
Lors d'une rencontre avec quelques journalistes avant l'assemblée générale des actionnaires, ce mardi, Jean-Marc Janaillac est revenu sur les raisons qui l'ont conduit à organiser une consultation des salariés en mettant sa démission dans la balance. « Mon objectif était de provoquer un choc, explique-t-il. Ce n'est pas exactement celui auquel j'avais pensé. Je me suis engagé personnellement car la stratégie de croissance rentable d'Air France était la mienne. Mais si les salariés d'Air France refusaient d'attendre pour en récolter les fruits, cette stratégie n'était plus tenable. Par ailleurs, j'étais aussi président d'Air France. C'était donc à moi de tirer les conséquences ».
Une situation financière assainie
Si le PDG sortant d'Air France-KLM se dit « inquiet » de l'impact de la crise chez Air France, dans un contexte de concurrence de plus en plus agressive, Jean-Marc Janaillac estime néanmoins qu'il laisse le groupe Air France-KLM en meilleure forme qu'à son, arrivée en juin 2016. « L'entreprise est plus solide financièrement, assure-t-il. Nous avons considérablement réduit l'endettement. Nos alliances ont également été consolidées avec l'entrée de Delta et de China Eastern au capital. Et nous avons aussi bien avancé dans la préparation d'un nouveau plan stratégique pour les cinq prochaines années ».
Un plan stratégique à finaliser
Ce plan stratégique pour la période 2020-2025, qui devait être dévoilé en juin, devait notamment répondre aux défis posés par le développement du low cost long-courrier, avec le possible lancement d'une nouvelle filiale, ainsi qu'aux interrogations sur l'avenir du réseau court et moyen-courrier d'Air France non lié à la desserte de Roissy-CDG, confronté à la concurrence croissante des low costs et du TGV. Autant de décisions qu'il reviendra au futur PDG d'Air France-KLM de prendre.
Concernant le profil du candidat idéal, Jean-Marc Janaillac indique ne pas avoir été consulté, mais assure que les représentants de l'Etat, qui détient 14 % du capital mais 23 % des droits de vote, « sont ouverts à toutes les solutions ». « Rien n'interdit que ce soit un Néerlandais », affirme-t-il.
Le rôle de l'Etat français
Le futur PDG d'Air France-KLM sera également confronté aux mêmes priorités, souligne Jean-Marc Janaillac. A savoir, la nécessité d'améliorer la compétitivité d'Air France, de préserver une taille critique en Europe et de maintenir la cohésion du groupe. « L'Etat français aura un rôle à jouer pour permettre à Air France d'améliorer sa compétitivité, estime-t-il. Dans l'environnement fiscal et social français actuel, qui se traduit par un différentiel de charges et de taxes d'environ 500 millions d'euros par an avec Lufthansa, Air France ne peut lutter à armes égales avec la concurrence. Mais il n'est pas possible de demander à l'Etat des baisses de charges, qui sont quelque part un effort supplémentaire pour les contribuables, tout en accordant dans le même temps, de fortes hausses de salaires ».
Toutefois, au-delà d'un éventuel coup de pouce de l'Etat, le PDG sortant d'Air France-KLM reconnaît avoir « changé d'avis » sur la présence de l'Etat français au capital d'Air France-KLM. « J'ai pu constater que certains au sein d'Air France sont encore persuadés que c'est l'Etat qui décide, explique-t-il. Ce qui est totalement faux. J'en suis aussi venu à penser que le fait que l'Etat soit au capital renforce un sentiment d'invulnérabilité de la compagnie ».
Manque de confiance
Jean-Marc Janaillac croit également à la nécessité de « refonder en profondeur » le mode d'organisation et de management d'Air France. « Le problème, ce n'est pas les pilotes . Dans toutes les compagnies aériennes, les pilotes ont un rôle important à jouer. Mais la spécificité française, c'est l'absence de confiance de part et d'autre, estime-t-il. Chacun érige des règles pour se protéger. Et cet amoncellement de règles se fait au détriment des deux parties, en générant des surcoûts et en rendant très difficiles les adaptations aux besoins ».
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