Le groupe Bolloré, en charge de la délégation du service public Autolib', réclame 40 millions d'euros par an à la mairie de Paris et à 97 communes d'Ile-de-France.
C'est un nouvel échec qui pourrait coûter très cher à la mairie de Paris… Sept années après son lancement, Autolib' s'avère être un véritable fiasco financier. D'après le groupe Bolloré, à qui appartient la flotte de voitures grises, le déficit cumulé du service d'autopartage disponible à Paris et dans 97 communes d'Ile-de-France pourrait atteindre, à la fin de la concession -en 2023-, près de 293 millions d'euros, indique le quotidien Le Monde. Et ce montant pourrait s'inscrire dans le budget des différentes villes où Autolib' est implanté… Car, en effet, lors de l'élaboration du contrat entre la société de Vincent Bolloré et les collectivités, le groupe industriel avait conclu d'assurer les pertes du service mais uniquement à hauteur de 60 millions d'euros au total. Le reste revenant à la charge des communes en fonction du nombre de bornes Autolib' dont elles disposent.
En ce sens, et comme le révèle Le Monde dans son édition du jour, le groupe industriel a confirmé au Figaro avoir envoyé une «notification du défaut d'intérêt économique» au service juridique de la ville de Paris et au syndicat mixte Autolib' Vélib' Métropole (SAVM). Dans ce courrier, le groupe réclame 40 millions d'euros chaque année à l'ensemble des villes jusqu'à l'issue de la délégation de service public, «mais reste ouvert à la poursuite des discussions» avec le syndicat. Pour l'un des élus membre de la SAVM, cela n'a rien d'un hasard si la publication de cette lettre intervient maintenant. Selon lui, cette action du groupe Bolloré permet de mettre la pression sur la ville, alors qu'une réunion du syndicat doit avoir lieu ce jeudi après-midi.
Au sein du Conseil de Paris, ce dossier Autolib' a été saisi par la vice-présidente du groupe UDI-MoDem, Maud Gatel. Lors du Conseil des 2, 3 et 4 mai, la jeune élue avait pointé l'absence de transparence et souligné que la désaffection de ce service, depuis un an et demi, avait un coût certain. Souhaitant «un débat éclairé sur cette question qui concerne tous les Parisiens», elle avait regretté la non-diffusion d'un rapport d'audit réalisé à la demande du syndicat mixte «Autolib' Vélib' Métropole», et cela «en dépit des multiples demandes des élus».
«Un vrai problème démocratique»
Au Figaro, elle confirme aujourd'hui que «ce dossier Autolib' est a minima un nouveau coup dur pour Anne Hidalgo». Selon elle, l'exécutif de la capitale «ne peut pas s'abriter derrière le syndicat qui gère ces deux moyens de transport. Un Syndicat auquel appartiennent certes deux élus de la ville, mais tous deux de la majorité de la maire...». Ce qui «pose un vrai problème démocratique». Maud Gatel reconnaît volontiers qu'en raison des négociations en cours, «le syndicat ne peut pas communiquer sur tous les sujets». «Mais il va falloir à un moment, dit-elle, mettre en face le coût et le service. Dans six mois, lorsque nous serons officiellement avertis, où en sera le niveau de la dette? Sachant que Paris devra en éponger plus de la moitié...»
«Après les panneaux JCDecaux, la catastrophe Vélib', la dette abyssale d'Autolib... la gestion des dossiers structurants est inquiétante pour les finances de la Ville et le service rendu aux Parisiens», a de son côté réagit le député LR de Paris Pierre-Yves Bournazel.
Au sein de l'opposition de gauche, l'élue de La France Insoumise Danielle Simonnet ne cache pas sa colère. «Ce n'est pas à la Ville de gérer les pertes et à Vincent Bolloré d'encaisser les profits! Ça suffit.» Mais pour elle surtout, «après le fiasco de Vélib. c'est la fin du cycle Delanoë-Hidalgo». «L'un et l'autre ont voulu marquer leur projet de mandature à travers ces deux innovations, mais leur gestion par le privé s'avère être un gouffre ou une catastrophe en matière de gestion...» Selon elle «la prolifération de VTC dans la capitale, sans aucune régulation», est aussi en partie responsable de la chute du service Autolib.
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