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Fiat-Chrysler : Sergio Marchionne contraint de lâcher le volant de l'empire Agnelli

Il lâche le volant avant les derniers virages. Sergio Marchionne n'est plus le patron de Fiat-Chrysler, le groupe italo-américain qu'il a construit de ses propres mains, un labeur entamé en 2004 .

L'homme à tout faire de la famille Agnelli, absent depuis quelques semaines pour des problèmes de santé, est confronté à des difficultés post-opératoires imprévues, qui l'empêchent de « reprendre son travail », précise un communiqué du groupe publié ce samedi en fin d'après-midi. Selon les médias italiens, celui qui était par ailleurs le boss des bolides Ferrari et du fabricant d'engins agricoles et de chantier CNH est toujours hospitalisé.

Une situation jugée suffisamment sérieuse pour bousculer le calendrier de succession envisagé ces derniers mois. Le passage de relais devait en effet avoir lieu au printemps prochain. « La succession, ce sera le sujet de 2019. En parler maintenant, c'est de la distraction », affirmait encore début juin l'emblématique dirigeant de 65 ans, lors de la présentation d'un nouveau plan stratégique du constructeur.

Un non-Italien pour pilote

C'est Mike Manley, qui était jusque-là le responsable des marques Jeep et RAM, les deux poumons financiers du constructeur, qui prend la succession du « beau Sergio ». Le manager britannique a donc été préféré à Andy Palmer, actuel directeur financier du groupe, ou Alfredo Altavilla, le patron de la zone Europe. Âgé de 54 ans, Mike Manley était entré chez Daimler-Chrysler au début des années 2000, puis avait pris la tête de Jeep en 2009, en pleine crise du secteur automobile.

Pour la première fois, les destinées de la « Fabbrica Italiana Automobili Torino », créée en 1899 dans la capitale du Piémont, ne seront donc plus présidées par un Italien. Cette révolution doit être entérinée par une assemblée générale extraordinaire des actionnaires, qui devrait être bientôt convoquée.

« Je suis profondément attristé par l'état de santé de Sergio. Cette situation était inimaginable jusqu'à il y a quelques heures, et elle nous laisse tous un goût de profonde injustice », écrit  John Elkann, l'homme fort du clan Agnelli. « Le plan de succession annoncée aujourd'hui garantit le maximum de continuité possible », ajoute celui qui devient président de Ferrari. Louis Camilleri, jusque-là PDG du cigarettier Philip Morris et petit ami de Naomi Campbell, étant quant à lui propulsé directeur général de la marque au cheval cabré.

Un plan en cinq ans

En quatorze ans de règne, Sergio Marchionne a profondément changé le visage du constructeur transalpin. Aux abois à son arrivée, en 2004, Fiat s'est relancé au point de pouvoir avaler l'américain Chrysler en deux temps, en 2009 et 2014. L'année suivante, Ferrari était introduit en Bourse à Wall Street, comme une marque de grand luxe.  Depuis fin juin, Fiat-Chrysler n'est plus endetté. Le premier dividende depuis quatre ans doit même être versé cette année aux actionnaires.

Mike Manley va désormais devoir appliquer  le plan en cinq ans de celui qui est devenu son prédécesseur. L'objectif est de porter la marge opérationnelle de 6,3 % à environ 10 %, avec une croissance annuelle moyenne du chiffre d'affaires de 7 %, en insistant toujours plus sur les SUV, le marché premium , Jeep et Ram. C'est d'ailleurs sans doute pour cela que le nouvel homme fort de Fiat-Chrysler, qui générait 70 % des produits du groupe à son ancien poste, a été choisi.

L'écueil de la course technologique

A vrai dire, c'est sans doute la partie la plus « facile » de ce qui attend Mike Manley. Car le constructeur italien souffre d un manque d'investissement chronique, revers de la médaille de son rétablissement financier. Fiat-Chrysler est en effet à la traîne de la course technologique enclenchée depuis quelques années dans le secteur. Qu'il s agisse de plateformes, de moteurs, d'électrification ou d'assistances à la conduite... En l'état, on ne voit pas d'ailleurs très bien comment Fiat pourrait satisfaire  aux objectifs CO2 qui lui ont été assignés par Bruxelles en 2020.

Charge au génie de Jeep, de trouver la solution quasi-miracle. Celle-ci passera sans doute par des partenariats, voire par une vente ou une fusion. Le groupe s'est déjà associé avec Google dans le véhicule automobile, et fait l'objet de rumeurs de fusions-acquisitions récurrentes depuis des années. Il faut dire que Sergio Marchionne avait tout fait pour. Il conviendra enfin de trouver un avenir à Fiat, le grand laissé pour compte des années Marchionne.

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