
Rapport courageux, utile au débat public... ou à enterrer d'urgence ? Les réactions étaient variables, ce jeudi, après la remise du texte de Jean-Cyril Spinetta sur l'avenir du système ferroviaire français. Mais l'inquiétude était palpable du côté des syndicats de la SNCF, des élus locaux, et des défenseurs de l'environnement. Et dès ce vendredi, la CGT a fait monter la pression d'un cran en appelant, par la voix de son secrétaire général Philippe Martinez, à une « manifestation nationale » des cheminots le 22 mars. Ces derniers « ne laisseront pas casser leur outil de travail », a-t-il prévenu sur France Inter.
Il faut dire que parmi les 43 propositions avancées , certaines sont potentiellement explosives. Comme celles préconisant la fin progressive du statut de cheminot, la suppression des petites lignes ferroviaires déficitaires, ou encore la révision à la baisse du nombre de dessertes TGV.
Menace de grève
« Le contenu de ce rapport et la manière dont il sera exploité pourront mettre le feu dans l'entreprise », avait déjà alerté jeudi un porte-parole de SUD-Rail, qui s'était dit prêt à appeler à la grève « de la façon la plus unitaire possible avec les autres syndicats » si le statut de cheminot devait être remis en question. Une mesure, qui serait « inacceptable » selon la CGT-Cheminots et viserait uniquement, selon l'Unsa-ferroviaire, « à stigmatiser des salarié(e)s (...) dévoué(e)s au service public rendu toute l'année aux usagers ».
L'Unsa juge plus généralement que les préconisations du rapport Spinetta « sont un véritable séisme pour le secteur du rail, ses salarié(e)s, ses usagers » et dénonce « des mesures de rentabilité visant exclusivement à la rationalisation du transport ferroviaire (...) au détriment du service public ». Quant la CGT-Cheminots y voit la confirmation de « la politique anti-ferroviaire » du gouvernement - même si ce dernier n'a pas encore rendu ses arbitrages. SUD-Rail s'inquiète de son côté d'un possible « démantèlement du service public ferroviaire » via un désengagement de l'Etat.
Les régions « préoccupées »
Un thème qui préoccupe également les élus locaux. « Il ne serait pas acceptable que la réforme du système ferroviaire se fasse au détriment des territoires », a ainsi alerté le président de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat Hervé Maurey. Il estime notamment que l'Etat doit « veiller au maintien de dessertes TGV moins rentables ou déficitaires, mais répondant aux besoins d'aménagement du territoire ».
Régions de France se dit de son côté dans un communiqué « très préoccupé [par les recommandations du rapport Spinetta] sur le réseau ferroviaire de proximité », rappelant « l'importance des petites lignes pour la desserte des territoires ». Et s'oppose à l'idée d'une hausse progressive des redevances payées par les régions. Alors même que leurs finances « sont déjà contraintes ».
« Un rapport courageux »
Certains observateurs ont d'autres critiques à formuler, comme, Jean-Claude Delarue, président de SOS usagers, la Fédération des usagers des transports et des services publics, qui note que Jean-Cyril Spinetta « ne semble pas s'intéresser à ce qui semble être pour lui une quantité négligeable : l'usager - notamment celui des trains de banlieue [...]. J'ai cherché l'usager dans le rapport Spinetta, je ne l'ai pas trouvé », indique-t-il.
Le rapport Spinetta est cependant jugé par certains utile voir courageux. C'est le cas du sénateur des Hauts-de-Seine et ancien secrétaire d'Etat Roger Karoutchi, pour qui « la SNCF doit faire sa révolution si elle veut survivre. Avec une dette de 50 milliards et un déficit annuel de 1,5 milliard, tout est sur la table : dessertes, tarification, ouverture à la concurrence, statut... Le rapport Spinetta devra être débattu mais pas enterré ».
Dominique Bussereau, président du département de la Charente-Maritime et ancien ministre des Transports, voit lui dans ce texte « un rapport courageux, qui nécessite un débat national ».
Quant au gouvernement, il a déjà prévenu qu'il n'était pas question de statu quo. « La vraie audace, le vrai courage, ce n'est pas de laisser les choses en l'état. Ce n'est pas se résigner à la longue dégradation du service public de la SNCF », a ainsi déclaré ce vendredi le ministre de l'Economie Bruno Le maire sur CNews. « Notre devoir c'est de nous dire que nous avons un service public qui fait partie de notre histoire nationale (...), mais je sais une chose : ça ne peut pas continuer comme ça. On va droit dans le mur ». Une concertation sur le sujet doit s'ouvrir dès la semaine prochaine.
« Il en pense quoi Nicolas Hulot [le ministre de la Transition écologique et solidaire, NDLR] ? », interrogeait ce jeudi sur Twitter Codegass, association de défense de la gare de Saint-Sébastien, dans la Creuse, et autres services publics. Ce en référence à la proposition du rapport Spinetta de mettre des cars à la place des trains supprimés sur les petites lignes. Tandis que Réseau action climat, qui regroupe vingt associations spécialistes des questions climatiques, alertait sur le fait que le rapport Spinetta signifie « un plan d'enclavement ferroviaire, plus de voitures sur les routes et une catastrophe climatique [et en terme] de pollution de l'air ». Il est vrai que les préoccupations environnementales sont quasi absentes du texte, qui se contente d'assurer, pour justifier ses propositions, qu'« un train régional diesel de petite capacité émet plus de CO2 que trois autocars » et que « en considérant le taux de remplissage moyen (25 %) et la capacité moyenne (300 places) des TER en France, soit 75 voyageurs par train, le bilan n'est pas favorable au train et l'autocar reste plus économe en énergie ».
https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/0301302471055-rapport-spinetta-les-syndicats-de-la-sncf-et-les-elus-locaux-inquiets-2154013.phpBagikan Berita Ini
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