Un laboratoire aurait fait inhaler des gaz d'échappement à des singes, pour prouver la faible nocivité d'un moteur diesel construit par Volkswagen. Le constructeur présente ses excuses, alors qu'une nouvelle révélation évoque depuis hier des tests sur des humains. Les autres financeurs du laboratoire se désolidarisent.
On croyait l'affaire des véhicules truqués, ou Dieselgate, enfin terminée, notamment après les condamnations pénales de ces derniers mois et une facture à plus de 25 milliards d'euros pour le groupe Volkswagen, principal incriminé. Mais les révélations du New York Times risquent de relancer la machine médiatique et les indignations à propos des pratiques du constructeur. Selon le quotidien, le groupe aurait une responsabilité directe dans une expérience aux États-Unis confinant à la maltraitance animale, voire humaine.
Pour le compte d'un centre de recherche européen, lui-même financé par Volkswagen, le Lovelace Respiratory Research Institute basé à Albuquerque (Nouveau-Mexique) a en effet procédé en 2014 à des tests lors desquels des gaz d'échappement ont été respirés par des singes afin de mieux comprendre leurs effets sur la santé. Dix macaques ont ainsi été enfermés dans une chambre isolée où arrivaient les fumées d'un véhicule posté à proximité. Des dessins animés étaient diffusés pour divertir les primates.
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Le moteur contrôlé était un diesel que Volkswagen espérait, à cette époque, imposer sur le marché américain. Il fallait ainsi prouver que les normes polluantes américaines étaient respectées, et que comparativement aux véhicules diesel du marché, le modèle de Volkswagen était particulièrement efficace et propre. Le comble, c'est que la Coccinelle utilisée était équipée du fameux logiciel de triche sur les émissions à l'origine du Dieselgate: dès que la voiture reconnaissait être en phase de test, des paramètres étaient modifiés pour baisser son niveau de pollution! Malgré toutes ces préventions, les résultats n'ont pas été jugés pertinents et l'étude n'a pas pu déboucher sur une publication scientifique. Conscient de l'impact médiatique d'une telle révélation, le groupe allemand s'est excusé dès la publication des résultats pour «l'inconduite et le manque de jugement de certains responsables». «Nous sommes convaincus que les méthodes scientifiques retenues étaient erronées. Il aurait mieux valu ne pas conduire cette étude du tout», déclare en outre le constructeur.
Le Stuttgarter Zeitung a cependant surenchéri avec une nouvelle révélation dimanche 28 janvier: des cobayes humains auraient même été utilisés pour tester des émissions de dioxyde d'azote, le journal citant un institut de recherche dépendant de l'université d'Aix-la-Chapelle. Pour l'heure, le constructeur n'a pas réagi à ces allégations.
Des tests entrepris sur des humains?
L'entreprise n'est toutefois pas la seule à s'être impliquée dans le centre de recherche qui a commandé ces études. Le «Centre de recherche européen sur l'environnement et la santé dans le secteur du transport», qui a fini par être fermé l'année dernière, était en effet financé par Volkswagen mais aussi BMW, le groupe Daimler (propriétaire de Mercedes-Benz) et Bosch. Dans un communiqué, le groupe Daimler a rappelé que les résultats scientifiques obtenus lors d'autres études du centre ont été validés par des universitaires et instituts indépendants de renom. Mais concernant les essais sur les animaux, le groupe les a trouvés «inutiles et répugnants»: «Nous nous désolidarisons clairement de cette étude», a poursuivi le conglomérat. BMW a également pris ses distances et Bosch a indiqué avoir cessé ses contributions dès 2013, avant l'expérience polémique.
Selon le New York Times, l'objectif principal du centre était d'employer des scientifiques pour produire des études démentant une décision de l'OMS de 2012, qui classait le diesel comme cancérigène, et d'autres observations sur la pollution urbaine notamment. Toujours selon le journal, la fiscalité favorable au diesel en Europe vient d'ailleurs des interventions des constructeurs dans les années 1990, qui ont persuadé les gouvernements que le diesel était énergétiquement plus efficace que l'essence.
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Quoi qu'il arrive, l'affaire constitue une nouvelle épreuve pour le groupe, au moins médiatiquement. En plus de ses clients et du public, le groupe Volkswagen va probablement devoir aussi affronter les foudres de ses actionnaires, fatigués des révélations qui plombent l'image de l'entreprise - à défaut d'affecter ses comptes. Selon Stephan Weil, ministre-président du Land de Basse-Saxe, qui possède plus de 20% des parts du groupe Volkswagen-Audi, cette expérience sur des singes est «dégoûtante et absurde».
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