Le TGV Macron est lancé. Peu importent les menaces des syndicats de la SNCF de déclencher un mouvement social massif si le gouvernement touche au statut des cheminots ou s’il décide de réformer la compagnie ferroviaire par ordonnances.
Ce lundi, par la voix de son Premier ministre, l’exécutif est allé au bout de sa logique : transformer la SNCF vite et en profondeur, avant l’été. Un vrai big bang ferroviaire, largement inspiré par le rapport Spinetta, présenté il y a une dizaine de jours. Le gouvernement veut en effet supprimer le statut pour les nouveaux employés de la SNCF, transformer la compagnie ferroviaire en société anonyme, le tout par ordonnance, comme pour la réforme du code du travail.
C’est la fin programmée des tabous du ferroviaire français. La réaction des syndicats a été immédiate. « La question n’est plus de savoir s’il y aura une grève illimitée mais plutôt quand, confie un syndicaliste. C’est la vie du cheminot et l’avenir de la SNCF comme entreprise publique qui sont attaqués. »
Vers une grève reconductible le 14 mars ?
Alors qu’une manifestation est d’ores et déjà actée pour le 22 mars par la majorité des syndicats, la CFDT-cheminots a annoncé son intention de proposer à l’intersyndicale, qui se réunit mardi soir, un mouvement de grève reconductible plus rapidement, dès le 14 mars. « Si le gouvernement accélère son calendrier, il faut accélérer le nôtre », plaide Didier Aubert, son secrétaire général.
Autant dire que la bataille du rail aura bien lieu : « Pour faire plier le gouvernement, il va sans doute falloir un mois de grève, prédit Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, syndicat majoritaire de la SNCF. Nous allons relever le défi. On est sûrement parti pour l’un des plus importants mouvements sociaux de l’histoire de la SNCF. »
La compagnie ferroviaire est pourtant bien mal en point. Pour justifier sa réforme qui doit préparer l’entreprise publique à l’ouverture à la concurrence à partir de 2020, le Premier ministre a rappelé pêle-mêle les maux qui gangrènent la SNCF depuis des décennies : une dette de 50 milliards d’euros (Mds €), des pannes à répétition, des kilomètres de lignes où les trains circulent au ralenti faute d’entretien, des tarifs jugés trop chers et des milliards d’euros d’argent public engloutis sans que l’usager ne voie la situation véritablement s’améliorer.
« La situation est alarmante, pour ne pas dire intenable, estime Edouard Philippe. Sur certaines lignes, la vitesse frôle parfois le sur-place en jouant avec les nerfs des usagers […] Il faut 25 min de plus qu’il y a 40 ans pour aller de Limoges à Paris et on met 1h25 pour faire 72 km entre Niort et Saintes ».
Assis au premier rang, Guillaume Pepy, écoute, stoïque, ce portrait au vitriol de l’entreprise qu’il dirige depuis 2008... alors qu’il devrait annoncer mardi après-midi des résultats 2017 en très forte hausse.
«Le gouvernement nous jette en pâture aux Français»
Pour faire passer sa réforme, le gouvernement compte bien s’appuyer sur l’opinion publique, exaspérée par le service proposait par la SNCF. « Nous ne sommes pas dupes, confie un autre syndicaliste. Le gouvernement nous jette en pâture aux Français avec des chiffres qui ne veulent rien dire. La dette de 50 Mds € n’est pas celle des cheminots mais de l’Etat qui a voulu des lignes TGV. » La question de la dette, le gouvernement propose de la régler plus tard, d’ici la fin du quinquennat, sans plus de précisions.
« Macron veut une réforme TGV mais parfois ils déraillent, rappelle sarcastique ce même syndicaliste. A la SNCF, malheureusement, on est bien passé pour le savoir.»
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