Grève à la SNCF. La ministre des transports fustige l'attitude des syndicats

A deux jours du début de la grève à la SNCF, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, dans une interview au Parisien, s'en prend aux syndicats et fustige leur "posture de blocage qui n'est pas justifiée", tandis que le PDG de la SNCF Guillaume Pepy a prévenu dimanche qu'il y aurait "des lignes fermées".

« Personne ne peut comprendre que les syndicats de cheminots engagent une grève longue et pénalisante alors que le gouvernement est dans le dialogue ». Dans une longue interview accordée à nos confrères du Parisien, la ministre des Transports Elisabeth Borne ne ménage pas ses mots à l'égard des syndicats qui ont décidé une série de jours de grève face au projet d'ouverture à la concurrence. « J'avais annoncé deux mois de concertation. J'ai  annoncé vendredi une ouverture progressive à la concurrence qui tient compte de certaines des demandes faites par les organisations syndicales. Il nous reste un mois pour discuter sur l'organisation de la SNCF », alors, dit-elle, « où est le problème? »

Les Français doivent s'attendre à un long tunnel de grève à la SNCF à partir de lundi 3 avril | Reuters

« Le gouvernement déterminé à mener cette réforme »

La ministre ne mache pas se mots, dénonçant les « amalgames de certains qui agitent des peurs infondées sur la privatisation de la SNCF ou la fermeture des petites lignes. Certains refusent aussi l'ouverture à la concurrence. Mais c'est une réalité (...). Elle répond à la volonté des Français de disposer d'un meilleur service ferroviaire. Le gouvernement est déterminé à mener cette réforme et à la mener dans la concertation ». Si, dit-elle, le principe de l'ouverture à la concurrence « n'est pas négociable », ses « modalités » le sont. Aussi appelle-t-elle les cheminosts à « la responsabilité » car « les Français n'ont pas envie de subir trois mois de galère que rien ne justifie »

« Des lignes fermées »

De son côté, le PDG de la SNCF Guillaume Pepy a prévenu dimanche qu'il y aurait « des lignes fermées » en l'absence d'aiguilleurs qui ne peuvent pas être remplacés pendant la grève, et répété qu'il y aurait « très peu de trains » entre le 2 et le 5 avril. 

« S'il manque des aiguilleurs, la loi ne nous permettant pas d'en réquisitionner, il y aura donc des lignes fermées. Sur les grandes lignes, les trains annoncés la veille à 17 heures seront garantis. Nous enverrons un mail ou un SMS à toutes les personnes qui ont une réservation pour confirmer ou infirmer la circulation de leur train la veille à partir de 17 heures », a expliqué le patron du groupe, dans une interview publiée dans le Journal Du Dimanche. 

Après avoir conseillé vendredi aux voyageurs de renoncer au train à partir de 19 h 00 lundi, M. Pepy a répété que « les Français doivent être lucides. Nous avons dit et répété qu'il y aurait très peu de trains du 2 avril au soir au 5 avril au matin. Il ne sera donc pas raisonnable de venir dans une gare si votre train n'est pas confirmé. C'est pour cela que l'on a fermé les réservations pour les jours de grève. Lorsque l'on y verra plus clair on pourra en rouvrir certaines », a-t-il affirmé. 

Par ailleurs, Guillaume Pepy a anticipé la difficulté de la succession des séquences de grève. « Trois jours après la reprise du trafic, une nouvelle séquence de grève démarrera. Cela va désorganiser complètement la production. Exemple : si l'entretien technique d'un train ne peut être fait à cause de la grève, il ne pourra plus rouler. Et nous finirons par manquer de matériel », craint-il. 

La CGT (1er syndicat du groupe), l'Unsa (2e) et la CFDT (4e) ont appelé les cheminots à faire grève de lundi à 19H00 jusqu'à 08H00 jeudi. C'est le premier des préavis de deux jours de grève sur cinq qu'ils pourraient déposer jusqu'à fin juin pour contrer la réforme de la SNCF voulue par le gouvernement. 

SUD Rail (3e syndicat) a déposé de son côté un préavis de grève illimitée, reconductible par 24 heures, qui débutera à 20H00 lundi. 

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