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Cambridge Analytica : tout comprendre sur une semaine de scandale pour Facebook

Le réseau social travers l'une des plus graves crises de son histoire. Le Figaro fait le point sur une affaire aux conséquences économiques et politiques.

Il s'agit de l'une des plus grosses crises de l'histoire du réseau social. Depuis une semaine, Facebook se débat avec les conséquences du scandale Cambridge Analytica. Cette société britannique est accusée d'avoir récupéré illégalement les données personnelles de 50 millions d'utilisateurs du réseau social. Ce dernier aurait fait preuve de négligence, en ne contrôlant pas assez les activités de son partenaire. Cette histoire, vieille de deux ans, menace aujourd'hui Facebook financièrement et politiquement. Le Figaro fait le point sur une semaine mouvementée.

Samedi 17 mars: les premières révélations

Le New York Times et le London's Observer, le supplément week-end du journal anglais The Guardian, publient le témoignage d'un ex-employé de Cambridge Analytica, une société britannique spécialisée dans l'analyse de données et leur exploitation dans le cadre de campagnes électorales. Il accuse son ancienne entreprise d'avoir obtenu illégalement des données sur plus de 50 millions d'utilisateurs de Facebook, en 2014, par le biais d'un faux test de personnalité développé par société sous-traitante et un psychologue de l'université de Cambridge. Facebook, prévenu en 2015, a suspendu l'application et demandé à Cambridge Analytica de supprimer les informations qu'elle avait obtenu. À l'époque, le réseau social n'a pas cherché à conduire d'audit de sécurité, pour vérifier les dires de l'entreprise. Cette affaire était déjà connue, et avait fait l'objet de plusieurs articles. Elle a même été suivie par une restriction des règles de Facebook dans l'exploitation des données personnelles par des entreprises tierces. Néanmoins, les articles du New York Times et le London's Observer nous apprennent que Cambridge Analytica n'a jamais supprimé les informations récoltées par le biais de son sous-traitant. L'entreprise les aurait même utilisées pour la communication de campagne de Donald Trump, l'un de ses clients, lors de l'élection américaine de 2016.

Facebook était au courant de la publication de ces deux articles. La veille, le vendredi 16 mars, il avait déjà publié un communiqué précisant qu'il suspendait les comptes de Cambridge Analytica et de SCL, sa maison mère. Après la publication de l'enquête du New York Times et du London's Observer, Facebook a simplement indiqué qu'il ne s'agissait pas, selon lui, d'une «fuite de données», puisque «ces informations ont été obtenues d'utilisateurs qui ont accédé volontairement à cette application.» Le réseau social explique avoir été trompé par le psychologue de Cambridge, Aleksandr Kogan.

Lundi 19 mars: Cambridge Analytica nie

Via un communiqué, Cambridge Analytica refute les «fausses affirmations» des médias. L'entreprise affirme de nouveau avoir supprimé toutes les données, et qu'elles n'ont pas été utilisées dans le cadre de la campagne électorale de Donald Trump. Le même jour, la chaîne britannique Channel 4 révèle un document en caméra cachée dans lequel le PDG de Cambridge Analytica, Alexander Nix ,se vante d'influer sur de nombreuses élections à travers le monde, via des sociétés écrans ou des sous-traitants. Il assure notamment avoir recours à des prostituées et des pots-de-vin pour faire changer des hommes politiques.

Face à ces rélévations, la ICO, l'autorité britannique de protection des données, annonce qu'elle va demander un mandat pour perquisitionner les locaux londoniens de Cambridge Analytica. Elle réclame aussi le départ des agents de Stroz Friedberg, une société mandatée pour Facebook pour enquêter sur cette affaire. Aux États-Unis, les procureurs de New York et du Massachusetts annoncent l'ouverture d'une procédure judiciaire.

