Le pure player centré sur la santé va être cédé pour une quinzaine de millions d'euros alors qu'il était valorisé dix fois plus lors de son rachat il y a dix ans. La plateforme de rendez-vous médicaux change de main également. De quoi renforcer TF1 face au groupe Le Figaro sur le marché de l'information pratique gratuite en ligne.
Lagardère poursuit sa cure d’amaigrissement. Sans surprise, il a annoncé jeudi qu’il allait se délester de son pôle e-santé constitué du portail généraliste Doctissimo ainsi que de la plateforme de prise de rendez-vous médicaux en ligne MonDocteur, revendue au leader français Doctolib. Après avoir acquis au prix fort il y a dix ans cet acteur de l’information médicale et bien-être, le groupe dirigé par Arnaud Lagadère a indiqué être rentré en négociation exclusive avec TF1 pour lui céder 100% de Doctissimo, ce pure player fondé en 2000 par les docteurs Claude Malhuret (ancien ministre et aujourd’hui sénateur) et Laurent Alexandre. A l’époque, Lagardère avait repris 53,4% du capital de Doctissimo dans une opération valorisant la start up à 138 millions d’euros. Mais en une décennie, sa valeur a dégringolé et été divisé par dix malgré une audience non négligeable de 12 millions de visiteurs uniques par mois selon Médiamétrie.
Selon un expert du marché cité par différentes sources, le site serait en effet revendu sur la base d’une valorisation de 15 millions d’euros. La finalisation de cet accord doit intervenir «avant le 30 septembre 2018».
La cible féminine
En mettant la main sur Doctissimo, TF1 s’impose plus que jamais comme un leader de l’information pratique et servicielle en ligne. Déjà propriétaire de Aufeminin qui détient également le site de cuisine Marmiton, racheté pour la coquette somme de 365 millions d’euros fin 2017, TF1 va pouvoir renforcer sa présence sur ce marché fréquenté surtout par un public féminin au fort potentiel publicitaire. Des contenus très complémentaires qui vont permettre au groupe audiovisuel de revendiquer une audience de 20 millions de visiteurs uniques sur le Web avec son pôle information.
Il reste que Doctissimo qui a peu évolué ces dernières années semble un peu à la traîne aujourd’hui. Le site qui évolue autour de la treizième place du classement des sites médias en France – toujours dominé par le portail Orange.fr – n’a pas su s’adapter aux évolutions de plus en plus technologiques du marché de la publicité digitale, dominé en France par le duopole Google et Facebook. De plus en plus d’annonceurs et d’agences média passent aujourd’hui par un mode d’achat des espaces dit «programmatique» en ayant recours à des plateformes d’enchères automatisées et à des modèles liés à la performance en matière de e-commerce. Mais Doctissimo, lui, a continué à commercialiser des formats de publicité classique. C’est parce que TF1 a acquis une expérience dans ces nouvelles formes de commercialisation de l’audience avec Aufeminin, que la chaîne a décidé de compléter sa panoplie en rachetant Doctissimo.
Prise de rendez-vous médicaux en ligne
Quant à MonDocteur, cédé à Doctolib, sa valorisation plus importante tournerait autour d’une petite cinquantaine de millions d’euros, malgré le fait que cette plateforme n’est toujours pas rentable. D’après différentes estimations, seuls 10% des médecins libéraux ont aujourd’hui recours à ces services externalisant la prise de rendez-vous. Facturés autour de 200 euros par mois par praticien, ils permettent de réaliser de substantielles économies en se passant de secrétariat et de mieux gérer les emplois du temps en diminuant le nombre de rendez-vous non honorés. Même l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a recours à ce type de services ainsi que les CHU de Rouen et de Nancy, tous clients de Doctolib aujourd’hui. Ensemble, Doctolib et MonDocteur cumulent une audience de 20 millions de visites par mois représentant 55000 clients mensuels et 1200 établissements de santé. Les 150 opérateurs de MonDocteur vont ainsi rejoindre les 450 salariés de Doctolib au sein d’un groupe qui s’est fixé pour objectif d’atteindre le millier de salariés à l’horizon 2020. Un marché en pleine croissance et qui ne cesse de s’enrichir de nouvelles fonctionnalités comme la mise en relation entre praticiens de santé.
TF1 versus le groupe Le Figaro
Lagardère poursuit ainsi sa stratégie de désengagement des médias (à l’exception de son «pôle d’influence» constitué d’Europe 1, du JDD et de Paris Match) pour se recentrer sur l’édition autour de la galaxie Hachette et de la distribution avec son réseau de points de vente Relay présents dans les aéroports et les gares. Quant à TF1, la chaîne se retrouve de plus en plus en concurrence avec le groupe Le Figaro dans l’information grand public en ligne. Alors que la Une est présente sur le Web autour des programmes TV (MyTF1) et de l’information pratique et féminine (Doctissimo, Aufeminin, Marmiton), l’éditeur de presse propriété du groupe Dassault peut lui compter sur l’audience drainée par ses sites thématiques comme celui dédié aux offres d’emploi et les différents titres de l’écurie CCM Benchmark racheté en 2015 pour un peu plus de 100 millions d’euros (JDN, Lintern@ute, le Journal des femmes, etc.). Une course à l’agrégation d’audiences pour s’imposer comme le leader du marché des sites de contenus gratuits financés par la publicité.
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