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Conflit Coca-Cola/Leclerc : Michel-Edouard Leclerc sort du silence

Miche- Edouard Leclerc, dans son bureau au siège de Leclerc, à Ivry sur Seine.
Miche- Edouard Leclerc, dans son bureau au siège de Leclerc, à Ivry sur Seine.©Sylvie Humbert

"Coca-Cola est arrivé avec des hausses inacceptables, que l’enseigne n’a jamais acceptées. Coca-Cola a décidé de ne plus nous livrer", explique sous couvert d’anonymat le directeur d’un centre Leclerc. Selon nos informations, c’est toute la gamme de ce numéro un des soft-drinks – Coca-Cola, Fanta, Finley et même des nouveautés comme Fuze Tea…. – qui est ou sera bientôt absente des rayons. D’où cette affichette pour expliquer le vide en linéaires : "Chers clients, en raison d’un désaccord avec le fournisseur Coca-Cola qui souhaite augmenter significativement le prix de ses produits en 2018, l’enseigne E. Leclerc n’a pu trouver d’accord avec ce fournisseur et présente ses excuses pour les ruptures constatées sur ces produits".

Dur pour le chiffre d'affaires

Cela ne fait pas l’affaire des magasins. "Se passer de Coca, c’est dur pour notre chiffre d’affaires", poursuit notre directeur de magasin. Certes, il y a bien quelques importations mais les consommateurs râlent de voir des étiquettes écrites en polonais ou en espagnol. Si "tous les ans, en matière de déréférencement, il faut un « exemple », Lactalis ou La Martiniquaise en ont déjà fait les frais, poursuit notre directeur de magasin, cette année, cela semble plus grave que les autres années car l'affaire est portée en justice".

LSA a contacté Coca-Cola European Partners qui s’est cantonné à une seule déclaration : "Nous n’avons pas trouvé d’accord avec Leclerc". De son côté, Michel-Edouard Leclerc explique sur son blog que "Ca fait belle lurette que je ne suis plus opérationnel dans la négo, même si je suis tout cela avec passion. J'aime les produits Coca… alors qu'on ne compte pas sur moi pour les dénigrer (même au nom du food bashing !). En revanche, l'attitude de Coca Cola telle qu'elle m'est relatée par les acheteurs d'E. Leclerc me laisse perplexe ». Affaire à suivre.

Voici ce qu'a écrit Michel-Edouard Leclerc sur son blog :

Ca fait belle lurette que je ne suis plus opérationnel dans la négo, même si je suis tout cela avec passion. J'aime les produits Coca... Alors qu'on ne compte pas sur moi pour les dénigrer (même au nom du food bashing !).

En revanche, l'attitude de Coca-Cola telle qu'elle m'est relatée par les acheteurs d'E.Leclerc me laisse perplexe. 

Le service com' de Coca a dû faire le job. En alertant la presse sur son différend commercial avec l'enseigne E.Leclerc, la multinationale d'Atlanta tente un coup de pression sur nos magasins. Trump n'aurait pas fait mieux. ?

Comme il s'écrit et se dit beaucoup de choses pas toujours vraies depuis quelques heures sur ce sujet, j'ai demandé les éléments pour vous faire cette mise au point.

En préambule, voilà comment ça se passe en France : chaque année, la loi impose aux industriels et distributeurs de renégocier leurs tarifs. Durant cette période, chacun joue son rôle : l'industriel tente d'obtenir la hausse la plus forte possible et le distributeur essaie de faire en sorte qu'elle soit la plus limitée possible. A la fin de la période, on tope dans la main... ou pas (c'est rare). 

A l'origine du différend : une double hausse de prix !

Dans "l'affaire" Coca-Cola, nos acheteurs avaient semble-t-il quelques arguments valables pour refuser les hausses importantes demandées par la multinationale. Ils estimaient que les demandes de Coca ne reposaient ni sur la hausse du cours du plastique qui sert à faire les bouteilles (70% des ventes de Coca-Cola dans l'enseigne), ni sur la hausse des cours du sucre (au contraire ils ont même baissé de 30% en un an !).

Entre temps, on apprenait que Coca réduira la taille de ses bouteilles à partir de cet été. La bouteille de 1,5L passera ainsi à 1,25L, la bouteille de 2L à 1,75L... Le tout, sans baisse de prix ! Le magazine Capital l'a détaillé dans son dernier numéro.

Réduire la quantité sans réduire le prix, vous l'avez compris, cela équivaut donc à une seconde hausse de prix. Pour E.Leclerc, il n'était pas question de regarder les trains (de hausse) passer, d'autant qu'elles impacteront fortement le consommateur.

Non, Leclerc ne boycotte pas Coca…c'est l'inverse !

Je lis qu'E.Leclerc refuserait de commander du Coca. Mais c'est tout l'inverse ! Les 16 coopératives régionales ont bien passé commande, mais Coca refuse de les livrer.

Les fameuses "puissantes centrales d'achat"…

On voit ce qu'il en est ici quand il s'agit de la relation entre un distributeur et une multinationale (85% des ventes en magasin…). Même si ça fâche les adeptes de la ritournelle sur la puissance des centrales d'achat, je rappellerai dans le cas présent que :

  • E.Leclerc pèse 0,7% du CA monde de Coca-Cola… qui est le puissant dans l'affaire ?
  • Coca-Cola représente 91% des ventes de cola chez E.Leclerc…qui est dépendant de qui ?
  • Le résultat net de Coca l'an dernier a été de 16% contre moins de 2% chez E.Leclerc… qui se sucre ?

Oui, il y a quand même du Coca Cola dans les magasins

 

En effet, s'il y a un désaccord commercial avec Coca-Cola, cela n'empêche nullement certains magasins de continuer à en vendre quand ils trouvent à en acheter auprès d'importateurs européens. Mais la pression serait paraît-il très forte pour essayer de dissuader ces importateurs...

Au passage et pour rasséréner les adeptes du complotisme de l'évasion fiscale : il n'y a absolument aucun avantage pour E.Leclerc à agir de la sorte. C'est donc un non-sujet.

Non, Eurelec n'a rien à voir dans cette histoire

Eurelec, la société franco-allemande créée avec notre partenaire Rewe n'a absolument rien à voir dans cette histoire, et Coca-Cola ne figure pas dans les fournisseurs concernés par cette entreprise. Là aussi, les rumeurs ne sont pas des vérités...

La justice arbitrera

En refusant de livrer E.Leclerc du jour au lendemain, Coca semble vouloir piétiner le contrat qui le lie à l'enseigne et ne pas respecter la période de préavis pour rupture des relations commerciales. 

E.Leclerc a donc saisi le tribunal de commerce pour demander au juge de dire le droit. 

Coca servirait-il de lièvre aux multinationales ?

 

C'est peu de dire que la marque Coca-Cola est un incontournable pour tout distributeur. Je me demande jusqu'où tous les industriels multinationaux de l'Illec ne sont pas en train de faire du "test Coca", un préambule à une hausse généralisée. 

Qu'ils arrêtent de se cacher derrière les petits. Ce qui est en jeu n'a plus rien à voir avec la rémunération des agriculteurs. Clairement on vient taper dans la poche des consommateurs français. 

Dès cet automne, la loi issue des Etats généraux de l'alimentation prépare déjà pour le consommateur de belles hausses de prix (relèvement du seuil de revente à perte de 10 points et limitation des promos), on ne va pas en rajouter avec des hausses que les industriels ne peuvent justifier ni par l'évolution du cours des matières premières, ni par un surprix payé aux agriculteurs français !

 

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