
« C'est la survie de l'entreprise qui est en jeu », assurait mardi Eric Boustouller, en présentant son plan de réduction de postes chez SoLocal. « J'ai rencontré les partenaires sociaux à plusieurs reprises et le constat est partagé : le chiffre d'affaires est en déclin depuis dix ans. Nous avons perdu 35 % de revenus sur cette période et l'Ebitda a chuté proportionnellement. Aujourd'hui l'entreprise ne délivre pas de cash. Elle a perdu et continue de perdre des parts de marché ».
Le constat est sévère, quelques mois après que l'entreprise a frôlé le défaut de paiement et la liquidation judiciaire, de l'aveu même de son nouveau patron, et que SoLocal n'a dû son salut qu'à une restructuration de sa dette, au détriment de ses actionnaires.
Une transition numérique engagée tôt
Ce n'est pourtant que le dernier épisode d'une longue descente aux enfers, qui trouve sa source dans la perte de vitesse de l'activité historique du groupe : l'édition d'annuaires. Le segment « Imprimé et vocal » représentait encore un quart des revenus en 2016, soit 163 millions d'euros. Au troisième trimestre 2017, en baisse de 29 % par rapport à l'année précédente, il ne comptait plus que pour 16 % du total.
Il serait pourtant faux de dire que SoLocal n'a rien vu venir ou rien fait pour se mettre à la page numérique. Au contraire. Très tôt, l'ex filiale de France Télécom introduite en Bourse à l'été 2004 s'est diversifiée sur la Toile. En 2007 par exemple, la société lance annoncesjaunes.fr.
Plus tard, elle rachètera plusieurs pépites du secteur : Avendrealouer, ClicRDV ou ComprendreChoisir en 2011, ChronoResto en 2012, Leadformance en 2014, etc. Et SoLocal enregistre des succès certains. Aujourd'hui son activité Internet, qu'il s'agisse de gérer des campagnes publicitaires en lignes ou de créer des sites web est profitable et en croissance. Mais pas assez.
Le mur de la dette
Car le groupe s'est dans le même temps retrouvé piégé par une énorme dette , un problème qui remonte à 2006 et dont SoLocal mettra plus de dix ans à se dégager. En cause : le rachat cette année-là par KKR Et Goldman Sachs des 54 % d'Orange dans celui qui s'appelait encore Pages Jaunes pour 3,3 milliards d'euros. Le plus gros LBO réalisé en France à l'époque. Las, entre la crise financière et l'essor bien plus rapide que prévu d'Internet, les marges de l'entreprise se tassent. Et le remboursement des énormes traites devient chaque année plus problématique.
En 2014, une première augmentation de capital de 440 millions d'euros doit lui sortir la tête de l'eau. Mais l'évolution du marché obligataire et les difficultés du marché publicitaire le contraignent à représenter aux actionnaires dès 2016 un plan drastique de réduction de la dette. Après un premier rejet en octobre au terme d'une assemblée générale épique , il est finalement accepté en décembre. Et en mars dernier, la société parvient ainsi à réduire sa dette brute de 1,2 milliard à 400 millions d'euros.
Avec un bilan assaini, une équipe de direction massivement renouvelée et une réorganisation des équipes et des produits, SoLocal espère mettre, enfin, cette douloureuse histoire derrière lui.
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