
De rebondissements en rebondissements… Depuis début décembre 2017, l’affaire du lait infantile contaminé du groupe Lactalis défraie la chronique. Des produits vendus malgré leur retrait, un groupe à la communication quasi inexistante, une même bactérie à l’origine de la contamination entre 2005 et 2017, des plaintes et moult suspicions… Radiographie d’une crise.
D’où vient le scandale ?
La contamination à la salmonelle – une bactérie à l’origine d’infections bénignes mais qui peut avoir des conséquences graves chez les nourrissons – dans l’usine de Craon (Mayenne) du groupe agroalimentaire français Lactalis a été révélée au public début décembre 2017 après un nombre anormalement élevé de cas chez des nourrissons. Tous ont consommé du lait 1er âge fabriqué par le groupe. Le ministère de la Santé diligente alors une enquête dans l’usine de Craon du groupe.
Le 1er décembre, la contamination à la salmonelle est confirmée. Le 2 décembre, Lactalis rappelle 12 lots fabriqués dans cette usine et met en place un numéro vert à destination des familles. Le début d’une série de retraits et de manquements – de la part aussi de la grande distribution qui continuent à vendre le produit.
Qu’est-il reproché au groupe ?
Culture du secret, communication inexistante, doutes sur la fiabilité des tests… Le groupe a par ailleurs été très critiqué pour sa gestion incomplète du rappel des lots de lait infantile en décembre, finalement élargi le 12 janvier à tous les lots produits à Craon.
La même bactérie a ainsi contaminé l’usine entre 2005 et 2017
Le 1er février, l’institut Pasteur, révélait en outre que la bactérie trouvée dans l’usine de Craon, à l’origine des deux épidémies de salmonellose chez des nourrissons en 2005 et 2017 en avait également contaminé 25 autres entre 2006 et 2016. La même bactérie a ainsi contaminé l’usine entre 2005 et 2017.
"La bactérie responsable des problèmes est la même que celle de 2005, époque à laquelle nous n’étions pas propriétaire du site. Elle était confinée dans les infrastructures de la tour numéro 1" a précisé, Emmanuel Besnier, le PDG, dans une des rares interviews accordées à la presse. Pour cette raison, et parce que des salmonelles ont bien été trouvées "dans l’environnement" de l’usine entre 2005 et 2017, "on ne peut donc pas exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé sur cette période" avait-il admis.
Hier mardi 13 février, le directeur général de l’Alimentation (DGAL), rattaché au ministère de l’Agriculture, a de plus laissé entendre que Lactalis n’avait pas transmis les résultats d’autocontrôles positifs à la salmonelle de son usine de Craon, lors des inspections menées ces dernières années par les services sanitaires. Des failles précédement révélées par le Canard Enchaîné.
Combien de pays concernés ?
Le groupe avait ordonné début janvier la reprise dans 83 pays de tous les lots de lait infantile produits dans l’usine incriminée. Au total, 12 millions de boîtes de produits Lactalis potentiellement contaminées, toutes issues de l’usine de Craon, ont été retirées du marché à travers le monde.
Pourquoi ces retraits successifs ?
Depuis la révélation de l’affaire, le groupe a procédé à quatre retraits successifs. Le 1er décembre, la première alerte a entraîné le retrait de 12 lors de laits infantiles Lactalis suite à la contamination de 20 bébés. Le 9 décembre, alors que l’usine est arrêtée pour nettoyage, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire signe un arrêté demandant le rappel de plus de 600 lots. Le 21 décembre, 720 lors supplémentaires sont retirés. Le 12 janvier le dernier retrait concerne cette fois la totalité des produits sortis de l’usine de Craon quelle que soit la date de production.
Une succession qui selon les distributeurs aurait semé la confusion dans leur mécanique de retrait. Plusieurs enseignes – E.Leclerc, Intermarché, Carrefour, Auchan, Casino, Système U, Cora – continuaient en effet à vendre des produits potentiellement contaminés dans leurs rayons après le 21 décembre. Sur 2 500 établissements alors contrôlés, "91 détenaient des boîtes qui auraient dû être retirées" : "30 grandes surfaces" mais également "44 pharmacies, deux crèches, 12 hôpitaux et trois grossistes" avait détaillé le ministre de l’économie, lors d’une conférence de presse le 11 janvier.
Bruno Le Maire avait alors rappelé "que ce sont les distributeurs qui sont responsables des produits qu’ils commercialisent" et dénoncé des "comportements inacceptables", avant de convoquer la direction de Lactalis ainsi que les distributeurs au ministère. Lors d’une conférence peu après, Emmanuel Macron avait assuré que "des sanctions" seraient "prises" dans l’affaire s’il s’avérait que "des pratiques inacceptables" avaient été commises.
L’affaire Lactalis nous rappelle que la sécurité des consommateurs passe avant toutes considérations. Il ne peut y avoir aucune tolérance de l’État pour des opérateurs qui ne respectent pas les règles. pic.twitter.com/OVbCZVBlU1
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 25 janvier 2018
Et d’enfants touchés ?
Une contamination à la salmonelle avait frappé l’usine en 2005, touchant 146 nourrissons. La bactérie en a également contaminé 25 autres entre 2006 et 2016, selon l’Institut Pasteur. Celle de 2017 en a affecté 37 en France, ainsi que deux en Espagne, et un autre probable en Grèce. Le bilan dépasse donc 200 enfants malades, ce à cause d’une souche unique.
Familles et associations : qui porte plainte ?
Tous les responsables se "refilent le bébé" et cette histoire est teintée d’opacité
Ce mercredi 14 février, l’association de consommateurs Foodwatch a annoncé avoir déposé plainte pour douze infractions mettant en cause le fabricant de laits infantiles, la grande distribution, un laboratoire et les autorités. Sept familles se sont associées à cette plainte – officiellement déposée contre X – qui vient s’ajouter à au moins une douzaine de plaintes déjà enregistrées au pôle santé publique du parquet de Paris, chargées de les centraliser dans le cadre d’une enquête pour "blessures involontaires" et "mise en danger de la vie d’autrui" ouverte le 22 décembre.
Depuis cette affaire, tous les responsables se "refilent le bébé" et cette histoire est teintée d’opacité a déclaré Ingrid Kragl la directrice de l’information de Foodwatch sur France Inter, ce mercredi.
Les autres plaintes s’enchaînent ces jours-ci encore : trente nouvelles familles, membres de l’association des familles de victimes du lait contaminé aux salmonelles, vont porter plainte, demain jeudi 15 février, auprès du parquet de Paris contre Lactalis, et les parents d’un enfant d’un an ont également déposé une plainte pour "administration de substances nuisibles", " blessures involontaires", "tromperie" et aussi "escroquerie" auprès du procureur de la République de Bobigny en Seine-Saint-Denis. C’est la première fois qu’une plainte pour escroquerie est déposée dans cette affaire.
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