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Mario Draghi tacle Donald Trump sur le protectionnisme

La Banque centrale européenne (BCE) s'est dite « inquiète » jeudi sur l'état des relations internationales après la menace de guerre commerciale brandie par les Etats-Unis. « Si vous imposez des barrières douanières à ceux qui sont vos alliés, on se demande qui sont vos ennemis », s'est interrogé son président Mario Draghi après avoir jugé que « les décisions unilatérales sont dangereuses ». 

Quelques minutes plus tard,  Donald Trump signalait un assouplissement après avoir annoncé la semaine dernière des droits de 25% sur les importations d''acier et de 10% sur celles d'aluminium. Dans un tweet, le président américain a dit vouloir faire preuve « d'une grande flexibilité et de coopération avec ceux qui sont des vrais amis et nous traitent de manière équitable à la fois dans le commerce et la défense ».

S'il est trop tôt pour mesurer l'impact des futures taxes, qui dépendra aussi des ripostes de l'Europe ou la Chine, la BCE redoute un effet sérieux. Toutes les mesures commerciales du passé ont eu un impact sur les taux de change et sur la confiance, a déclaré Mario Draghi. « S'il y a un impact négatif sur la confiance, ce sera négatif aussi bien sur l'inflation que sur la croissance », a-t-il prévenu.

Impact difficile à mesurer

La réponse musclée de Mario Draghi souligne l'inquiétude de la BCE, qui a évoqué « le protectionnisme croissant » dans son communiqué parmi les facteurs globaux pesant sur la croissance dans la zone euro. Signe du fossé qui se creuse entre l'Europe et les Etats-Unis, l'institution a également évoqué les « développements sur les marchés de change et financiers ». 

Mario Draghi s'impose de plus en plus face aux Etats-Unis. En janvier, il avait critiqué sans le nommer le ministre des Finances américain Steven Mnuchin, qui s'était réjoui de la faiblesse du dollar. Jeudi, il a également dénoncé la  dérèglementation financière comme un « risque majeur pour les prochaines années » alors que Washington desserre précisément la vis sur les banques. 

Malgré ces dangers, qui renforcent les incertitudes, le Conseil des gouverneurs de la BCE a décidé jeudi « unanimement » d'abandonner une phrase de son communiqué laissant la porte ouverte à des hausses d'achats d'actifs en cas de dégradation de l'environnement. La décision a été interprétée comme une victoire des « faucons » qui plaident pour une sortie rapide de la politique monétaire non conventionnelle. 

Nuance de langage

Mario Draghi a d'ailleurs semblé minimiser cette nuance de langage, martelant que son institution était réactive et prête à prolonger son programme d'achats d'actifs de  30 milliards d'euros par mois jusqu'à fin septembre, « ou au-delà, si nécessaire ». Par ailleurs, la BCE veut toujours maintenir ses taux d'intérêt historiquement bas « bien au-delà » de la fin de ce programme.

Alors que ses équipes ont à peine rehaussé leurs prévisions de croissance pour la zone euro, à 2,4% pour 2018, l'institution se sent confortée dans son scénario de reprise. Mais elle reste prudente sur l'inflation, qui reste prévue à 1,7% en 2020 et donc pas encore proche mais inférieure à 2% comme le prévoit son objectif. « La victoire ne peut pas encore être déclarée », a jugé Mario Draghi. 

Le banquier central italien a refusé de commenter l'issue des élections dans son pays, qui ont vu dimanche la percée des partis populistes et eurosceptiques. « Je peux juste dire que l'euro est irréversible », a-t-il déclaré. Interrogé sur les compétences requises pour son poste, alors que les rumeurs bruissent sur son successeur potentiel, il a rappelé être là « encore pour quelque temps ». Son mandat arrive à échéance fin 2019.

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