
Les quatre syndicats représentatifs de l’entreprise publique ont appelé, jeudi, à un arrêt de travail reconductible, à partir du 3 avril.
De l’innovation jusque dans les techniques d’arrêt de travail. Les quatre organisations syndicales représentatives de la SNCF (CGT, CFDT, Unsa, SUD) ont appelé jeudi soir à une grève reconductible à partir du 3 avril, date à laquelle devrait commencer l’examen parlementaire de la loi d’habilitation permettant au gouvernement de réformer la SNCF par ordonnances. La méthode est néanmoins inédite puisque les cheminots cesseront le travail durant deux jours puis retourneront à leur ouvrage les trois jours suivants, avant de reprendre leur mouvement. Cette grève «deux sur cinq» présente un double avantage, vu du côté des syndicats. Elle permet de laisser la porte ouverte aux négociations et aussi de… désorganiser le trafic de la SNCF puisque les arrêts de travail ne tomberont jamais les mêmes jours de la semaine. Un vrai casse-tête pour la direction de la SNCF chargée de planifier la circulation des trains.
Expresse. Cette décision montre que les premiers actes posés par le gouvernement pour transformer l’opérateur ferroviaire ne rencontrent guère d’écho auprès des agents. Le matin même se tenait au ministère des Transports la présentation du futur projet d’entreprise de la SNCF. Une demande expresse du Premier ministre, Edouard Philippe, le 26 février afin de démontrer que la réforme est déjà sur les rails.
L’état-major de la SNCF au grand complet avait donc rendez-vous avec Elisabeth Borne afin de lui soumettre sa copie. Si le choix de la couleur des vêtements est un révélateur de l’état d’esprit de chacun, alors les humeurs étaient clairement affichées lors de cette rencontre. Sur l’estrade, la ministre des Transports était vêtue d’une veste saumon vif, alors que le PDG de la SNCF arborait un costume sombre et une cravate grise tirant vers le noir. Il est aisé de comprendre que le boss de l’entreprise publique, Guillaume Pepy, est dans une situation plutôt inconfortable, qui le place entre le marteau et l’enclume. D’un côté, le gouvernement entend avancer à marche forcée sur la réforme de la SNCF et régler l’affaire avant le début du mois de juillet. De l’autre, l’entreprise est en train de se souder contre le projet gouvernemental. Difficile, dans ces conditions, d’être à la fois l’interlocuteur numéro 1 du gouvernement et le dirigeant rassembleur d’une entreprise de 150 000 salariés.
Guillaume Pepy a donc dû se livrer à un exercice délicat consistant à défendre un pacte qui va «renforcer la productivité industrielle» et «décentraliser le dialogue social», le tout, quelques heures avant que les syndicats n’appellent à la grève. Pour autant, la SNCF a mis en avant sept piliers qui vont porter la transformation de l’entreprise. Elle devra donc travailler à «moderniser son réseau», «présenter des offres compétitives», «former et accompagner ses salariés» et «simplifier son organisation». A cet égard, le changement de statut juridique est acquis. La SNCF va devenir une société anonyme à capitaux publics «incessibles», a tenu à préciser Élisabeth Borne, histoire de tuer dans l’œuf toute critique sur la porte ouverte à une privatisation. Ce bain de jouvence et cette réorganisation sont, selon le gouvernement, rendus indispensables par l’ouverture à la concurrence et l’arrivée de nouveaux opérateurs qui vont mordre les mollets de la SNCF, jusqu’ici en situation de monopole.
Millimétré.«La SNCF doit être cette entreprise publique dont les Français sont fiers», a martelé la ministre, ce qui laisse penser qu’aujourd’hui, c’est loin d’être le cas. Interrogée sur la perspective de la grève, Borne s’est contentée d’une réponse dont chaque mot était millimétré : «Les ponts ne sont pas rompus. On se voit, on discute.» A partir du 3 avril, les 4 millions d’utilisateurs quotidiens de la SNCF jugeront sur pièce de la qualité de cette discussion.
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