
TRANSPORT - "Pepy, convoqué!" Pour un peu, cela rappellerait un mauvais élève dans le bureau du proviseur. Ce lundi 8 janvier, le PDG de la SNCF Guillaume Pepy a rendez-vous au ministère des Transports pour une "réunion de travail" visant à tirer les leçons des incidents qui ont affecté les gares parisiennes en décembre, provoquant la colère de dizaines de milliers de passagers.
La SNCF a fait face à une succession de pannes à Montparnasse et Saint-Lazare, et à une grande pagaille due à un afflux inattendu de voyageurs à Bercy la veille de Noël. Fin juillet déjà, une défaillance de la signalisation avait paralysé Montparnasse pendant trois jours, en plein chassé-croisé estival.
"C'est un sujet de crispation ou d'incompréhension pour les voyageurs", a confié la ministre des Transports Elisabeth Borne."Ce n'est forcément pas satisfaisant pour moi - et je le dis clairement, je ne m'en satisfais pas -, les dirigeants de la SNCF ne s'en satisfont pas et, forcément, c'est aussi très pénalisant pour les cheminots, pour lesquels ce n'est pas agréable de voir leur entreprise pointée du doigt".
Actionnaire mécontent, clients furax, dysfonctionnements internes... Les PDG qui ont perdu leur poste pour moins que ça se comptent à la pelle. Pourtant, Guillaume Pepy semble immunisé contre les coups du sort. Par quel miracle?
Son mandat est entre les mains du gouvernement
Pour commencer, Guillaume Pepy a beau être le patron de la SNCF, il n'est pas responsable de tous les malheurs de son entreprise, même s'il est en poste depuis 2008. Comme il le rappelle à chaque crise, son mandat est entre les mains du gouvernement, manière subtile de jouer l'humilité tout en disant qu'aucune grande décision stratégique n'est prise sans lui.
Or, la plupart des incidents récents sont la conséquence d'une grande vague de travaux de rénovation sur le réseau classique, après des décennies de sous-investissements quand la SNCF -et les gouvernements successifs- n'avait d'yeux que pour le TGV. Depuis 25 ans, celui-ci a englouti des sommes considérables: 38% des investissements entre 1990 et 2015 pour 2% des 5 milliards de trajets effectués chaque année. Soit 30 milliards d'euros sur les 78 investis dans le rail, d'après un rapport de la commission des comptes des transports de la Nation (CCTN).
Ce Sciences Po-ENA a su se faire accepter des cheminots
Le bug informatique qui a paralysé Montparnasse début décembre a ainsi été provoqué par la manipulation malencontreuse d'un logiciel datant des années 1980, alors qu'il s'agissait d'augmenter le nombre de trains susceptibles d'entrer en gare. De tels problèmes, "il y en aura d'autres", soupire-t-on au sein du groupe public. Aujourd'hui, l'idée est de les éviter autant que possible, et d'en atténuer les effets, par exemple en détournant les trains vers d'autres gares. Et surtout de bien prévenir les passagers en cas de perturbation, ce que la SNCF fait encore mal.
A cet effet, le groupe public a lancé cet été le programme Rob.In, censé mettre l'accent sur la robustesse des services ferroviaires (Rob) malgré les chantiers, et sur l'information des voyageurs (In). La réunion de lundi doit surtout permettre de faire le point sur sa mise en oeuvre. Bref, une réunion pour la forme, sans plus.
Un allié dans un gros chantier à venir
Surtout, tout porte à croire que Guillaume Pepy ira au bout de son mandat en 2020. Selon l'Opinion, le gouvernement compte sur lui pour un autre chantier, au moins aussi explosif, à savoir la suppression des régimes des retraites spéciaux, y compris ceux des cheminots. "Macron va finir de l'user pendant deux ans", confie un parlementaire au quotidien.
Proche de Muriel Pénicaud, apprécié des syndicats internes, "il a convaincu les gouvernements successifs qu'il a l'oreille du personnel et peut faire passer les réformes les plus dures", ajoute un proche du dossier, selon l'Opinion. Même ses adversaires seront obligés de reconnaître que le nombre de journées de grève a fortement diminué depuis dix ans.
Avec 20 ans de maison, Guillaume Pepy, ancien de Sciences Po et de l'ENA, a réussi à se faire accepter des cheminots. "Je doute que la SNCF aille mieux avec un autre PDG", ajoute même Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, pour l'Opinion. Un tour de force qui mérite bien l'indulgence de son actionnaire.
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