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Nucléaire: encore un an de retard pour l'EPR de Flamanville

Paris - Le réacteur nucléaire EPR de Flamanville aura un an de retard supplémentaire et coûtera encore plus cher que prévu à la suite de problèmes de soudures, ce qui se traduira par un sursis pour Fessenheim.

"Le chargement du combustible est désormais prévu au quatrième trimestre 2019", alors qu'il était jusqu'alors officiellement attendu fin 2018, indique EDF dans un communiqué publié mercredi. 

Le couplage au réseau électrique du réacteur est ensuite attendu au premier trimestre de 2020 pour une pleine puissance (1.650 MW) au deuxième trimestre. Le projet aura ainsi cumulé huit ans de retard. 

"L'objectif de coût de construction est porté de 10,5 à 10,9 milliards d'euros", ajoute l'électricien. C'est plus de trois fois le budget initial. 

A la suite des nouveaux retards de Flamanville, le gouvernement a aussitôt confirmé qu'il entendait repousser d'autant la fermeture programmée de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus vieille du pays. 

Cette fermeture "est liée au démarrage de l'EPR de Flamanville. Le retard d'un an du chargement du combustible de l'EPR de Flamanville (...) décale donc l'arrêt de la centrale de Fessenheim", selon le ministère de la Transition écologique. 

"Il revient à l'exploitant d'en détailler les échéances précises" et "ce délai d'un an sera mis à profit pour mettre en oeuvre le projet de territoire", indique le gouvernement. 

Le secrétaire d'Etat à la Transition écologique Sébastien Lecornu a aussi annoncé sur Twitter qu'il se rendrait à Fessenheim "au début de l'automne pour rencontrer les acteurs du territoire et présider la prochaine réunion du comité de pilotage". 

"Le gouvernement nous met en danger en refusant la fermeture de la centrale de Fessenheim" qu'il faut fermer "sans attendre", a réagi le parti Europe Écologie Les Verts.  

- Soudures à réparer - 

Concernant Flamanville, les retards annoncés mercredi font suite aux "écarts de qualité" annoncés par EDF en avril sur des soudures du réacteur en construction. Ces soudures se situent au niveau des tuyauteries du circuit secondaire principal, qui relient le générateur de vapeur et la turbine qui produit l'électricité. 

Le groupe indique avoir désormais contrôlé 148 des 150 soudures. Parmi elles, 33 "présentent des écarts de qualité et vont faire l'objet d'une réparation" tandis que 20 autres vont être refaites car elles ne respectent pas les exigences "de haute qualité" définies par EDF. 

Dix autres soudures nécessiteront une "justification spécifique" auprès de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). EDF estime ne pas avoir besoin de les refaire. 

L'ASN a demandé mercredi "qu'EDF mette notamment en place une organisation et une surveillance permettant d'éviter la répétition des écarts constatés". 

Les ONG Greenpeace et Réseau Sortir du nucléaire (RSN) avaient récemment porté plainte contre EDF et Framatome, estimant que les défauts de soudures constituaient un délit. 

Les réparations doivent durer jusqu'à l'été 2019. 

"La réalisation d'une soudure refaite entièrement nécessite environ huit semaines de travail", a expliqué Laurent Thieffry, directeur du projet Flamanville 3, lors d'une conférence téléphonique. 

"Au total ce sont plus de 200 personnes, que ce soit d'EDF, Framatome ou ses sous-traitants, dont une trentaine de soudeurs, qui seront mobilisés sur ces opérations", selon lui. 

Les nouveaux retards et surcoûts de Flamanville s'ajoutent à une longue liste de déboires pour ce chantier qui avait débuté en 2007. 

Des anomalies avaient aussi été découvertes sur la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve. L'ASN exige que le couvercle soit remplacé avant la fin 2024. 

Ce nouvel épisode dans la saga Flamanville intervient alors que la France réfléchit à son avenir énergétique dans le cadre de la prochaine programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).  

Le pays veut réduire sa dépendance à l'atome mais les modalités doivent encore être précisées. Le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot avait critiqué en juin une "dérive" de la filière nucléaire. 

A ce jour, un seul réacteur EPR fonctionne dans le monde: celui de Taishan en Chine, dont le chantier avait pourtant débuté après celui de Flamanville. 

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