
Année après année, Free ne peut que se féliciter d'être entré en 2012 dans la téléphonie mobile. Sur l'exercice 2017, dont Iliad (la maison mère de Free) a publié les résultats ce mardi , le mobile représente 45 % des cinq milliards d'euros de recettes engrangés par le groupe.
Free continue, trimestre après trimestre, de recruter de nouveaux abonnés mobiles. Alors que l'hémorragie de clients se poursuit chez SFR , le groupe de Xavier Niel en a accueilli 1 million en 2017 - pour atteindre les 13,7 millions de clients mobiles. L'opérateur passe ainsi, en ajoutant ses clients fixes, la barre symbolique des 20 millions de clients.
Le groupe compte poursuivre cette dynamique, avec un objectif à moyen terme de 25 % de parts de marché (contre 19 % aujourd'hui), c'est-à-dire une position équivalente à celle qu'il détient aujourd'hui dans le fixe.
L'offre à 2 euros en retrait
« La décision de la Cour de Cassation sur la subvention des terminaux mobiles , en particulier, nous ouvre un nouveau marché », se félicite Maxime Lombardini, le directeur général du groupe. Free compte bien récupérer une partie des 17 millions d'abonnements qu'il estime concernés. « Cela représente 40 % du marché en valeur », ajoute Maxime Lombardini, « que nous ne pouvions pas adresser jusqu'à présent ».
Non contente d'être une source de revenus conséquente, l'activité de téléphonie mobile pousse la rentabilité de l'opérateur vers le haut. Près de 60 % de ses clients sont aujourd'hui sur des offres 4G. Pour la première fois de son histoire, Free compte davantage de clients sur son offre illimitée (100 Go pour les non-abonnés Freebox) que sur son offre à 2 euros. D'autre part, Free profite de la baisse de ses coûts d' itinérance , à mesure qu'il cesse d'utiliser le réseau d'Orange pour passer sur le sien.
Décrochage boursier
Ces bonnes nouvelles n'ont pas empêché les investisseurs de bouder la valeur. A la Bourse de Paris, le titre Iliad perdait près de 10 % en clôture.
Pour les analystes, plusieurs sujets d'inquiétude demeurent. Au premier chef l'investissement élevé (près de 1,5 milliard d'euros en 2017). Il ne devrait en effet pas ralentir vu les déploiements actuels de la fibre optique et le lancement attendu d'Iliad en Italie. Et deuxièmement, le ralentissement notable de la croissance dans le fixe, encore regardé comme le coeur du réacteur même s'il ne compte plus que pour la moitié des revenus.
VIDEO. Free : 6 années de croissance éclair dans le mobile
Concurrence acharnée sur l'ADSL
Car de ce côté, le tableau est beaucoup moins rose. Si le nombre d'abonnés fixe progresse très légèrement (à 6,5 millions de clients), le prix moyen mensuel continue de reculer (à 33,90 euros, contre 34,70 un an plus tôt). Comme ses pairs, Free paie la concurrence acharnée dans le secteur - qu'il contribue à alimenter avec des ventes privées régulières pendant lesquelles il brade ses forfaits à 1,99 euro par mois pendant douze mois.
La rentabilité de l'activité fixe est également à la peine. L'intégration du bouquet télé de Canal Panorama en 2017, qui ne s'est traduite que par une augmentation de deux euros pour les clients, a un coût pour le groupe. Et l'augmentation de 35 centimes des tarifs du dégroupage des lignes cuivre d'Orange (passés à 9,45 centimes par mois et par ligne) pèse sur les finances de Free, qui ne compte encore « que » 560.000 abonnés à la fibre.
Progrès de la fibre
C'est pourtant de ces offres FTTH (fibre jusqu'au domicile) que doit venir le salut, assure Iliad. L'opérateur se félicite de la bonne progression à la fois du nombre de prises raccordables (6,2 millions, en hausse de 40 % sur l'année, sur un total de 10,3 millions de prises raccordables en France) et du nombre de clients (250.000 supplémentaires sur l'année).
« Le churn (le taux de résiliation) est significativement moindre sur la fibre, en comparaison du cuivre. Cette transition est un facteur d'assainissement du marché dont nous comptons profiter dans les années à venir », explique le directeur général.
Nouvelle box
Pour l'instant, les développements de Free à l'international n'ont pas d'impact significatif sur les résultats. Le groupe a récemment investi, aux côtés de NJJ - le holding personnel de Xavier Niel - dans l'opérateur historique irlandais Eir . Et il doit se lancer, d'ici l'été, en Italie, où il vise l'équilibre opérationnel avec 10 % de parts de marché, « mais sans doute pas dès l'année du lancement », temporise Maxime Lombardini.
Deux autres éléments pourraient en revanche dynamiser Free dans le fixe en 2018. D'abord le lancement très attendu de sa prochaine box, plus de sept ans après sa dernière version. Enfin la volonté affichée du régulateur d'ouvrir le marché des entreprises, aujourd'hui trusté par Orange.
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