Le volailler breton Doux a annoncé, hier, cette procédure accélérée. Il tire un trait sur la Vendée qui ne fait pas partie du plan de reprise envisagé par l’ukrainien MHP.
Fatiguée, les traits tirés, Nadine Hourmant, la déléguée FO, sort enfin sur le perron du siège de Doux, à Châteaulin (Finistère). « On revit 2012…mais en accéléré », lâche-t-elle. À l’époque, le gros volailler breton employait encore 2 200 salariés, contre 1 200 aujourd’hui…
La direction de Doux vient de leur annoncer, à l’issue d’un comité central d’entreprise, qu’elle demande le placement du groupe en liquidation judiciaire. Le tribunal de commerce de Rennes sera saisi le 3 avril et rendra sa décision, dès le lendemain, dans le cadre d’une procédure accélérée (cession prépak). L’usine de Chantonnay (Vendée), qui emploie 300 personnes dont 122 intérimaires et 127 CDI, « ne sera pas reprise », précise Nadine Hourmant. Le site va fermer, les salariés seront licenciés.
« On le savait »
Depuis deux ans et la reprise par Terrena, l’actionnaire majoritaire, les craintes montaient face à l’ampleur des pertes : 3 millions d’euros par mois… « Ce n’était plus possible, on le savait, plus le choix. » L’essentiel est de sauver maintenant, au plus vite, ce qui peut l’être encore.
Les discussions se poursuivent d’ici-là avec l’ukrainien MHP - voire d’autres opérateurs - pour une reprise partielle du groupe. Date butoir : mercredi 28 mars, minuit. Le projet de l’ukrainien vise à réorienter Châteaulin, premier abattoir européen de volailles, vers « les produits frais et le milieu de gamme ». La production traditionnelle locale de poulets congelés pour l’export serait « ensuite délocalisée ».
Ce projet de restructuration tire une croix sur la Vendée, d’autres ajustements des effectifs sont-ils à craindre, en Bretagne, notamment pour le siège ? « On ne sait pas. Tant que l’offre précise de MHP ne sera pas déposée… » Réponse mercredi.
Cette procédure accélérée a le mérite de geler les créances de Doux. D’autant que la date butoir du 6 avril approche à grands pas, avec le délibéré attendu du tribunal administratif de Rennes sur l’amende de 85 millions réclamée à Doux par France Agri Mer (pour une vieille affaire de poulets congelés alourdis à l’eau).
Impossible pour la France de se mettre en défaut vis-à-vis de la Cour européenne de justice qui réclame cette sanction. La liquidation judiciaire, fixée au 4 avril, devrait permettre de lever - juste à temps - cette nouvelle menace. « Ce n’était pas aux salariés de payer cette nouvelle dette ! » ajoute Nadine Hourmant. Cet agenda si serré semble une vraie « partie de poker ».
« 2012 en mémoire »
En attendant, la direction de Doux et Terrena répètent leur engagement de continuer à soutenir Doux, à « accompagner les salariés » et à « s’impliquer dans la recherche de solutions ». Les salariés du site de Chantonnay, qui ne fait pas partie du projet discuté avec MHP, ont déjà pu ainsi constater que « des actions concrètes ont été mises en place avec une cellule d’écoute et une capsule emploi prête à agir », précise la direction.
Pourquoi avoir choisi le tribunal de commerce de Rennes et pas celui de Quimper qui, en 2012, avait commencé à démembrer Doux ? « Nous gardons tous en mémoire 2012… » réplique, pugnace, Nadine Hourmant. Puis, mordante, elle ajoute : « Et c’est aussi un clin d’œil à nos camarades de Gad… » Ces 900 autres ouvriers de l’agroalimentaire finistérien qui avaient fait les frais d’une remarque assez maladroite du ministre de l’Économie d’alors, Emmanuel Macron.
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