VIDÉO - Anne-Marie Couderc a pris ce mardi la présidence non-exécutive par intérim du transporteur aérien après le départ de Jean-Marc Janaillac.
C'était, ce mardi, la deuxième et déjà la dernière assemblée générale ordinaire d'Air France KLM pour Jean-Marc Janaillac. À l'issue de la réunion, il a quitté la compagnie qu'il aura pilotée moins de deux ans, dix jours à peine après avoir démissionné de son poste de PDG. Le 4 mai, il a tiré les conséquences de son pari perdu: à 55,44 %, les salariés d'Air France ont rejeté l'accord sur les rémunérations mis sur la table par la direction.
Quand, il y a quelques mois, Air France-KLM semblait avoir renoué avec la croissance et se projeter de nouveau dans une perspective de développement, voilà la compagnie de nouveau en panne. En panne de gouvernance d'abord. Ce mardi, une solution intérimaire a été officiellement annoncée. Le conseil d'administration nomme à la présidence non-exécutive l'une de ses membres, Anne-Marie Couderc, ex-dirigeante d'Hachette et de Presstalis et ancienne ministre déléguée du gouvernement Juppé. Ce choix a été arrêté lundi, au terme d'un long week-end de tractations. Anne-Marie Idrac, elle aussi administratrice du groupe, ancienne PDG de la SNCF et de la RATP et ancienne ministre, a décliné. Jean-Marc Janaillac a refusé d'assurer son propre intérim. «Cela aurait atténué l'électrochoc dont il espère qu'il pourra sortir quelque chose de positif pour le groupe», explique un proche du dossier.
Les mois qui viennent s'annoncent compliqués. Anne-Marie Couderc s'appuiera sur un trio de dirigeants opérationnels: le directeur financier Frédéric Gagey qui fera fonction de directeur général du groupe, le patron d'Air France, Franck Terner, et celui de KLM, Pieter Elbers. Pris au dépourvu, le comité des nominations d'Air France-KLM va se mettre, avec un cabinet de chasseur de têtes, en quête d'un successeur. Encore une fois. En 2016, le groupe avait eu du mal à convaincre des professionnels du secteur de tenter l'aventure. La chute de Jean-Marc Janaillac rend cette recherche encore plus difficile. Le conseil devra décider s'il brise à cette occasion certains tabous et envisage de nommer un dirigeant étranger et - pourquoi pas? - néerlandais. Le processus pourrait en tout cas prendre plusieurs mois.
Low-cost long-courrier
Janaillac parti, sa politique n'a pas été remise en cause par le conseil, qui a confirmé mardi que le directeur général d'Air France n'a pas de nouveau mandat pour prendre des décisions qui remettraient en cause la stratégie de croissance approuvée. Conclusion, dixit un proche du dossier, «la direction d'Air France n'a pas de mandat pour lancer une nouvelle négociation avec l'intersyndicale». Un autre expert traduit: «Cela s'appelle jouer la stratégie du pourrissement, et c'est risqué, surtout pendant l'été, c'est-à-dire la haute saison.»
Jean-Marc Janaillac comptait refondre l'organisation et le management. Son successeur aura à le faire et devra aussi mettre sa patte sur le plan stratégique qui était en cours de finalisation
Attendre un patron pour lancer la refondation sociale chez Air France serait une façon de mettre devant leurs responsabilités les organisations syndicales, et en particulier celle des pilotes, le SNPL, qui a soufflé sur les braises du conflit. Pour l'heure, l'intersyndicale n'a pas déposé de nouveau préavis. La tactique guide aussi la posture de l'État actionnaire: le gouvernement reste délibérément en retrait, renvoyant la recherche de solutions à la gouvernance de l'entreprise.
Ce temps suspendu intervient au plus mauvais moment. «Les compagnies aériennes ont atteint le pic du cycle favorable où le prix bas du carburant se conjugue à une forte demande, dit Yan Derocles, analyste chez Oddo. C'était l'année à ne pas rater.» Pour Air France, après une séquence de grèves, c'est manqué. En Bourse, l'action pique du nez, à 7,45 euros, contre 14 euros début 2018. Financièrement, le désendettement a été massif, mais Jean-Marc Janaillac a annoncé en janvier un gros appel d'offres pour renouveler les flottes de Hop!, Transavia, Air France et KLM.
Jean-Marc Janaillac comptait refondre l'organisation et le management. Son successeur aura à le faire et devra aussi mettre sa patte sur le plan stratégique qui était en cours de finalisation. Le premier défi de la compagnie est de consolider sa position sur le long-courrier, appuyée sur ses alliances, au moment où cette activité affronte à son tour le défi de la concurrence du low-cost. Développer ou acheter une low-cost long-courrier devient un questionnement urgent pour Air France KLM.
Deuxième enjeu: la restructuration de Hop!, l'activité court et moyen-courrier d'Air France au départ d'Orly, qui regroupe ses anciennes filiales régionales (Regional, Brit air et Airlinair). Troisième priorité: définir le plan de développement de Transavia. La croissance de la low-cost du groupe est bridée par la limitation à 40 appareils de la flotte de la filiale française. Le SNPL avait fixé cette limite. Transavia y est clairement aujourd'hui à l'étroit.
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