Mardi 20 mars: convocations en pagaille

Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, invite Mark Zuckerberg à venir s'expliquer sur cette affaire. Le PDG de Facebook est aussi convoqué devant le parlement britannique. Quelques heures plus tard, on apprend que la très puissante FTC, la Commission fédérale du commerce, a ouvert une enquête.

Facebook, de son côté, organise un événement interne à destination de ses employés, afin de parler du sujet. Mark Zuckerberg et Sheryl Sandberg, numéro 2 de Facebook, sont absents. Chahuté par ses investisseurs, la valorisation boursière du réseau social a perdu près de 50 milliards de dollars en quelques jours.

Brian Acton, cofondateur de la messagerie WhatsApp, qui appartient à Facebook, appelle à quitter le réseau social. Son tweet est partage plusieurs dizaines de milliers de fois.

Mercredi 21 mars: Mark Zuckerberg sort de son silence

On apprend dans la soirée que le PDG de Cambridge Analytica a été suspendu de ses fonctions. Quelques heures plus tard, Mark Zuckerberg sort enfin de son silence. Il publie un long message sur sa page officielle. «Notre responsabilité est de protéger vos données, et si nous échouons nous ne méritons pas de vous servir», y écrit le dirigeant. Dans la foulée, il donne des interviews à quatre médias américains. Il y annonce une série de mesures. Facebook va organiser un vaste audit de sécurité pour des «milliers» d'applications «avec des activités suspicieuses» ayant eu accès aux données d'utilisateurs avant 2015, date d'un changement de confidentialité du réseau social. Les développeurs verront aussi leurs droits restreints, notamment dans l'exploitation des données d'utilisateurs sur le long terme. Une application qui n'a pas été utilisée par un internaute après trois mois n'aura plus accès à ses données. Enfin, Facebook va mettre plus en évidence des options permettant de contrôle les services tiers qui exploitent certaines informations personnelles. Mark Zuckerberg promet enfin qu'il serait «heureux» de témoigner à ce sujet devant le Congrès américain, où il est aussi convoqué.

Néanmoins, ces excuses ne calment pas les inquiétudes. Au-delà des responsabilités de Cambridge Analytica, cette affaire ouvre un débat plus large sur le recueil et l'exploitation des données en ligne, sur Facebook et ailleurs. Mercredi, un développeur s'étonne par exemple de découvrir que son historique d'appels a été récupéré par l'application du réseau social. Son message sur Twitter est partagé plus de 35.000 fois.

Vendredi 23 mars et samedi 24 mars: concert de critiques

Six jours après sa demande de perquisition, la ICO britannique est enfin autorisée à perquisitionner les locaux de Cambridge Analytica. La procédure dure toute la journée.

Pendant ce temps, Elon Musk, entrepreneur très médiatique de la Silicon Valley, se joint au concert de critiques. Il promet de supprimer les pages Facebook de ses deux entreprises, SpaceX et Tesla... Elles sont néanmoins toujours présentes sur Instagram, une application de photos et de vidéos qui appartiennent au réseau social. Le lendemain, c'est Tim Cook, PDG d'Apple, qui commente l'affaire. «C'est une histoire terrible et avec des proportions énormes. Une régulation bien pensée est probablement nécessaire», explique-t-il en marge d'un événement organisé à Pekin, en Chine.

Le samedi, Sheryl Sanberg, bras droit de Mark Zuckerberg, fête ses dix ans en tant qu'employée de Facebook. Elle ne s'est toujours pas exprimée sur le scandale.

Dimanche 25 mars: Mark Zuckerberg s'excuse de nouveau

Facebook s'offre des encarts publicitaires dans la presse britannique et américaine. Signés par Mark Zuckerberg, le réseau social s'excuse d'avoir brisé la «confiance» de ses utilisateurs. «Peut-être avez-vous entendu parler d'une application quizz conçue par un chercheur universitaire qui a fait fuiter des données de millions d'utilisateurs de Facebook en 2014», peut-on y lire. «C'était un abus de confiance, et je regrette que nous n'ayons pas fait davantage sur le moment.»

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