
Une victoire sans combat. Le ministre de l'Economie espagnol, Luis de Guindos, a finalement été sélectionné pour prendre, en mai prochain, la vice-présidence de la Banque centrale européenne, en remplacement du Portugais Vitor Constancio. Le vote auquel devaient procéder les ministres des Finances de la zone euro, lors de la réunion de l'Eurogroupe qui s'est tenue à Bruxelles, n'a pas eu lieu : le seul autre candidat déclaré, l'Irlandais Philip Lane, s'est retiré de la course, dans un souci de « consensus ».
Ce retrait était une façon de prendre acte d'un rapport de force politique qui ne laissait aucune chance au gouverneur de la Banque centrale irlandaise. Dans un système de vote qui nécessite de remporter les suffrages de 14 pays sur 19, représentant au moins 65 % de la population, la France et l'Allemagne avaient plié le match en apportant leur soutien au conservateur Espagnol. « Je crois que nous avons trouvé un bon candidat », a résumé, en français, le ministre des Finances allemand Peter Altmaier. Peu importe que le Parlement européen ne se soit guère montré enthousiaste devant la candidature d'un homme jugé trop politique à ce poste. Dans ses premières déclarations, Luis de Guindos s'est d'ailleurs empressé de promettre qu'il se ferait le garant de « l'indépendance » de la BCE.
Une nomination très politique
Cette succession, qui doit désormais être officialisée par les chefs d'Etat et de gouvernement lors du Conseil européen des 22 et 23 mars prochains, était suivie de près dans les capitales européennes : derrière le poste de numéro deux de la Banque centrale européenne, c'est presque toute la technostructure de l'institution qui va devoir être renouvelée dans les 18 prochains mois. Son président, Mario Draghi, doit notamment quitter ses fonctions à l'automne 2019. Pour de nombreux observateurs européens, la nomination d'un représentant du sud de l'Europe au poste de vice-président de la BCE permet d'envisager de confier la présidence de la banque à un « Nordiste ». Et tout particulièrement à l'Allemand Jens Weidmann. Un scénario qui serait lourd de conséquences pour la Banque : considéré comme un « faucon », Jens Weidmann a souvent pris ses distances avec la ligne incarnée, ces dernières années, par Mario Draghi.
Une équation très large
En réalité, de nombreux paramètres pourraient compliquer ce scénario. « Les Allemands ont déjà un tel contrôle des institutions financières européennes que la présidence de la BCE pourrait apparaître en trop », juge une source bruxelloise. Surtout, la décision relative à la présidence de la BCE se prendra dans le cadre d'une équation bien plus large, dont les autres paramètres seront, notamment, la présidence de la Commission européenne ainsi que celle de la présidence du Conseil européen. Ce grand marchandage va se compliquer d'une autre négociation, entre Paris et Berlin, autour de l'union bancaire et des réformes institutionnelles dans la zone euro . L'Allemagne, en plaçant à la tête de la BCE un homme incarnant une ligne de fermeté, devrait probablement faire des concessions sur d'autres fronts.
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