Mal compris, le compteur électrique intelligent ne remplit pas toutes ses promesses, estiment les sages de la rue Cambon dans leur rapport annuel.
Un investissement coûteux pour un bénéfice client incertain. Dans son rapport publié ce mercredi matin, la Cour des comptes s'intéresse au compteur intelligent Linky, dont le déploiement sur le territoire français devrait s'achever en 2021. Elle ne distribue pas que des bons points. Les sages de la rue Cambon évoquent un «dispositif coûteux pour le consommateur mais avantageux pour Enedis», qui répercutera le coût (130 euros par compteur pose comprise) sur les factures futures. Le gestionnaire de réseau est en effet assuré d'atteindre une rémunération d'au moins 5,25%, même en cas de pénalités de retard si le déploiement se prolongeait au-delà de 2021.
«Une rémunération généreuse qui devrait être revue», d'autant que le compteur nouvelle génération souffre pour l'instant de nombreuses limites, pointées dans le rapport. Le dispositif est mal compris. Les installateurs ne prennent généralement pas le temps d'expliquer aux clients comment fonctionne Linky. D'autre part, les données de consommation sont affichées en kilowattheures et non en euros, ce qui rend leur lecture obscure pour le commun des mortels. Sans oublier les critiques récurrentes sur les ondes émises et sur la protection des données personnelles, «sujets maîtrisés mais auxquels l'ensemble des acteurs doit continuer à apporter une attention soutenue» prévient la Cour.
Contrainte technique majeure
Linky, qui permet de suivre la consommation en temps réel, favorise les systèmes d'effacement par lequels un client peut renoncer à consommer de l'électricité pendant les périodes de pointe contre rémunération. Le rapport déplore néanmoins une contrainte technique majeure: il faut compter «six heures entre la décision de procéder à l'effacement et la mise hors tension de certains équipements en aval des compteurs». Les fournisseurs d'électricité pourraient être tentés de recourir à leur propre équipement plutôt qu'à Linky… Un gâchis.
Détaillant le modèle économique du projet, les sages estiment les gains à attendre du compteur intelligent. Outre la suppression des opérations de relève à domicile et la possibilité de réaliser certaines interventions à distance (comme la modification de la puissance), Enedis pourra facilement couper l'électricité lors des déménagements et, ainsi, mettre fin aux «pertes non techniques» entre le départ d'un occupant et l'arrivée de l'occupant suivant. Par ailleurs, les relèves et opérations à distance ne contraindront plus le particulier à rester bloqué chez lui en attendant un technicien Enedis, ce qui entraînera un gain de productivité évalué à 2,3 milliards par la Cour des comptes.
Les fournisseurs d'électricité attentistes
L'économie potentielle pour les consommateurs, quant à elle, dépendra du pilotage du dispositif par l'État et notamment de sa communication aux usagers. Sur la période 2011-2038, l'impact positif pour les ménages pourrait s'élever à 9,2 milliards d'euros, dont 5,2 milliards liés à l'amélioration de la concurrence (Linky permet de créer des plages tarifaires plus nombreuses, correspondant à tel ou tel profil de consommation) et 1,6 milliard dus à une meilleure maîtrise de la demande d'énergie.
Les clients pourront bientôt bénéficier d'offres «adaptées à leur situation personnelle, telles celles étendant à d'autres plages horaires l'actuel système d'heures pleines/heures creuses adapté aux chauffe-eau électriques», ajoutent les sages. Mais si quelques offres commerciales «Linky» ont émergé, les fournisseurs d'électricité restent pour l'instant globalement attentistes. «Pour l'instant ils se surveillent. Le premier qui sortira une offre décalée ouvrira le bal et les autres suivront» confie au Figaro Bernard Lassus, le responsable du programme Linky chez Enedis. Encore un peu de patience.
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