Donald Trump a imposé, jeudi 8 mars, des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis, ignorant les mises en garde répétées de nombre de ses alliés, Union européenne</a> en tête, sur les risques d’une guerre commerciale aux conséquences imprévisibles.
Après plusieurs jours d’intenses spéculations, le président américain a signé, depuis la Maison Blanche, les documents controversés, accusant un net virage protectionniste, treize mois après son arrivée au pouvoir</a>. « Je tiens une promesse que j’ai faite en campagne et que j’ai faite pendant une grande partie de ma vie », a lancé Donald Trump</a>, assurant que les Etats-Unis, avaient, pendant des décennies, été victimes de pratiques commerciales qu’il a assimilées à une « agression ».
Cette décision intervient le jour même où onze pays des deux rives du Pacifique ont ressuscité, au Chili</a>, l’Accord de libre-échange transpacifique (TPP), qu’on pensait condamné, il y a un an, à la suite du retrait des Etats-Unis.
Ces taxes, de 25 % sur les importations d’acier et de 10 % sur celles d’aluminium, entreront en vigueur dans quinze jours. Le Canada</a>, premier partenaire commercial et premier fournisseur d’acier des Etats-Unis, en sera, cependant, exempté « pour le moment », de même que le Mexique</a>. Le sort qui sera réservé à ces deux pays frontaliers des Etats-Unis sur le moyen terme dépendra en particulier de l’issue des négociations en cours sur l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna). « Si nous trouvons un accord, il n’y aura pas de taxes sur le Canada et le Mexique », a martelé le président septuagénaire, disant sa conviction que les âpres discussions</a> en cours pourraient aboutir</a>.
La Maison Blanche a précisé que tous les pays concernés pourraient entamer</a> des discussions avec les Etats-Unis pour négocier</a>, eux aussi, une éventuelle exemption. « Nous allons faire</a> preuve de beaucoup de flexibilité », a assuré le président, en présence d’une dizaine de travailleurs du secteur.
Fronde au sein même du camp républicain
L’annonce de la mise en place de droits de douane a suscité une véritable fronde au sein même du camp républicain où nombre d’élus ne partagent pas l’avis du magnat de l’immobilier</a> selon lequel les guerres commerciales sont « bonnes et faciles à gagner ». Son principal conseiller</a> économique, Gary Cohn, a démissionné, mardi, en raison de son opposition à de telles mesures.
Quelques minutes après la cérémonie de signature, le président républicain de la Chambre des représentants, Paul Ryan, a fait part en termes très clairs de sa désapprobation. « Je suis en désaccord avec cette décision et j’en crains les conséquences imprévues », a-t-il lancé.
Le locataire de la Maison Blanche s’est appuyé sur une procédure rarement invoquée de la législation commerciale américaine : l’article 232 qui s’appuie sur des arguments liés à la défense</a> nationale pour limiter</a> l’importation de produits et de biens aux Etats-Unis. Cet article 232 a notamment été utilisé dans les années 1970, lors de la crise pétrolière, et plus récemment en 2001 également dans le cas de l’acier.
« Nous allons être</a> très équitables, nous allons être très flexibles », avait promis le président américain quelques heures avant la signature, promettant de trouver</a> un terrain d’entente avec les « vrais amis » des Etats-Unis. Evoquant à la fois les questions commerciales et de défense, il avait pointé du doigt l’Allemagne</a>. « Nous avons des amis et aussi des ennemis qui ont énormément profité de nous depuis des années sur le commerce et la défense. (…) Si on regarde l’OTAN</a>, l’Allemagne paie 1 % et nous payons 4,2 % d’un PIB beaucoup plus important. Ce n’est pas juste. »
« Mauvais remède »
Cette annonce devrait provoquer</a> une vive réaction de l’Union européenne qui martèle depuis plusieurs jours qu’une guerre de tranchées serait nuisible à tous et a dit préparer</a> des mesures de rétorsion.
Les Européens exportent environ cinq milliards d’euros d’acier et un milliard d’euros d’aluminium chaque année vers les Etats-Unis. « Il est désormais temps pour les responsables politiques des deux côtés de l’Atlantique d’agir de façon responsable », avait exhorté le président du Conseil européen, Donald Tusk, précisant que le contentieux serait au programme du prochain sommet européen à Bruxelles, les 22 et 23 mars.
Bien avant la promulgation de ces taxes, l’UE avait préparé une riposte. La commissaire au commerce extérieur, Cecilia Malmström, a ainsi détaillé une liste de produits américains qui pourraient être taxés, dont le fameux beurre de cacahuète, pour compenser</a> en valeur le dommage causé à l’industrie</a> européenne. Jeudi, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, est à son tour monté au créneau, redoutant que l’escalade de mesures protectionnistes ne compromette la croissance.
Du côté des autres partenaires commerciaux, Pékin a déclaré, jeudi, qu’il adopterait une « réponse appropriée et nécessaire » face à d’éventuelles sanctions commerciales américaines. « Dans notre époque mondialisée, ceux qui recourent à la guerre commerciale choisissent le mauvais remède, ils ne feront que pénaliser</a> les autres tout en se pénalisant eux-mêmes », a affirmé le ministre des affaires étrangères</a>, Wang Yi.
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