les moyens de sanction», avouant à demi mot le faible niveau de dissuasion actuel (les distributeurs encourent selon l'UFC-Que-Choisir une amende plafonnée à 3000 euros). Pour finir, le ministre a cité la nécessaire «transparence» comme élément-clé de son action; une qualité qu'il a par ailleurs recommandée aux entreprises brocardées, si elles veulent «préserver leur image» après cette crise sans précédent.

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