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Toys'R'Us près de disparaître aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, 35 000 salariés menacés

Le magasin de la chaîne Toys’R’Us sur Times Square à New York, le 9 mars.

C’est la fin d’une des icônes de la consommation</a> des années du baby-boom. L’enseigne américaine de jouets Toys’R’Us a annoncé, mercredi 14 mars, qu’elle allait très probablement devoir</a> fermer</a> tous ses magasins aux Etats-Unis et au Royaume-Uni</a>, soit sept cents dans le premier pays et cent dans le second. Près de 35 000 emplois sont en jeu. Le PDG, David Brandon, en a informé ses salariés au siège de l’entreprise, à Wayne, dans le New Jersey. Il s’agit d’un des plus grands naufrages dans le commerce de détail américain, depuis celui de The Sports Authority, qui employait 14 500 salariés et a fermé, en 2016, ses 460 magasins de sport</a>.

La multinationale du jouet, qui possède quelque 800 magasins hors des Etats-Unis, devrait liquider</a> ses activités en Espagne</a>, en Pologne</a> et en Autriche</a>, et vendre</a> ses magasins en Australie</a>, en Asie et en Europe</a> centrale. En France</a>, où l’enseigne dispose de 53 boutiques (dont 5 petits formats) et emploie 1 300 salariés, Toys’R’Us étudie « les mesures à mettre</a> en place dans le but de préserver</a> la continuité de l’activité », explique au Monde Jean Charreteur, directeur général de la filiale française.Selon la presse américaine, l’entreprise tente de trouver</a> un acheteur pour sauver</a> les 82 magasins du Canada</a>, et former</a> une entité qui reprendrait les 200 boutiques américaines les plus rentables et conserverait la marque vivante. Rien n’est conclu pour l’instant.

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Toys’R’Us a souffert d’un double problème : la concurrence implacable d’Internet et un actionnaire qui l’a alourdi de dettes. Le changement des habitudes de consommation est le plus évident. Les jouets sont de plus en plus remplacés par les jeux vidéo</a> ou les dépenses dans les nouveaux médias</a> (téléphones portables, tablettes…). Concrètement, les enfants jouent moins aux petites voitures</a> et davantage sur leurs écrans.

Le marché du jouet est particulièrement en concurrence avec Internet : les produits, dominés par quelques grandes marques et fabriqués massivement en Chine</a>, sont exactement les mêmes, que ce soit sur Amazon ou dans les magasins Toys’R’Us. Le consommateur a donc peu de raisons de se déplacer</a>. Aux Etats-Unis, le secteur a aussi été victime d’une violente guerre des prix, entre Amazon</a> et Walmart notamment, les jouets vendus à prix coûtant, voire à perte, servant de produits d’appel.

Résultat, le chiffre d’affaires de Toys’R’Us aux Etats-Unis, à magasins comparables, est en baisse. Au Royaume-Uni aussi, les ventes reculent. Dans les deux pays, le groupe a enregistré des pertes opérationnelles.

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Descente infernale

Cette situation n’était pas inévitable. D’autres enseignes ont su réagir</a> à la concurrence du Web. Un groupe aussi gros que Toys’R’Us aurait pu évoluer</a> avec son temps. Mais la présentation est restée un peu désuète et le site Internet n’a pas su attirer</a> suffisamment. L’une des raisons de cet échec commercial ? La direction était avant tout spécialisée en… ingénierie financière. En 2005, les groupes de capital-risque KKR et Bain Capital se sont emparés de Toys’R’Us en s’endettant de 7,5 milliards de dollars (6 milliards d’euros), et en faisant porter</a> le remboursement des intérêts à l’enseigne. Cette traditionnelle technique de private equity peut fonctionner</a>, tant que les résultats suivent. Mais, en cas de difficultés opérationnelles, honorer</a> les engagements auprès des créditeurs devient de plus en plus difficile. Investir</a> dans l’entreprise relève alors de la mission impossible.

En 2016, aux Etats-Unis, le groupe a dégagé un bénéfice opérationnel de 460 millions de dollars. La même année, les intérêts de sa dette étaient presque exactement les mêmes (457 millions de dollars).

Depuis quelques années, un cercle vicieux s’est mis en place : moins de dépenses pour améliorer</a> l’enseigne ou pour investir</a> sur Internet ont provoqué la chute des ventes, réduisant d’autant les profits. Les fournisseurs de jouets, agacés des invendus, commençaient à se méfier</a> de Toys’R’Us et envoyaient moins de stocks, accentuant la descente infernale.

« Les six derniers mois ont été un enfer »

En septembre 2017, la crise a éclaté au grand jour. Aux Etats-Unis, le groupe, qui croulait sous une dette de 5 milliards de dollars, s’est mis en faillite, sous la protection du chapitre 11. Cette procédure a accéléré l’effondrement de la société, lors des ventes de fin d’année. Son résultat avant impôt et frais financiers, qui est habituellement de 600 millions de dollars, a été divisé par deux en 2017. « Les six derniers mois ont été un enfer », a déclaré David Brandon, selon le Wall Street Journal. En janvier, le dirigeant avait d’abord proposé à ses créanciers de fermer 20 % de ses magasins, puis la moitié, avant de se résoudre</a> à une fermeture complète. Au Royaume-Uni, la période des fêtes, catastrophique, a eu le même effet.

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Les racines du groupe avaient été plantées en 1948, quand Charles Lazarus, un ancien combattant de la seconde guerre mondiale, avait ouvert un magasin de meubles pour bébés. Une décennie plus tard, il créait Toys’R’Us, au moment où la télévision décollait, imposant, grâce à la publicité, quelques jouets dominants, dont les poupées Barbie. Rapidement, l’enseigne est devenue incontournable, avec son logo multicolore et son « R » inversé. A partir</a> des années 1980, elle s’est développée à l’international</a>, d’abord au Canada et à Singapour</a>, puis un peu partout dans le monde</a>. Selon une enquête</a> d’Ibisworld, Toys’R’Us contrôlait, en 2016, 13,6 % du marché du jouet américain, contre 29,4 % pour Walmart et 16,3 % pour Amazon. La chaîne avait une gamme extrêmement large et permettait à de nombreuses PME du secteur de vendre leur production. Sa disparition est un séisme pour l’industrie</a> du jouet.

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