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Pourquoi la chasse au patron d'Air France est si compliqué

On reprend tout de zéro ? "Quand on grille plusieurs ampoules, il faut savoir changer la lampe," disait récemment un ancien patron d'Air France-KLM. C'est peut-être ce que les membres du conseil d'administration du groupe aérien vont se résoudre à faire après avoir usé deux PDG en trois ans et s'être pris les pieds dans le tapis en voulant nommer trop vite un successeur à Jean-Marc Janaillac, parti le 15 mai. Même si le communiqué publié par la direction du groupe en début d'après-midi à l'issue d'un séminaire de deux jours à Amsterdam reste très évasif sur la question – "le processus de recrutement de la future gouvernance se poursuit, conformément à l'objectif initialement fixé par le Conseil d'être finalisé dans les meilleurs délais," les administrateurs semblent résolus à changer la gouvernance du groupe en séparant la fonction de PDG d'Air France-KLM et de PDG d'Air France. Du coup il faut recruter deux patrons et pas un seul comme les cabinets de chasse en avaient la mission. Pas une mince affaire.

L'émoi suscité par la révélation du candidat poussé par le comité de nomination du groupe, Philippe Capron, actuel directeur général adjoint de Veolia et par le "niet" lâché par le ministre de l'économie, Bruno Lemaire prouve à quel point le dossier est complexe. La présence historique de l'Etat dans le capital -même descendue à 14,3%-  compliquant les équations. Car la présence des pouvoirs publics restent très forte au conseil : en face des quatre représentants des salariés, la majorité des quatorze autres administrateurs viennent de la sphère publique, des énarques, ex-hauts fonctionnaires ou même d'anciens ministres.  "L'idée serait de chercher un profil plus opérationnel pour diriger la compagnie et un profil plus international, capable de discuter avec les partenaires Américains et Chinois, de gérer les choix stratégiques actuellement sur la table de création d'une compagnie low cost long courrier au niveau du groupe par exemple, explique un proche du dossier. Un profil également compatible avec les Néerlandais qui sont furieux d'avoir été écarté du processus de nomination et veulent un rééquilibrage des pouvoirs."

Un ancien de la Société Générale

Les tensions entre KLM et Air France ne sont pas nouvelles. Mais la pression se fait de plus en plus forte à Amsterdam pour que KLM pèse davantage dans l'alliance. Même si elle réalise un chiffre d'affaires plus faible, la compagnie néerlandaise gagne aujourd'hui quatre fois plus d'argent que celui de sa grande sœur tricolore !

La chasse est donc repartie avec la liste des candidats potentiels. Mais s'il y a pléthore de noms susceptibles de prendre les commandes d'Air France, -Lionel Guérin, ex PDG de Hop !, Nathalie Stubler, patronne de Transavia, Pascal de Izaguirre, président de TUI France, mais aussi Bruno Matheu, ancien directeur général d'Air France avant de partir chez Etihad de 2015 à 2017 et Marc Rochet, ex PDG d'Air Caraïbes- celui à trouver pour prendre la tête du groupe pourrait être plus difficile.

Des noms plus inattendus, en dehors du secteur des transports, sont également cités, comme Régis Schultz, président de Monoprix –il dément avoir été approché par le cabinet de chasse Aegon Zehlder- ou Bernado Sanchez Incera, ex-Carrefour et Société Générale, Pierre François Riolacci, l'ancien directeur financier d'Air France-KLM qui a rejoint en 2016 le groupe danois ISS Facility Services, spécialiste des services aux entreprises.

Accor n'a pas renoncé

Par ailleurs, "Sébastien Bazin, le PDG d’Accor n’a pas renoncé à son projet d’entrer au capital d’Air France-KLM," pointe une source proche des pouvoirs publics. La candidature autoproclamée début juin groupe hôtelier a suscité l’opposition de la direction d'Air France mais aussi de nombreux administrateurs pour qui les synergies éventuelles d'un rapprochement entre les deux groupes sont beaucoup plus évidentes pour Accor que pour Air France-KLM. Surtout, elle soulève de sérieuses interrogations sur la prédominance de l'actionnariat étranger dans le capital du groupe hôtelier qui pourrait faire perdre le côté européen d'Air France-KLM. L'actionnariat d'AccorHotels est dominé par des investisseurs extra-européens (chinois, qatariens et saoudiens). Celui d'Air France-KLM comprend, pour sa part, la compagnie aérienne américaine Delta Air Lines et la chinoise China Eastern. Or, la législation de l'Union impose qu'une compagnie ne puisse être détenue à plus de 50 %, directement ou indirectement par des capitaux extra-européens. Sébastien Bazin tente donc de convaincre des investisseurs français et européens de faire partie du tour de table pour résoudre le problème. L’Etat pourrait être tenté cette fois de faire d'une pierre deux coups en cédant sa participation de 14,3 % dans Air France-KLM et en changeant la gouvernance.

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