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Elisabeth Borne : «Les Français n'ont pas envie de trois mois de grève que rien ne justifie»

A l’approche de la grève SNCF qui démarre les 3 et 4 avril et devrait paralyser le trafic, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, exprime sa colère dans nos colonnes. Alors que le gouvernement a apporté vendredi des garanties aux cheminots inquiets de l’ouverture à la concurrence, Elisabeth Borne ne mâche pas ses mots pour dénoncer la « posture d’appel à une grève longue et pénalisante » et les « amalgames » agités par les syndicats.

La grève de mardi et mercredi s’annonce très suivie. Quel geste pouvez-vous faire en direction des cheminots pour éviter un blocage du pays ?

ELISABETH BORNE. J’avais annoncé deux mois de concertation. J’ai annoncé hier [vendredi, ndlr] une ouverture progressive à la concurrence qui tient compte de certaines des demandes faites par les organisations syndicales. Il nous reste un mois pour discuter sur l’organisation de la SNCF et la modernisation sociale du secteur ferroviaire avec l’arrêt du recrutement au statut des cheminots à une date à définir. Mais je le dis clairement : personne ne peut comprendre que les syndicats de cheminots engagent une grève longue et pénalisante alors que le gouvernement est dans le dialogue.

Les syndicats réclament plus de garanties sur le sort des personnels si la SNCF, demain, perd des lignes TER ou TGV au profit du privé. Que leur répondez-vous ?

Il s’agira d’une ouverture progressive, au rythme souhaité par les régions. Si la qualité de service est au rendez-vous, elles n’ont pas de raison de ne pas renouveler le contrat de la SNCF. Si la SNCF perd le contrat, les cheminots seront transférés au nouvel opérateur d’abord sur la base du volontariat. En outre, ils seront transférés avec l’essentiel des garanties du statut : garantie de l’emploi, régime de retraite et rémunération. Ce n’est pas rien ! Les cheminots actuels resteront au statut et ils en conserveront l’essentiel des avantages s’ils passent chez un concurrent. Dans ces conditions, j’ai envie de vous dire : c’est quoi le problème ?

Vous pensez que les syndicats de cheminots sont dans l’opposition politique au gouvernement ?

J’entends certains qui sont dans l’amalgame et qui agitent des peurs infondées sur la privatisation de la SNCF ou sur la fermeture des petites lignes. Certains refusent aussi l’ouverture à la concurrence. Mais c’est une réalité. Elle a été actée sous le quinquennat précédent au niveau européen. Elle répond à la volonté des Français de disposer d’un meilleur service ferroviaire et, c’est clair, le gouvernement est déterminé à mener cette réforme et à la mener dans la concertation.

Est-ce que, depuis le début, vous n’avez pas sous-estimé l’hostilité des cheminots à cette réforme ?

Je peux comprendre que les cheminots se posent des questions et j’y ai répondu en leur apportant des garanties de très haut niveau. Je déplore franchement cette grève très pénalisante pour les voyageurs. Il est incompréhensible que les syndicats restent dans une posture de blocage qui n’est pas justifiée alors que nous apportons des réponses aux cheminots.

Vous pensez que le mouvement fait l’objet d’une récupération politique ?

Je pense en tout cas qu’il est important que les cheminots soient bien conscients de toutes les garanties qui sont données. Ensuite, je note que les organisations syndicales nous parlent de quelques sujets qui sont des épouvantails qu’on agite pour justifier que rien ne doit changer. Sauf que nous sommes dans un monde qui change. La SNCF doit elle aussi changer pour offrir un meilleur service, celui qui est attendu par les Français.

Ils craignent justement pour le service public ?

Mais où est la « casse du service public » dont on nous parle ? Nous allons investir plus d’argent dans le réseau pour le remettre en état qu’on ne l’a jamais fait. Quand on voit les incidents à Montparnasse ou qu’on connaît l’organisation actuelle du système ferroviaire, avec des voies, des quais, des panneaux d’affichage gérés par des entités de la SNCF différentes, oui je pense que cela se passera mieux avec une organisation plus unifiée, avec un responsable dans chaque gare. C’est cela la réforme, elle n’est faite ni contre la SNCF, ni contre les cheminots.

Vous avez renoncé aux ordonnances et donc à passer en force…

Il n’a jamais été question de passer en force. Je rappelle que nous ne sommes qu’à mi-chemin des concertations et que nous démarrons la semaine prochaine le débat parlementaire. Je n’ai renoncé à rien car, je l’ai annoncé dès le départ, à chaque fois que nous avançons dans la concertation, nous passons non pas par des ordonnances, mais par des amendements débattus au Parlement. Je le répète, rien ne justifie cette posture d’appel à une grève longue et pénalisante.

Est-il envisageable pour vous de reculer, par exemple sur la transformation de la SNCF en société anonyme ?

Il ne s’agit pas de céder ou ne pas céder. Le principe de l’ouverture à la concurrence par exemple n’est pas négociable mais ses modalités oui. Et à partir du moment où j’ai mis sur la table des éléments propres à rassurer les cheminots, j’en appelle vraiment à la responsabilité des organisations syndicales. Je vois bien que certains cherchent l’amalgame et sont dans la revanche de l’élection présidentielle, c’était très clair le 22 mars, mais ces amalgames ne sont jamais dans l’intérêt que ceux qu’on prétend défendre. Personne ne peut comprendre que les Français se retrouvent pénalisés par une grève longue. Les Français n’ont pas envie de subir trois mois de galère que rien ne justifie.

LIRE AUSSI >SNCF : voici les 36 jours de grève prévus jusqu’en juin

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